Emotion

iota

Hebdomadaire le papillon (humoristique, optimiste et artistique, paraissant le samedi)

Mme Emma B, atteinte d’une affection chronique de l’esprit, compliquée d’un dérèglement du cœur, s’est délivrée de ces maux le 12 septembre dernier. La vie étriquée de notre province a fait une nouvelle victime. En tant que rédacteur en chef de votre journal favori je me dois donc de rendre hommage à cette abonnée remarquable.

Certains voudraient nous faire croire qu’il s’agissait d’une sorte de femme du boulanger. Ridicule ! La femme du boulanger, n’était infidèle qu’une fois ce qui était loin d’être le cas de notre concitoyenne. Emma incarnait tout simplement la merveilleuse perversité du 21ième siècle. Lequel d’entre nous, pouvait rester insensible à son regard tout en transparence, à ses rires contagieux ?

On peut d’ailleurs se demander si son époux, Charles, n’a jamais vraiment compris cette force, cette vitalité qui habitait Emma.

La dernière fois que je l’ai vue dans ce manège vertigineux, en compagnie de sa fille Manon, elle rayonnait. Hélas, il ne s’agissait là que d’une ultime musardise qu’elle a voulu partager avec son enfant. Nous espérons qu’elle lui aura laissé en leg son savoir faire exceptionnel. Emma est partie, brisant encore un des tabous les plus hypocrites de notre société. Emma était une émotion. La nostalgie, c’était elle. Aujourd’hui, la douleur est pour nous.

Bien sûr, si elle revenait nous lui défendrions de mourir encore une fois.

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