Femme se coiffant- La maitresse

miliea

Femme se coiffant – La maitresse

Je sais qu’il m’observe …je sens son regard brûlant traverser l’étoffe soyeuse rose de ma robe de chambre, il dit qu’il aime ainsi me regarder…’’ s’enivrer ‘’ de ma beauté exotique que le sang catalan que j’ai hérité de ma mère m’a octroyé à ma naissance. J’essais de faire abstraction de sa présence, mais sa respiration me parvenait du coin de cette luxueuse chambre où il était nonchalamment assis. Je continue tant bien que mal à mettre de l’ordre dans ma longue chevelure de Jai qui, à peine une demi-heure plus tôt formait un rideau de velours sur nos deux corps enlacés…mes yeux se posent sur le reflet que me projette mon miroir, mais toute mon attention est fixée sur ce lit défait qui se trouve derrière moi, témoin de la vie ‘’ décadente ‘’ que je mène sous le regard hypocrite de la cour, depuis quelques années.

Je ne me plains pas, loin de là, je suis consciente que ma sulfureuse beauté suscite à tour de rôle, jugement, jalousie, admiration et envies les plus…concupiscentes ; mais c’est grâce à elle que je vis à l’abri de la pauvreté, que je prends soin de ma toute petite fille, fruit d’un amour naïf -de la soubrette que j’ai été jadis-pour un fils de noble.

Mais une chose que j’ai su apprendre très vite… dans ce bas monde, tout était une question d’intérêt, de richesse…et de luxure. Que l’amour n’était qu’un mythe…une rêverie que les filles de sang noble pouvaient se permettre, mais pas celles de ma condition.

Je n’ose me retourner, mais je sais qu’il suit chacun de mes mouvements, tentait-il de graver dans sa mémoire, chacune de mes courbes, dont le chatoiement de la soie accentuait dans cette lumière tamisée ; avant de s’en aller rejoindre cette jeune colombe qui est devenue Duchesse quelques mois plutôt ? Essayait-il de faire une comparaison de nos deux personnes ? Elle l’agneau immolé pour la continuité de sa lignée et moi la louve qui assouvissait tous ses désirs interdits ? Elle sa femme au minois d’ange…et moi sa maitresse aux allures de gitane ?

J’entends le bruit de ses pas, étouffé par le tapis, je dépose mon peigne et croise son regard de braise et j’y lis quelque chose de familier…cette même solitude qui se trouve dans le mien et ce soir...je prends conscience que je ne suis pas tout simplement ‘’ la maitresse’’ mais la femme qui le comprenait.

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