Femme se coiffant: Un soir de Pluie

C’est l’hiver, la soirée est maussade, la rue est silencieuse.

Elle est assise devant sa coiffeuse.

Cela fait une heure qu'elle lisse ses cheveux…

-Quel désordre dans cette chambre! Dit-elle

L'homme, la contemple, il est vanné.

La pluie bat les vitres.

- Faudrait que tu nous allumes un bon feu chéri, tu veux bien?

On entend une musique.

Leur fille joue au salon, une sonate de Chopin, au piano.

Elle invite le père à la rêverie…

Il se souvient d’un autre soir.

Il pleuvait aussi.

Fatigués d’une journée de flânerie le long du fleuve.

Ils s’étaient réfugiés dans l’appartement.

Elle était plus que belle!

Ses cheveux étaient nimbés de pluie.

Ils luisaient comme des perles de cristal.

Ils se sont déshabillés.

L’un contre l’autre, ils écoutèrent le bruissement de la pluie.

La demoiselle devint mélancolique.

Elle regardait le sillage des gouttes que le vent traçait sur les vitres.

Les lueurs de l’orage jetaient des étoiles dans ses yeux sombres.

Sa poitrine tremblait comme le ventre d’une chatte que l’on câline.

Il avait très envie de son corps mais n’osait la caresser.

Soudain, sous la poussée du vent, la fenêtre s’est ouverte avec fracas.

Une pluie glacée a mitraillé le plancher.

Il s' était précipité pour arrêter le déluge.

Il est revenu vers elle en riant.

Elle s'est blottie contre son cœur.

Ils frémissaient d’émoi.

Il souhaitait que la tourmente ne finisse pas

Il se sentait comme un oiseau fou dans la tempête.

Elle était restée toute la nuit dans ses bras.

Le matin, elle était partie, avec le vent.

Quel était le secret qu’il n’a pas voulu entendre dans la volupté ?

Il n’est rien qui ait un goût amer, qu’une vérité non désirée.

Il pense souvent à elle.

Elle apparaît dans ses songes avec la pluie, les soirs d’hiver.

Quand la rue dort et qu’il est las!