Fertile.

ellis

Quand nous aurions parlé longtemps, quand nous aurions cherché à dire tout, tout et plus, et encore, à toucher plus loin et plus loin
                 et encore,

Quand nous aurions senti l'autre bouger loin dedans comme
dans son ventre à soi, comme
un sourire qu'on vous rend avant que vous l'ayez donné, comme
un chagrin étranger que l'on voudrait bercer,

Quand nous aurions dit tout cela et dit encore et parlé, et vibré au son au rythme du souffle d'une demi-absence,

Quand nous aurions imaginé les mains la peau et qu'est-ce que ce serait, dis, de te sentir assis près de moi sous la lune,

Quand nous aurions senti ces choses-là,

Quand nous aurions laissé pleine poitrine s'ouvrir le feu d'une rivière, qu'elle se répande et nous découpe comme les racines d'un arbre centenaire, qu'elle nous découpe, chemine en nous, et nous irrigue là,
                          là où c'était la nuit.

Quand nous aurions senti tout cela,

Quand ta bouche
Quand tes doigts

Quand le tremblement fertile d'une caresse qui n'a
                                                          de début ni de fin,  

Quand nous aurions dit tout cela, tout ôté, tout donné, tout
                          ouvert, et nourri éclairé abreuvé,

Quand nous aurions senti tout cela,

 

Alors nous aurions seulement à jeter nos regards clairs
Loin devant sur l'horizon
Loin devant sur
L'ombre calme du recommencement
Fertile. 

Report this text