Et les couples, au matin, préfèrent rester au lit ...

briseis

Il y a de ces matins, où vous vous réveillez Avec la folle envie, et la ferme intention De ne pas vous lever ...

Les premiers rayons du soleil effleurent délicatement la peau nue d'Astrid. Allongée au milieu des draps défaits, la tête reposant sur le torse d'un homme, le genou replié sous son bras. Il caresse sa jambe du bout des doigts, dépose un baiser sur le front de la jeune femme, son autre main qui glisse sur son épaule, puis l'omoplate, retrace la courbe de son dos avant de se nicher au creux de ses reins. Tout cela avec la lenteur exquise des matins d'amour. Ils échangent un sourire endormi, et la jeune blonde referme les yeux. Elle ne se rendort pas pour autant. Lucca le sait, le sent, lorsque sa poitrine se gonfle d'air tout contre lui, elle est éveillée. Ses mains se baladent encore un peu sur le corps de la belle, redécouvrant les formes que la nuit dernière il adulait. Elle frémit, sursaute légèrement lorsque les paumes effleurent un endroit chatouilleux. Et puis ils se séparent doucement, leurs corps retrouvent leur indépendance, ils se frôlent mais ne se touchent plus. La couverture les sépare à présent, jusqu'à ce qu'ils se rejoignent à nouveau pour un énième baiser, doux et langoureux. Elle semble vouloir quitter le lit, mais le corse l'en empêche et la garde dans ses bras. Encore un peu, juste un peu. Et puis elle se soustrait à l'étreinte en riant, volant la chemise que la veille, le jeune homme portait, bien qu'il soit un peu moins jeune qu'elle. Elle s'habille légèrement, se dirige vers la salle de bain d'une démarche chaloupée, sensuelle, qui invite à la rejoindre en dansant. Le brun la regarde partir, un sourire malicieux au coin des lèvres, il hésite quelques secondes et se lève. Il observe un instant son reflet sur la vitre de la fenêtre, ses cheveux ébène ébouriffés, sa peau cuivrée encore luisante de sueur, ses pupilles noirs dévoilant largement l'espièglerie de leur propriétaire. Totalement nu, il pousse le rideau de douche et entre à son tour dans une baignoire blanche immaculée. La jeune femme sourit, les yeux clos, déjà trempée, parlant fort pour couvrir le bruit de l'eau.

« J'ai cru que tu ne viendrais jamais. »

Il rit et l'enlace, face à son dos, cherchant à tâtons la bouteille de savon. Ils se lavent, s'embrassent encore, se câlinent longtemps sous l'eau chaude qui ruisselle sur leurs corps. Ils ne sont pas pressés. Astrid sort la première pour se sécher, restant nue dans la chambre d'hôtel. Peu lui chaut que les voisins la voient, elle se balade ainsi, fait le lit, range vaguement ses vêtements éparpillés, son sac à main renversé sur le sol en se souvenant avec plaisir de leur entrée dans la pièce, à moitié ivres d'alcool, et, l'autre moitié ivres du bonheur éphémère, fragile mais bien réel, de deux amoureux en train de s'aimer. Ils ouvrent la porte en riant, laissent tomber leur dernière bouteille vide qui explose sur le sol en milliers de débris, et puis ils se tournent l'un vers l'autre, s'embrassent comme si c'était la fin du monde, comme si c'était la dernière fois. Ils se déshabillent l'un l'autre, balançant chaque couche de tissu un peu plus loin, jonchant la pièce d'habits à moitié déchirés par leurs mains fiévreuses. « C'est ça le désir, pense-t-elle. Vouloir quelqu'un à tout prix, là, maintenant, peu importe si c'est bien ou mal. Ne pas pouvoir vivre sans ces instants passés à ne voir que l'autre, à ne penser qu'à lui. Ou alors, c'est peut-être l'amour ? ». Elle se tourne vers Lucca qui, une serviette autour de la taille, la regarde comme s'il avait lu dans ses songes. Elle est assise sur la moquette brune, ses cheveux mouillés laissant de petites gouttes se transformer en petites flaques sous ses fesses. Il la rejoint, le plus naturellement du monde, l'allonge et la surplombe à nouveau, sans l'écraser. Il caresse son visage et sa nuque, murmurant au creux de son oreille quelques mots doux. La blonde va chercher ses mains, si grandes par rapport aux siennes, caleuses et pourtant délicates, attentionnées. Elle entremêle leurs doigts, comme pour sceller les promesses qu'ils se sont dites dans l'intimité du lit. Il la relève et la soulève, la reposant sur le lit avant de s'éloigner.

« Attention, tu vas te blesser. » chantonne-t-il, laissant entendre son accent prononcé.

Il s'affaire alors à débarrasser le sol de tous les éclats de verres pouvant blesser sa dulcinée, jusqu'à ce que l'un d'entre eux lui entaille le pied. C'est à son tour de jouer les amoureuses attentionnées, Astrid se relève pour aller chercher de quoi le soigner. Elle s'amuse à jouer l'infirmière le temps de quelques minutes, et cela amuse aussi son patient.
La journée commence si bien qu'ils ne veulent pas la gâcher en perçant leur si jolie bulle de tendresse, alors ils retournent sous les draps pour se faire des mamours. Ils y passent de longues heures, des moments d'intense bonheur et de parfaite harmonie. Ils ne se disent pas qu'ils s'aiment, ils se le montrent. Quoiqu'on entende, aux alentours de midi, un oreiller chanter de sa belle voix grave, à l'accent délicieusement corse :

« Ils ne savent plus aimer comme nous on aime, les autres ... »

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