Huis clos

Susanne Derève


J'ouvre la porte

hiver morose   colchiques mauves  

à peine le jour incertain

 

des aiguilles de gel brillent

sur tes épaules

 

Tu entres

Messager de la nuit  vagabonde 

Il y a des flaques d'eau à tes pieds

 

Tu jettes ta veste sur le lit

d'un  regard circulaire tu embrasses                                                  

l'espace

et je sais que tout t'appartient

 

le monde comme un printemps trop vert

la poussière du temps                                                            

celle qui danse dans les reflets de l'ombre

 

le huis clos de mes rêves  

les roses      le parfum des nuits d'été

 

le long des murets de pierre où ont couru nos mains

le jasmin odorant     mes paumes ouvertes

 

et les dentelles du matin  le cristal des flocons

de neige   le rire serpentin de  l'eau

de ruisseaux  en rivières  

 

mes poings fermés

( où  glisse entre mes  doigts le sable des années)

la terre féconde

le lit défait     

 les rives du sommeil

 

 

Messager de l'aube vagabonde

qui t'en vas et  fermes la porte

avant l'éveil

qui emportes le monde

à tes semelles




Illustration : Augusto Giacometti - Phaéton

 

 

 

 

 

 

 


  • Là où ont couru nos mains
    ce n'est pas seulement
    le long des murets de pierre.

    Souviens-toi, nous nous sommes penchés
    au-dessus du canal St Martin,
    où l'été s'en allait doucement sous la feuillée.

    Tu y penses à la façon de jours lointains,
    comme si la musique s'était amenuisée
    au fil des jours.
    Pourtant, c'est comme un oiseau
    virevoltant entre les branches.

    Elle est en toi , et c'est un refrain ,
    qui persiste malgré les dentelles de givre,
    et les flocons légers , tombés depuis.

    Laisse jouer le vent avec tes souvenirs ;
    il a toujours l'odeur du jasmin
    comme la terre féconde d'un lit défait
    où se refont les printemps.

    Tu peux me confier le huis-clos de tes rêves,
    comme je confie ma parole sur les ondes :
    tu sais que je n'ai pas fermé la porte,
    ni emporté, ne serait-ce
    qu'une partie du monde avec moi...

    Revenons au-dessus de canal,
    écoutons encore une fois
    le rire serpentin de l'eau :
    il chante toujours le vent et la lumière
    et de tout temps,
    danse dans les reflets de l'ombre .
    -

    --

    · Il y a presque 5 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • Merci , Messager de la nuit vagabonde, c'est très beau

      · Il y a presque 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Est-il pertinent de pénétrer un monde aussi intime ?

    · Il y a environ 5 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • écrire, dévoiler l'intimité du rêve ou le mettre en scène ...

      · Il y a environ 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • et j'égrène mes toi...qui font mal

    · Il y a environ 5 ans ·
    Dsc00086

    mada

  • merci, merci de nous faire participer à cette beauté secrète et discrète

    · Il y a environ 5 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • ça ne coûte rien de faire de beaux rêves :) Merci

      · Il y a environ 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Comme c'est beau Susanne !!

    "et les dentelles du matin le cristal des flocons
    "de neige le rire serpentin de l'eau
    "de ruisseaux en rivières"

    · Il y a environ 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci ! que tu es matinale !

      · Il y a environ 5 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • Oui, c'est ma petite chienne qui me fait lever de bonne heure. Bon dimanche Susanne !!

      · Il y a presque 5 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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