Etre dans la mouise

Hervé Lénervé

Moi, j’aime bien le sport extrême.

- Allez, Vé ! Vas-y, saute !

- Là, je ne suis pas trop chaud. Tiens, tu me l'aurais demandé hier, direct, je sautais du haut de la falaise. Mais là, ça va mieux, j'ai retrouvé la pêche.

- Oui, enfin, comme falaise, ce n'est qu'un muret de trente centimètres.

- Je dirais plutôt cinquante.

- Même !

- Allez, je me lance, advienne ce qui pourrave.

- Tu vois, quand tu veux ! Maintenant, je ne t'avais pas dit de sauter, pile-face, dessus la seule bouse de vache de tout le pré, fraîchement servie. Tu m'as kärchérisé à la merde.

- Aie !

- Bien sûr, la bouse fraîche, ça glisse. Ça va, Vé ?

- Je ne sais pas trop, je ne peux plus bouger la jambe, ça sent mauvais.

- Non, ça, c'est la bouse. Fraîche, ça pue !

- Putain, elle est cassée.

- Ah oui, t'as raison, elle est même bien cassée, en plusieurs morceaux. Je vais te rapprocher les bouts. On ne sait jamais.

- Mais t'es con ou quoi ? On ne sait jamais, quoi ? Que ça se recolle ! Appelle le Samu, plutôt !

- Heureusement que j'ai chargé mon téléphone ce matin, dommage que je l'aie oublié sur son fil.

- Putain, je me vide de mon sang. Je vais crever dans ce bled pourri de merde !

- Oh, tu exagères toujours. C'est un petit coin bucolique, charmant, avec une seule bouse de merde.

- Putain, ça n'aurait pas pu m'arriver hier, ça !

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