Elle. Lui.

Petit bout de chair rose exquit entre ses lèvres, mordu un peu, égratigné du bout de mes dents. Ce que j'aime la déranger avec ma bouche.

Ce que j'aime ces baisers tout court. Ce que me ravie son odeur de jeune femme, parfum au coin de la nuque, elle est toute ravissante. Entourer autour de mes doigts ses cheveux lisses sentant bon le shampoing, c'est ça mon bonheur. L'entendre rire et parler, c'est aussi un peu ma drogue à moi. Elle me dit souvent des choses drôles, des petites inepties mignonnes qu'elle a en tête. Parfois, elle me dit qu'elle a peur.

Moi, je l'écoute surtout. Mais je lui dis que ça ira quand il y a besoin. Puis le temps passe. Baisers un peu plus froids, je connais par coeur chaque centimètre de sa peau. J'ai mémorisé sa voix, intériorisé son odeur.

J'ai de plus en plus de mal à l'écouter. J'ai l'impression que tout se répète, je sais bien qu'elle a besoin de moi mais... Je ne me sens pas être le bon.

Je ne veux pas la blesser, je voudrais bien l'aimer mais... Chaque jour, je me sens un peu plus loin d'elle. Et elle parle seule. Je n'écoute plus. J'ai les yeux rivés vers d'autres. Je trouve les élégants mollets des filles en robe captivants. Leurs battements de cils timides m'enivrent. La blancheur de leurs dents et la rougeur de leurs lèvres attisent mon désir. Je l'ai oublié.

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Ces heures à parler, ces heures de rien et de tout. Le temps qui s'arrêtait, avec lui je n'avais pas besoin de me soucier de ce que je disais. Je parlais surtout, il écoutait. J'ai dû un peu trop parler, car je regrette qu'il ne se soit pas plus confié. Il connait tout de moi pendant qu'il garde ses mystères.

Pourtant je le connais, je sais quand il m'écoute et quand il est silencieux par manque de choix. J'adore sa voix, quand il me parlait de lui. Ces moments-là, où c'était moi qui me taisait et où je l'écoutais... Ils étaient rares mais pourtant ça le rendait spécial et moi ça me rendait heureuse. Il m'en fallait peu. Mais ils sont devenus de plus en plus rares. J'ai bien vu qu'il ne m'écoutait plus vraiment et qu'il avait cessé de s'ouvrir à moi. Que progressivement une distance s'installait, se logeait. Pendant que mes peurs dévoraient mes questions. J'ai bien vu son regard sur d'autres et l'air désolé dans ses yeux.

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C'est devenu insupportable, de l'aimer. Elle était celle dont je connaissais tout mais plus celle que je désirais. Elle avait beau être amoureuse... Espérer... On peut plus continuer à nier...

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Je n'ai jamais réussie à le faire s'ouvrir à moi, en fin de compte. Mais je l'ai comprise à ma manière et je sais bien...

Les deux : que tout est fini.

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Il y en aura d'autres pour l'aimer et réussir là où j'ai échoué.

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Un autre restera bien là où je n'ai pas réussi à l'aimer jusqu'au bout.

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Des années plus tard, les deux se voient dans la rue.

La femme est enceinte, l'homme tient la main d'une petite fille. Le regard des deux se croisent. Une étincelle de désir soudain s'allume en eux, quelque chose de ranimé par le passé. Ils se trouvent tous les deux épanouis. L'étincelle se change brusquement en froide jalousie, en haine incontestable. Leur regard se lâche.

Une fraction de seconde, donc.

Et voilà de nouveau l'indifférence reprendre le dessus. Pendant que tous deux tout en continuant à marcher, sentent leurs yeux s'embrumer et que leur coeur les lance. 

Ils ont comme l'impression d'avoir raté quelque chose sans vraiment savoir pourquoi.