Eloge de l'âge

Edwige Devillebichot

Voici venir juillet et ses soleils ardents

Le temps de la moisson sur la crête des larmes

Passée la honte si haute montagne

Comme un forçat, comme un paria

Au cayenne de ma rage

Dans la prison de ma colère

J'ai porté ma peau d'âne

J'ai mangé mon pain noir.

J'ai bien cherché à prendre le large

Mais je n'avançais pas...

J'ai entendu "prends ton barda, lève toi et marche !"

Tel qu'il était j'ai dû prendre l'héritage

J'ai bien ramé pendant l'voyage

Erré de mirages en mirages

Parfois j'étais pas belle à voir

J'ai tant pioché, j'ai tant sué sur ma rocaille

Ah comme j'ai pu les envier

Princes et princesses sur leur cheval ailé

Puis j'en ai vu un autre

Mais lui c'était un roi

Il est entré en ville, juché sur une ânesse

Et lui je l'ai aimé...

J'entends la cloche, j'ai les pieds lourds

Mais c'est le dernier tour

Bientôt juillet et ses soleils ardents

Du dur labeur surgit enfin la gerbe d'or

La couronne de pain blanc

Le vrai que nul ne peut ravir...

Un oasis, une croisière de luxe :

un égo en vacances !!!

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