Entre-deux

Susanne Derève


Les étoiles naissent-elles  pour nourrir             

les rêves

 de  ceux qui se déploient

dans des  enclaves de bord de mer

gardées du vent et des regards

 

hors des dérives buissonnières,

hors le temps,

 nés d'un hasard chanceux 

d'une bonne fortune

 

un  entre-deux libre d'entraves

 

comme on saute à cloche pied

les chemins creux    les dunes

 qu'on est heureux sans le savoir

 

 

J'ai arpenté des terres nues

                                  autrefois

qui n'étaient ni des couleurs

ni des recoins du ciel

où les fleurs se déploient

 

 sillonné  la glaise des jours

et des friches privées d'amour

 

où le mot dérisoire effleurait

le contour

de souffrances trop lisses

 

qui craquent sous les doigts

comme céderait la glace

sous le corps  qui se noie

 

une retraite où l'on se terre

et les étoiles ne brillent pas si fort

qu'on puisse s'en extraire

 

La nuit venue est-il encore si sûr

qu'elles nourrissent  les rêves

 peut-être bien  qu'à trop briller

un beau  matin elles les achèvent 




Illustration: Milton Avery (Côte rocheuse)  

 

 

 

 

 

 

 


  • L'origine des temps
    se perd dans le lointain,
    et la nuit clignote
    de myriades d'étoiles,
    qui nourrissent les rêves.

    Tu as arpenté les terres nues,
    les chemins creux,
    en recueillant dans tes bras,
    comme tu le souhaitais,
    les moissons du ciel.

    As tu réussi à capter
    l'un d'entre ces astres
    lors de tes dérives buissonnières,
    qui t'emportent
    loin de la lourde glaise des jours ?

    La bonne étoile te suit alors,
    et la bonne fortune
    te précède dans le parcours des dunes
    même dans la nuit la plus noire
    juste quand tu t'endors...

    Tu confies tes espoirs
    en traçant un bout de route
    dans les figures de zodiaques,
    qui se reflètent ( on s'en doute )
    dans des flaques.

    Mais le lendemain
    fait pâlir les rêves,
    comme si des branches,
    se retirait la sève
    au petit matin...

    Crois-tu que c'est lui qui les a tués 
    et que les étoiles s'enterrent,
    de façon que la journée,
    ne puisse les toucher,
    ni personne les atteindre ?

    En fait ils ne vivent que la nuit,
    lorsque disparaît le soleil
    et il n'y a rien qui les remplace
    jusqu'à ce que le sommeil
    arrive pour les repeindre

    mais l'étoile que tu as choisie
    va te guider sur ton destin
    même si on ne la voit pas,
    tu répands des fleurs avec tes mains
    et la glace fond sous tes doigts.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • Je ferai confiance à ma bonne étoile ...

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Un très beau poème qui a failli passer inaperçu dans ce fatras d'inepties nommées wlw.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

    • merci beaucoup... je ne jette pas la pierre à WLW , il y a ici des lecteurs fidèles et attentifs !

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • Susanne Dereve a raison : méfions-nous des étoiles dont certaines brillent toujours bien qu'éteintes depuis très longtemps, nous jetant de la poudre aux yeux. Poussière d'étoiles...

    · Il y a presque 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • une belle image que la lumière de cette étoile morte , vous n'avez pas un poème là dessus ?

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

    • J'ai en tout cas une idée, plus je vieillis et plus je me sens comme elle...

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo 1 orig

      Alain Balussou

    • c'est un destin assez enviable que de continuer à briller après sa propre mort ....

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • nos chemins de vie croisent la souffrance, souvent.
    Repartir quand même, pour d'autres perles de ciel, imaginaires souvent.. Petit à petit, on devient alors les arpenteurs du ciel. Merci.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • les arpenteurs du ciel, je trouve ça très beau ... un commentaire qui vaut tous les poèmes , merci.

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • Des rêves qui se déploient...comme on saute à cloche-pied...sillonné la glaise des jours..et des friches privées d'amour...des souffrances trop lisses...
    Je lis et relis ton poème Susanne car il est vraiment très beau !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Nostalgie...souffrance.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • merci Louve ... écrire c'est peut-être l'apprivoiser

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

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