Et vieillir

Jo Todaro

Une bouteille de vin

Au milieu de la table

On finira demain

Ce pinard ineffable


Le temps nous pourrons prendre

De nous saouler bientôt

Que peut-on bien attendre

De ces nuits de sanglots


La vieille horloge en bois

Qui claque un peu trop fort

Nous rapproche à grands pas

Un peu plus de la mort


Observer dans leur chute

Les si sombres secondes

Que les tristes minutes

Ont invitées à fondre


Je n'ai rien vu passer

Pas le moindre des mois

Devenus des années

Et des siècles en bardas


Et puis un jour viendra

Sans que l'on s'y attende

Où le chien partira

Et j'irai me faire pendre


Et la télévision

Qui nous a regardés

Perdre nos illusions

Sans chercher à lutter


Cette porte qui claque

Et qui nous fait trembler

En refermant les sacs

Que l'on n'a pas vidés


Je sais je dois mourir

Je ne peux l'accepter

Je sens encore frémir

Mon cœur électrisé


J'aurai voulu bien faire

Tant de choses et bien pire

Cracher les quelques vers

Qu'il me reste à écrire


N'être pas parvenu

A faire que la moitié

De ce que j'ai voulu

De ce que j'ai rêvé


J'ai compris mais trop tard

Voyant par la fenêtre

Les flambants corbillards

Qui réclamaient ma tête

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