ELLE SE NOMMAIT…

suemai

Elle empourprait les rêves et rendait au sommeil son calme, son silence moelleux, sa Dulcinée.

Elle habitait dans des cieux comme dans le creux de bateaux ivres d'amour. Sa pupille se dilatait au moindre sourire. Tous les soleils l'habitaient, venant de si loin, comme des météorites survoltées, se glissant sur sa peau d'un velours exquis. Ses anémones rougissaient, se cambraient, nous jouaient ces airs, ceux d'un « Back »… oui, de « Back », préludes et fugues livrant bataille a une tristesse vagabonde et contagieuse. Tout au bout de ses doigts tels de minuscules baguettes d'affection, de petites lueurs allumaient la nuit – un phare pour nos cœurs brisée, nos âmes en péril, nos sentiments les plus forts, les plus faibles, les désarrois, la détresse, la tendresse, toutes ces petites choses invisibles et volatiles.

Nous nous y repaissions sans cesse. Elle nourrissait la terre de ses bontés, de ses impénétrables regards irradiant tout ce que ses yeux envoutaient. Sa voix chantait le monde, lui donnait un sens, un éclat aveuglant, le goût de laisser les années nous rendre aussi sage que le peuplier souffrant d'un amour gigantesque. Son pas nous enclavait. Le monde s'étalait à ses pieds, lui rendant grâce de tant de gratitudes. Ses corpuscules, d'un rouge vif, pleuvaient une terre d'extases inconnues. Les fleurs, les arbres les oiseaux la vénéraient la berçaient d'une câline et chatoyante romance.

Cette petite frange sur son front, ce petit sourire naissant, le bleu éternel de ses yeux de braise, son corps, dont les parfaites formes, nous dessinaient des ballets angéliques comme des offrandes à des mondes célestes, inconnus, invisible mais que nous savions vrais d'une simple impulsion de voix, de ces mignonnes petites jambes s'amusant à bousculer, délicatement, les blés caressant son passage.

Du haut de notre jeunesse, bravant les ébouriffantes pluies, les vents pleureurs, nos souvenirs trahissaient de vérité tous ces étés enchanteurs, ces instants de pur bonheur. Elle se nommait « Sébastiane », princesse des félicités.

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