Humanitaire.

Hervé Lénervé

Charité bien ordonnée commence par se faire plaisir, soi-même. Je suis bénévole, un jour par semaine, dans une association qui vient en secours à un public défavorisé, démuni, de détritus.

Et comme c'était le jour, je mis mon habit de travail. Oui, il est important de s'habiller pour la circonstance, ne pas y aller avec votre costume de tous les jours, Bell & Ross au poignet, Ray ban sur le nez et pull noué autour du cou.

Aller faire la charité chez les pauvres, demande une certaine préparation. Fort de mon expérience, je vais vous donner quelques astuces qui vous épargneront bien des déboires, plus que de l'argent économisé.

Inutile de ne pas se laver les cheveux pendant des mois, il faut juste, la veille, se les tartiner de beurre en ajoutant une couche de Maroilles pour l'odeur, ça fait plus crédible.

Vous pouvez trouver une tenue adéquate à la situation, à côté de chez vous, en faisant les poubelles des voisins, si vous êtes dans un quartier trop chicos, propice aux marques luxueuses, allez dans le neuf trois, c'est plus craignos. Dans la chaîne d'enseigne « Emmaüs », on peut aussi s'habiller crado et ringard très décemment.

Bien, une fois la panoplie complète, il faut passer au contact.

Premièrement, votre vocabulaire et vos expressions, vous desservent, vous sentez le nanti à plein nez, pas le patchouli sous les aisselles.

Proscrire formellement les exclamations, genre « ventre Saint-Gris », « fichtre diantre », « mon cher. » et consort. Finissez plutôt toutes vos phrases par « Putain d'merde ! ».  N'en rajoutez pas des tonnes car « Putain d'merde de ta pute d'enculée d'ta race de mère » est une expression difficile à maîtriser. Entraînez-vous devant un miroir et oubliez l'accent jet sept cela gâcherait l'effet.

Evitez toutes sensibleries, car l'empathie peut vous mener à la compassion et vous trahir par inadvertance en lâchant un : « Mon pauvre ami, mais dans quel état vous êtes-vous mis ? » Endurcissez-vous et dites plutôt : « Vous n'aviez pas vu arriver le tram ? »

Notez aussi que dans la première phrase qui vous avait malencontreusement échappé, il y avait « mon pauvre » c'est à bannir impérativement. Comme tout ce qui peut rappeler de près ou de champ, l'indigence. Car les nécessiteux que vous servirez connaissent déjà leur état ou alors en plus d'être des épaves, ils sont vraiment cons. Ce qui peut également arriver, car la connerie n'est pas le monopole des puissants. De plus, le pinard purement OGM qu'on leurs vend, à un euro le cubi de dix litres, n'arrange pas leur efficience, déjà défaillante par une carence de stimulation intellectuelle. Tenez, demandez-leur à quand remonte leur dernier opéra, pour voir ? Vous verrez, vous serez surpris, si, si !

Surtout ne vous découragez pas… des boulettes, vous en ferez… des altercations, il y en aura… Des empoignades et pétages de gueules, aussi. Tout ceci n'est rien, l'essentiel résidant à maintenir une distance, à garder en tête que vous êtes du bon côté de la frontière, les autres du mauvais. Ne vous prenez pas pour le Sauveur ! Les inégalités existent, elles ont toujours existées comme l'injustice, elles sont aussi vieilles que l'être humain et font partie de sa nature.

Donc, chacun sa place et les oies seront bien gardées, les torchons ne se mélangent pas aux serviettes, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau de vaisselle dans la fausse à purin… complétez cette liste de dictons, c'est formateur pour votre formation.

Mais vous verrez comme il est valorisant que de faire dans l'humanitaire, dommage qu'il n'y ait pas de fric à se faire avec le social.

Maintenant, si secourir son prochain n'est pas votre tasse de café (j'n'aime pas le thé) Faites dans le traitement des déchets pour sauver la planète, c'est plus glamour.

  • Je fréquente pas les pauvres, sauf mon valet de chambre, par stricte nécessité...

    · Il y a plus de 4 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

  • Charité n'est pas trésor donné ? Faut-il faire dans le beurre de charité ?

    · Il y a plus de 4 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • toujours dans les histoires du butin des pirates, ha, ha !

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • L'abordage des mêmes thèmes !

      · Il y a plus de 4 ans ·
      30ansagathe orig

      yl5

  • Je ne traite pas les déchets, je fais le tri, c'est déjà pas mal. En ce qui concerne l'humanitaire, je laisse cela aux politiques ! Qu'ils apprennent enfin à faire correctement leur boulot. "Plutôt que d'essayer d'absorber des hémorragies, il faudrait essayer d'éviter les plaies".

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Les politiques ne savent que polimickey. :o)).

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • Vu le temps qu'ils ont mis à faire l'Europe et que ça marche toujours pas on est pas sorti de l'aubergine et des canots de sauvetages percés !

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Je ne suis pas sorti des cuisses de Jupiter, mais des jupes de ma mère. :o))

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Le fromage sur la tête c'est vraiment du gros gâchis, mais s'il le faut...

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • L'images du Maroilles à 5h43 ça a du mal à passer :-))

    · Il y a plus de 4 ans ·
    40405 (2)

    Lady Etaine Eire

    • Décidément, le fromage qui pue, ça vous inspire, vous trois. :o))

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

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