Herculanum

Il est si facile d'oublier que ce voyage est avant tout scolaire, que nous sommes là pour apprendre du concret, et non pas déambuler sans but entre les pierres de ces cités anciennes. 

Pompéi était grande, l'idéale pour une course d'orientation et un questionnaire barbant sur le quotidien poussiéreux, à moitié effacé et bizarrement morbide des romains de l'époque. Morts dont les corps étaient devenus sculptures. Comme un pied de nez malsain de la part de la Terre à tous les artistes à venir...

Herculanum est bien plus petite. Comme un autre monde, une carrière de pierres et de terre creusée en plein centre-ville. Sur les photos, nulles retouches, et pourtant les colonnades évoluent en buildings, si l'on prends le temps d'aligner les deux. Comme un jardin d'enfant pour les professeurs, qui nous lâchent sans inquiétude pour deux heures de pause, avec par habitude un devoir à faire. 

Pourtant les jardins à l'herbe verte, les couloirs extérieurs ensoleillés, les pierres parfois moussues magnifiant les ruines, devaient avoir atteint leurs esprits fatigués. Car nul calcul à faire, nulle Histoire à apprendre, mais seulement un poème, à écrire en s'inspirant du lieu. 

Nous sommes restés deux heures, je n'en ai vu aucune. Les yeux fermés les bras ouverts, allongée sur le dos, l'esprit face au soleil, j'ai vu passer des siècles, et autant de sourires. 

Couverture : "Ercolano" by spacedlaw