Fauve VS Jackson Pollock

audrey83

Quand le langage de Fauve rencontre la peinture de Pollock, "ça" donne une blague mystique.

Les membres du collectif Fauve viennent de commencer leur tournée de concerts. Ils ont fait appel à Jackson Pollock pour faire de l'action painting pendant leur spoken word.

Enthousiaste à l'idée de remettre le pied à l'étrier, le père de l'expressionnisme abstrait ne s'est pas fait prier et a demandé un congé au Créateur pour orchestrer un petit « dripping » sur Terre pendant les soirées fauves. Le Créateur lui a accordé, en ajoutant qu'il devait faire attention à ne pas utiliser trop de couleur criardes. Perplexe, Pollock lui a répondu qu'il n'y avait pas de risque car il n'appartenait pas au mouvement artistique fauviste mais à celui de l'expressionnisme abstrait. L'Eternel s'est mis à froncer les sourcils. Et là Jackson de préciser qu'il ne fallait pas confondre le fauvisme et son corollaire la couleur vive, pour exprimer la vie psychique, avec Fauve et sa diction rythmée comme vecteur émotionnel. Point d'amalgame entre Fauve et les fauvistes, les premiers déclament des textes, les seconds peignent leur subconscient. C'est comme la cock music et la smart music, faut les distinguer.

Et Dieu de soupirer et de perdre patience en posant vivement la question comme un logo rouge sur une page blanche: « mais alors qu'est-ce que tu vas faire dans leur tournée, toi qui peint ?!! ». C'est alors que le créateur de l'expressionnisme abstrait s'est mis à expliquer au Créateur le concept ! Il lui a fait comprendre l'analogie qu'on pouvait établir entre l'expressionnisme pictural de son mouvement artistique et l'expressionnisme oral du leur, que s'ils n'utilisaient pas les mêmes supports, leur démarche était la même : l'expression libre, délestée de tout contrôle, un peu comme un peintre qui ferait de l'écriture automatique pour la beauté du geste, ou comme un slameur qui mettrait les mots en mouvements pour les propulser sur la toile auditive. « L'oreille regarde et les yeux écoutent, une scène verbale et picturale comme étayage de l'inconscient, voilà le concept, tout un programme seigneur ! » Et Dieu de lui répondre en rugissant comme un fauve : « complètement SURREALISTE ton histoire, allez file voyou ! ». Jackson Pollock le salua et s'en alla.

Sur le chemin il rencontra un vieux frère ; Michael Jackson, il n'y eut pas d'effusions, l'heure n'était pas encore au « pouring », mais il fut plein de confusion après avoir constaté que ce dernier, en manque de jack, ne produisait plus de son. C'est alors qu'il sentit l'exaspération céleste : le blizzard ! Dieu soufflait et si Pollock s'attardait trop dans les parages, la colère divine ressemblerait à celle d'un requin-tigre : «pourquoi t'es là, pourquoi tu restes ! qu'est-ce que tu es bavard Pollock ! file avant de finir au placard ! » lui hurla t-il. Pollock, fila dare-dare comme le « ça » dans l'inconscient de ses petits frères d'art qui prononcèrent avec une rage torrentielle, sur la scène du bataclan : « y a quelque chose de mystique dans son affaire, pouvoir ramasser les mots par terre et les jeter comme des pierres... ». Et c'est ainsi que, par ricochet, l'action painting se mua en spoken word.

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