Fantastique Maître Roald Dahl

 Il y a des histoires qu'encore adulte, on ne peut oublier. Si à chaque fois qu'en ouvrant une barre chocolatée, on s'attend à voir briller un ticket d'or, c'est à cause de lui ! Quand on essaye au bureau par la pensée, de renverser la tasse de café brûlante de son « cher collègue », c'est encore lui !

Sacré Roald Dahl ! Il est un peu comme un vieil oncle qui nous a vu grandir et qui nous aurait confié un secret à l'oreille : « L'imagination est une bonne copine... »

On est donc très heureux qu'il soit, à l'occasion de l'anniversaire de parution de trois de ses titres, célébré par une réédition collector chez Gallimard Jeunesse. Voilà une nouvelle opportunité à saisir, pour ceux qui ne le connaissent que par le cinéma, de le lire enfin.

Car plonger dans ses romans est une expérience unique et personnelle. Tant il sait, mieux que personne, faire germer des images dans la tête de ses lecteurs, petits et grands. Ouvrir un de ses livres, c'est un peu comme soulever le couvercle d'un bon plat qui mijote. On connaît les ingrédients, pourtant le fumet est unique. C'est en ce sens qu'il est un maître.

Il mêle dans ses histoires les ressorts du conte, avec l'évasion romanesque et une évocation visuelle puissante. Ses héros se battent souvent contre un quotidien initial difficile, d'où ils parviennent à s'extirper par la puissance de l'imaginaire et la noblesse de caractère. Cela nous offre des histoires incroyables de pêche géante, arche de Noé, pour petit James en manque d'amour. Ou encore des rivières de chocolat et autres embûches gourmandes à relever, comme parcours initiatique pour modeste Charlie...

C'est truculent, souvent jubilatoire et en même temps bien plus que cela. L'évasion se fait au cœur du réel. La réalité n'est pas niée. Et cela amène souvent à des parallèles avec sa propre vie. Il a d'ailleurs écrit deux récits autobiographiques, dont le plus célèbre, « Moi, Boy », revient sur son enfance au Royaume-Uni. Et c'est vrai qu'il pourrait être le héros d'un de ses livres. Orphelin de père à trois ans, il connaît une enfance difficile.Très jeune, il part travailler en Afrique. De là, la Seconde Guerre Mondiale le rattrape : il devient pilote pour la Royal AirForce...                                
C'est un peu le « Romain Gary gallois », avec une touche de Saint-Exupéry. Tous les trois la tête dans les nuages. Et c'est finalement tout cela qui le rend incontournable. Et c'est pourquoi ses histoires résonnent tellement en nous.

Renard sans queue de la littérature jeunesse, il creuse ses histoires dans le labyrinthe du temps, pour finalement nourrir toute la famille.
Il est vraiment fantastique, ce Mister Roald Dahl.