Et moi, l'étrange paumée.
chess
Les larmes coulent sur mes joues. J'ai mal. Je sens mon cœur se serrer et finir par fondre, brûlant, et souffrant. Ma peau est agitée par de multiples spasmes, je frissonne, mes poils blonds s'hérissent et je commence à renifler péniblement. J'ai mal, putain. Sur ce site, on dirait que je passe mon temps à souffrir, que je ne sais faire que ça, et que je n'écris que quand ça va mal. Mais non. Non putain.
Peut-être que mes nerfs lâchent, peut-être que le manque de chaleur humaine commence à me buter, peut-être que je suis juste perdue. Aha, perdue. Plus d'une fois ces dernières semaines, on m'a confié que j'avais l'air éperdue, égarée. Totalement ailleurs. Mes yeux noirs ne sont plus soulignés par un trait noir, mais par un creux grisâtre. Mes lèvres d'habitude rosées, sont pâles. Je me sens comme une morte-vivante, quelque chose d'inerte qui vit la routine de la vie. Et parfois, un seul mot me fait paniquer.
Funérailles. Cette chose tant détestée, que j'ai connu, que je connaîtrais. Son cercueil traversant l'église, ma mère en pleurs, mes sœurs à la peau pâle, presque translucide. La foule, malade de douleur. Et son portrait. Son visage angélique, ses cheveux noirs, ses yeux bleus, son sourire. Han putain, qu'elle était belle, son nez fin et droit, son regard loufoque et amoureux. Je me rappelle du froid qu'il faisait ce jour-là, je me rappelle des escaliers que j'ai gravi. Je me souviens que j'ai fini ma descente, inconsciente. La douleur m'avait prise d'assaut, et s'efforcer de me faire mourir. Voir le corbillard partir, monter dans la voiture et suivre ce cercueil, qui était autrefois la personne que j'ai chéri. Arriver là-bas, et rentrer dans une salle. Entendre la douce voix de Mylène, et pleurer, encore plus, encore plus fort. On est persuadé qu'en pleurant, la douleur s'efface, mais non. Voir son cercueil, sur lequel une rose dorée est gravée, traverser la salle. Le regard de ma mère, effondrée, désabusée par le sort. Un discours. Puis une musique. Et d'énormes portes s'ouvrent, sur un long couloir sombre. On apporte cette boîte mortuaire, et on accompagne sa marche d'un sourire rassurant, et navré. On sort de ce crématorium, malade de souffrance et on regarde vers le ciel : pour voir une fumée noire s'envoler dans les cieux. Le plus vaste des cœurs se brise, la plus belle personne s'échappe par la cheminée. Nul ne semble respirer. Lui murmurer à quel point je l'aime, lui promettre que je la reverrais, là-haut, être persuadée qu'elle sera toujours près de moi. Mais physiquement, elle ne sera plus jamais contre moi.
Ma vision devient floue, les larmes redoublent, je sens mon âme fuir, et ma voix intérieure me murmurer d'arrêter de pleurer comme ça. Putain, les mots n'expriment pas assez ma douleur. J'ai envie d'hurler, de gueuler. De la revoir. Putain. J'ai beau me plier de douleur, sur ma chaise, je n'en peux plus. Je relève la tête, je vois mon reflet, mon visage tordu par la douleur, mes joues creusées par les larmes et noircies par mon mascara. Lui adresser quelques mots n'est pas nécessaire, je louche sur la boîte de calmants, de somnifères.
Qui n'a connu douleurs immenses n'aura qu'un aperçu du temps, ce temps qui souligne ton absence, partout, tout le temps.
Si j'avais au moins revu ton visage
Entrevu au loin le moindre nuage.
Et moi pourquoi j'existe
Quand l'autre meurt ?
Pourquoi plus rien n'agite
Ton cœur ?
On sent tellement d'honnêteté dans ce texte écrit avec la peine et les tripes qu'il m'a donné des frissons. Courage pour vivre avec cette douleur qui je suis sure te rendra extrêmement forte.
· Il y a plus de 10 ans ·Mélanie Courtois
Je suis touchée par ce texte que je comprends très bien.
· Il y a plus de 10 ans ·divina-bonitas
Parfois, écrire aide justement a aller mieux...et partager aussi...
· Il y a presque 11 ans ·Sweety
Et après on reçoit un message de la douce sweety qui s'inquiète... et ça fait du bien au muscle à aimer... ça le répare un peu... et ça sèche les larmes amères.
· Il y a presque 11 ans ·cerise-david
T'es adorable, sweety. Tu portes délicieusement bien ton pseudo.
· Il y a presque 11 ans ·chess
il y a des écrits qui marquent qui bouleversent et surtout lorsqu'ils sont inspirés de la réalité qui parfois peut être très dure a vivre...alors j'aime bien ces liens qui se créent aussi virtuel soit il, mais qui n’empêche pas d'avoir une pensée pour vous dans les moments difficiles!! Des bisous tout doux!
· Il y a presque 11 ans ·Sweety
J'ai souffert vos mots. Ils m'ont remues les tripes. ... je ne pense pas que ça vous reconfortera. Mais votre souffrance en la partageant sappaisera.
· Il y a presque 11 ans ·cerise-david
Je vous remercie. Heureuse de transmettre des émotions, douce cerise.
· Il y a presque 11 ans ·chess
"J'ai mal, putain. Sur ce site, on dirait que je passe mon temps à souffrir, que je ne sais faire que ça, et que je n'écris que quand ça va mal."
· Il y a presque 11 ans ·Comment te dire que ta douleur n'est plus uniquement tienne, qu'elle est partagée désormais, et qu'écrire c'est donner aux autres cette part vraie de soi... Celle qui souffre?
Tout le reste n'est que pur égoïsme, et c'est tant mieux!
"L'homme est un apprenti, la douleur est son maître" etc...
Tout le reste...
Frédéric Clément
Ton commentaire m'a donné un sourire.
· Il y a presque 11 ans ·chess
Garde le longtemps!
· Il y a presque 11 ans ·Frédéric Clément