état second

flolacanau

J'ai l'esprit dans la brume et les gorilles ne sont pas loin. Dormir serait une bonne idée, ça tourne en slow motion., comme si l'on avait vendu des hélicoptères de combat aux suisses, mais pourquoi pioncer quand on peut encore lutter avec deux doigts sur le clavier ? Les yeux déconnent un peu, mais le reste fonctionne, enfin, je suis seul juge et je m'accorde le bénéfice du doute. Le maléfice de la certitude, ce sera pour une autre foi. C'est le flipper inside, bumper aux tempes grisonnantes, La cargaison tangue à mesure que je démène ma barque. Et les fantômes s'invitent , dévalent des bastingages. Clochards célestes, poètes du bitume, expédiés vivant d'expédients, Tous m'encouragent à n'être rien, insignifiant, bois flotté, carcasse impersonnelle, tourbillon d'évier, tempête de godet. Le marionnettiste m'a laissé empêtré dans mes fils, disloqué, sans âme, sans but, aphone, inerte, je rampe sur l'existence sans drame ni douleur. Demain, un mal de crâne viendra sanctionner l'abus et les fils qui me meuvent se remettront en branle, mais en attendant je laisse mon cerveau se nourrir du bourdonnement, je laisse mes membres s'affranchir de la pesanteur ; je vole cette ivresse légère au monde J'ôte le conditionnel et je terrasse l'impératif. Je passe en revue quelques femmes, des ex, des amies plus ou moins lointaines et toutes me résument en un mot, chaque fois différent. Livré ainsi à l'angle obtus, je reste mensonge de leurs vérités. Je me marre quand il faudrait pleurer et je m'attriste aux écueils invisibles. À chaque fois que je sombre, je m'éclaircis ; à chaque fois que je m'égare, je trouve l'essentiel. Je ne fais rien de tout cela, ou si, du petit bois, des petites phrases, j'enfile les perles mates pour parer un jour dont je tordrai le cou. Mes dieux ne délivrent aucun message, ils sont aveugles et déchus, mes belles se fanent et ne laissent que le spectre d'un parfum, mes congénères s'agitent comme des scorpions face aux flammes. Je sais que je suis seul, et que nous le sommes tous, je sais que je me mens, comme tous, J'observe ma banalité comme si elle était extraordinaire. Elle parvient à me fasciner, même si je la reconnais plus facilement chez l'autre. Cette légère ivresse balaye, évacue, et le vide qu'elle laisse me remplit d'incertitude. Si l'on boit pour oublier , choisit-on ce que l'on oublie ? C'est tout le contraire chez moi, les fantômes s'invitent. l'ivresse est peuplée de phrases qui résonnent, de sourires qui se meurent, de caresses qui claquent. Demain donc, je le sais, sera plus vide que jamais. Mais en attendant, je reste avec mon peuple.

  • Nous étions "amis" avant la restructuration de WLW ! Heureuse de te lire à nouveau Flolacanau.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Version 4

    nilo

  • Heureusement, l'ivresse ne t'empêche pas de taper sur ton clavier... il aurait été dommage de nous priver de ce texte.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Tete alpaga

    campaspe

    • les doigts ont fait un peu ce qu'ils ont voulu... mais finalement, je ne regrette pas d'avoir différé mon sommeil de quelques minutes

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Avatar 500

      flolacanau

  • l'alcool a aiguisé ton sens de la juste formule, bravo camarade ;-)

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Jef portrait

    Jean François Guet

    • Je crois surtout qu'on se fout de la justesse . Dès qu'une idée est là, on l'accueille, on la cueille ;)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Avatar 500

      flolacanau

  • On ne choisit pas ce que l'on veut oublier, ce cerveau" à la noix" décide pour nous !
    Beau texte !

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

Signaler ce texte