D'une séance l'autre

petisaintleu

Après s'être honorée du prix de la séance, elle se dirigea vers le stand des friandises. Aucune raison d'ordre proustien ne suscita l'envie de jeter son dévolu sur une friandise en particulier. Elle choisit alors un cornet au goût vanille. Elle sourit en découvrant que la douceur était généreusement enrobée d'éclats de noisettes, son péché mignon.

Elle décalotta délicatement les premiers centimètres de l'emballage et lécha les coulures. Puis, elle attaqua la garde du délice glacé, les doigts fermement agrippés à la base. Quelle sensation de sentir la gourmandise, à peine sortie des entrailles du congélateur, encore ferme et dure. D'un gloussement de plaisir, elle la goba jusqu'au cornet. Quelle délectation et quel contraste de découvrir son croquant. Puis, les yeux révulsés, elle la ressortit pour l'engloutir de nouveau et engager un va-et-vient effréné. Enfin, quand la crème commença à perdre de sa splendeur, elle la finit par des coups de langue, dont la rotation éviterait d'en gaspiller la moindre goutte. C'eut été dommage de ne pas en profiter jusqu'au bout se dit-elle, les sens éveillés par la gâterie.

En rentrant chez elle, elle pouvait être certaine que l'invité d‘un soir apprécierait ses spécialités à leur juste valeur et serait gloutonnement sustenté. Mais l'ogresse pensait déjà à la prochaine séance, source d'un cruel dilemme ; pistache ou chocolat ? 

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