L'athlète, porte Maillot

petisaintleu

Nous allons aujourd'hui mouiller le T-shirt pour plonger dans le monde sportif. La pratique d'une activité quotidienne, c'est prouvé scientifiquement, est le meilleur moyen pour rester en forme et je ne m'en prive pas.

Ainsi, je suis allé l'autre soir avec mon équipier au 12+12, un club réputé pour ses mêlées. J'avais été prévoyant pour ne pas partir en vrille durant un jeu décisif, ce qui aurait risqué de me mettre sur la touche, j'avais pris mon pot belge. Ainsi, dès les premiers cols, en lacets, je tirais un gros braquet sans pour autant craindre le coup de barre.

J'ai une qualité, je suis open et je partage la philosophie des sports collectifs. Suite à un passe décisive à mon ailier très adroit, celui-ci pris ses distances pour un échappée en solitaire avec la demoiselle dans les vestiaires. Je me refusais d'être l'arbitre de leurs transferts et je préférais rejoindre le peloton qui s'adonnait déjà à des poiriers, roulades et saltos. En approchant, je compris. Les accents me révélèrent que j'avais affaire à d'anciens champions soviétiques de la poutre et de la gymnastique rythmique. Il faudrait que je sois dans une forme olympique et que je sorte toute mon expérience de marathonien pour ne pas finir à bout de souffle.

On a beau s'adonner aux plaisirs, on sait rester galant. Je calmais donc un gros bourrin marseillais qui se lançait dans la foulée pour aller droit au but. Mordu par quelques partenaires qui n'appréciaient pas son manque de fair-play, il termina sur le banc, les oreilles en chou-fleur, se contentant d'être spectateur et de jouer avec ses cochonnets. Bons princes, nous lui offrîmes la cuillère de bois en sortant.

Nous repartîmes de plus belle dans nos acrobaties, aux équerres se succédèrent les grands écarts. Dès lors, il n'y eu plus aucun temps mort et personne ne fut laissé comme remplaçant à préparer des citrons. J'adore rendre service, surtout quand il est gagnant. Je distribuais à qui mieux mieux des volées, des smashs et des amortis. On me proposa un flip flap à quoi je répondis, masquant ainsi mon manque d'entraînement en la matière, que je m'étais toujours refusé aux pratiques non homologuées. Je suis licencié de la fédération française et je devais donc m'astreindre à respecter les règles.

Les Russes étaient des artistes du tapis. J'admirais des sauts carpés effectués à même le sol. De mon côté, je fis preuve de chauvinisme en pratiquant le coup-franc, une vieille spécialité gauloise. Une charmante slave se prit un carton rouge à l'arrière. Elle ne s'en offusqua pas car, après une feinte pour m'éviter, je la taclais sans prendre pour autant de pénalité. L'essai était donc tout aussi transformé que concluant.

J'avais un foutu punch ce soir-là et je décidais de faire un crochet par le Bunker, un club qui sentait bon le gazon coupé bien ras et situé à un jet de javelot. J'étais toujours chaleureusement accueilli au club-house car on savait que je ne manquais pas de practice. Je laissais mon caddie à l'entrée. Après avoir dansé sur Hôtel California des Eagles et qui servait d'hymne à la joie des membres, heureux se retrouver, j'étais de nouveau dans les starting-blocks. On me proposa de monter au filet pour un double-mixte. Je réussis avec brio quelque aces qui, excusez ma trivialité, trouèrent le cul de mes adversaires. Ils abandonnèrent à la fin du premier set mais acceptèrent très gentiment la main au panier que je leur proposais.

Heureux de ma renommée, j'acceptais avec plaisir d'effectuer un tour d'honneur et la photo-finish. Enfin, j'avoue que le dernier sprint avait quelque peu altéré mes capacités physiques au point même de craindre une mort subite.

À l'avenir je serai plus prudent à vouloir jouer à l'attaquant malgré mon infériorité numérique. J'ai quand même passé l'âge de monter à cru ou de vouloir jouer au boute-en-train sans avoir au préalable effectué quelques tours de chauffe.  On est jamais à l'abri d'éclater un pneu ou de couler une bielle.

Demain, j'ai piscine. Ça vous tente de m'accompagner ?

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