Emma B. La flamme d'intérieur

À Ry Sur Guimand on a bien connu Emma.

Toute petite déjà Emma Bauchain, née Bovary, était insaisissable. On disait d'elle que c'était une enfant lunaire. Un jour, elle inondait de bonheur, puis un autre, si taciturne qu'elle se cachait.

Le plus souvent, on ne la remarquait pas. Elle n'attirait personne.

En grandissant, elle a voulu que tout se concentre sur elle, l'amour, l'argent et les gens.

Elle a eu tout ça et voulait toujours plus. 

Si elle n'avait pas mis fin à ses jours, ce 10 novembre 2012, elle aurait tout détruit par le scandale qui pointait son nez.

Les détails de sa vie s'étalaient à travers ses frasques en laissant derrière elle des indices pour déculpabiliser son entourage.

Les dettes cumulées chez le prêteur sur gages M. Salammbo, rue J. Moulin, allaient la ruiner. Les forains de la rue attestent de ses visites.

Les aventures extra-conjugales avec un certain G. Flaubert dont le numéro de téléphone était griffonné sur un ticket de métro auraient sans doute conduit le couple au divorce.

Une note autobiographique désigne le 9 septembre comme jour de sa mort, premier jour de réalgar. Elle se tuait à petit feu.

Comme Socrate, elle a bu le poison de la main d'un ami innocent, son voisin. Comme Antigone, elle s'est brûlée les ailes en s'enflammant de désirs comme pour dissoudre ses angoisses.

Elle a enfanté sans être mère, joui sans aimer et possédé sans avoir.

Charles Bauchain le mari ne savait rien. Il lui reste sa fille M.

On est poussière. Elle sera cendre de son histoire.