Expérience - 3

Nouvelles du front

Bonne nouvelle dans la boîte au lettre ce matin... Ca va bouger :) Je vous en reparle plus tard.

Hier soir, avant le dîner. Ma douce prend la parole :
"tu devrais faire une bio sur ton propre site
- mmmm... j'aime pas les bio
- je sais bien, mais bon... C'est un peu un passage obligé
- raison de plus pour ne pas la faire
- les gens s'en foutent de qui tu es, ce qui importe c'est ce que tu écris. Les pire salopards peuvent écrire des oeuvres fantastiques, et les personnes les plus admirables peuvent ne rien écrire du tout. Regarde Céline : génial dans son écriture, pathétique dans sa propre vie. 
- c'est pas ça, c'est que dès lors que tu publies des trucs, les lecteurs aiment à en savoir un peu plus sur toi. Tu n'es pas obligé d'en faire des tonnes
- ok va pour la bio."

Je regarde Tao travailler sur le texte une heure plus tard et je la trouve belle.
"Alors?"

Je relis la bio et un sentiment de malaise m'envahit.
Cela me parait tellement inutile. Tellement prétentieux. Mais bon, à priori c'est l'usage.
Bio publiée donc sur mon site.

Deux heures plus tard, tao revient à la charge. Je sens qu'elle va attaquer un sujet sensible à sa manière de me regarder et à sa façon de peser ses mots.

"Tu sais... 
- mmm?
- l'Equateur...
Je percute.
- ah non! Ce n'est qu'un blog. Et puis c'était plus une vaste partie de rigolade qu'un bouquin en soi
- n'empêche que tu as fait plus de 100.000 lectures avec et que L'Equateur a été cité sur France Inter. Et que de nombreux lecteurs ont été frustrés que tu arrêtes la publication.
- non!
- il ne s'agit pas de tout réécrire. Il s'agit juste de le publier comme tel. Deux trois adaptations. Tiens, je me charge des corrections si tu veux.
- mmmm
-après tout c'est un contenu énorme que tu as produit. Je le relisais dans le métro, je me marrais toute seule
- dans le métro? Mais il n'est plus en ligne!
- regarde j'en ai fait un epub. 700 pages de textes sur mon Iphone. Près de 300 sur Ipad. C'est dommage de laisser ça en stand by
- mmm.
Je jette un oeil sur le fichier que Tao a réalisé. Nickel comme d'hab.
Je relis un ou deux textes et je rigole aussi. J'ai une facheuse tendance à oublier ce que j'écris d'un jour à l'autre, alors des textes qui datent de plusieurs années... Oh, après tout...

"Bon ok..."

Du coin de l'oeil je vois Tao sourire.

"Tu veux un café?"
Ouais, je veux bien un café. Nous ne parlons plus de l'Equateur. Mais je sais qu'elle y bosse déjà.
Qu'est-ce qu'elle est convaincante cette fille! Et que c'est bon de se sentir soutenu dans cette aventure. 
Je me dis que j'ai une chance incroyable.