Écris-moi.

Que les anges aillent au diable,

De m'emmener sans toi,

Vers leur « beau » paradis,

Nous y étions déjà.

Et croire en l'évangile,

On s'était abstenu.

Moi je voyais la vierge,

Quand tu te dénudais.

À prendre de la hauteur,

On voit le monde tourner,

Et toi, pourtant, tu cesses,

De tourner avec lui.

Et je sens les vertiges,

Les nuages m'effleurent.

Ramène-moi, je t'en prie,

Il n'est pas encore l'heure.

Je t'ai pas dit adieu,

J'ai même pas dit je t'aime.

On était occupé,

À chanter nos poèmes,

Nos souvenirs à la fête,

Nos quelques cicatrices,

Les traces de notre comète,

Sans ligne directrice.

------ Écris moi…

Écris moi, ta tristesse,

Décris moi, tes espoirs,

Ton regard exécrable,

Quand tu croises le miroir,

Écris moi tes cents pas,

Quand les passants s'embrassent,

Quand ton visage amer,

Envisage la mort.

Écris moi, tes pensées,

Les cris de ton silence,

Quand tu sens que sans l'autre,

La vie perd de son sens.

Si tes yeux versent en pleurs,

Notre candeur d'antan.

Si ton mal est d'ampleur,

À arrêter le temps.

J'égorgerais la Mort,

Pour une échappatoire

Avec toi, vers le jour,

Sur le fil du rasoir.

On ira bien ailleurs,

Et tu seras heureuse,

De revivre une idylle,

À faucher la Faucheuse.

On aura l'horizon,

Et le vent dans le dos,

Au présent, au passé,

Ta robe à dégrafer.

Et de tous les pigeons,

Nous serons les colombes,

À voler sous l'orage,

Liberté, loin des cages.

Ou peut être est-ce la fièvre,

Qui me fait divaguer,

Ou peut être tes lèvres,

Qui me font dérailler,

Quand ton baiser d'adieu,

Et ton air attristé,

Me font enfin comprendre,

Qu'il me faut m'en aller.

------ Écris moi.

Écris moi, vers le ciel,

Quand on t'ancre vers le sol,

Écrasé sous la terre,

Quand tu rêves de l'envol.

Écris moi, tes blessures,

Et le poids de l'urgence

Quand l'existence murmure,

Qu'elle perd de son essence.

Écris moi, sans relâche.

Pour soulager ton âme.

Car la mienne se détache.

Et l'azur me réclame.