Ikéafopa

Deuxième fois de ma vie que je mettais les pieds chez Ikéafopa. La première c'était il y a 30 ans. Enceinte de 7 mois, j'avais monté les kits, posé le four encastrable sur mon ventre pour le pousser dans la case. 2 ans plus tard au démontage lors du déménagement, j'avais tout foutu à la benne. Le tiroir à casseroles était mort. Le blanc avait jauni. L'aggloméré s'effilochait. Les charnières dansaient la carmagnole. Je m'étais jurée de ne pas y refoutre les pieds.

Puis là, un petit bout de cuisine à aménager dans un studio parisien. Poussée par les enfants, je me dis que bon, acheter trois caissons et un plan de travail parce que le temps presse, que j'ai juste 1.20m à aménager, que je ne trouve rien dans l'ancien d'adapté, que le cuisiniste va me rire au nez si je l'appelle, que je n'ai pas le temps pour le sur-mesure, je retourne avec mon cher et tendre chez Ikéafopa, mètre en poche, plan dessiné, repérage sur la toile. Le premier magasin est à perpète. Une heure de périph pour y aller, quinze minutes pour trouver l'entrée. J'arrive et demande à une hôtesse comment ça se passe, si un vendeur peut nous renseigner. "Ah non M'dame ici c'est du libre-service". Nous errons bras-dessus bras-dessous et arrivons enfin au terme d'un chemin labyrinthique soigneusement étudié par le pôle marketing, à un endroit où il faut faire la queue pour qu'on nous explique et qu'on enregistre notre commande. Une dame pianote nerveusement sur son clavier en prononçant des noms étranges plein de "a" et de consonnes gutturales enchevêtrées, elle est pressée, c'est l'heure de sa pause, elle enregistre la page et nous tend l'impression avant de filer. Je repère un accessoire à poser sur le lavabo, tente de l'acheter. Mince, j'ai raté la caisse parce que je n'avais pas été à l'autre bout du dédale. Rebrousse chemin, refait des tours, arrive au bout de trente minutes à payer un truc à 15 euros. 

Deux heures plus tard, rentrée à la maison, ma petite voix intérieure me chuchote de trouver un autre plan. Sauf que je ne trouve pas, ai du boulot par-dessus la tête. Un samedi matin, la boule au ventre, j'appelle...3 fois avant de comprendre sur quelle touche appuyer pour parler à un conseiller. Il reprend ma commande enregistrée par la dame sur l'intranet, je modifie deux bricoles, paye en ligne, respire. Ils n'avaient plus de plan de travail en bois à Lyon mais à Paname si, plus cher mais bon, ça m'évitera de courir. J'explique qu'il faut absolument que ça soit du bois plein pour couper un arrondi dedans. "oui, oui, pas de problèmes". Ouf! Ils vont livrer 10 jours plus tard.

En fait non. Malgré le SMS du service de livraison la veille, les heures passent et pas plus de Ikéafopa que de beurre à l'intendance. Je rappelle. 10° sur la liste d'attente des gens qui ont des problèmes de livraison et 20 mn plus tard, la dame me dit qu'on ne sera pas livré parce qu'un produit manquant dans la commande a bloqué le biniou. J'annule la commande du truc énervée, poireaute à nouveau 1/4 d'heure le temps que le chef valide la modification. Elle ne s'excuse pas. Normalement le service informatique aurait dû m'envoyer un mail...lequel s'est égaré dans le cloud.

8 jours plus tard et après m'être assurée qu'ils livraient à l'étage, finalement le camion arrive avec les colis, lesquels sont jetés sur le trottoir par deux gars vénères. 24 colis sur 6 étages. Pas le temps de tous les ouvrir. Ils repartent.

Puis on déballe. Tiens, un caisson blanc et un noir. La première dame s'était trompée et comme les lignes sont minuscules sur le bon de commande, je ne l'avais pas vu au milieu de tous les trucs blancs. Le plan de travail annoncé en bois est en réalité constitué d'un cœur de panneau de particules revêtus de 3mm de bois. On ne doit pas avoir la même notion du bois. Je rappelle et vocifère, préviens que je vais saisir la répression des fraudes pour tromperie sur la marchandise.  Elle me dit que je serai remboursée si les trucs sont emballés. On remballe et on y retourne. Et bien non, ce n'est pas remboursé parce qu'on les avait ouverts. Sauf que comment se rendre compte que ce n'est pas ce qu'on avait pensé acheter sans ouvrir les cartons? On rachète de quoi utiliser le bon d'achat en se jurant de ne plus jamais y foutre les pieds, on refait la queue une demi-heure au service commande cuisine, puis à la caisse pendant 3/4 d'heures avant de refaire une heure de périph, de courir chez un gars sympa chercher un plan de travail en chêne massif à 90 euros, soit deux fois moins cher qu'un autre même pas en bois chez Ikéafopa.

Ce qui est impayable chez ces conseillers, est que lorsque vous achetez un truc, ils oublient systématiquement de vous dire qu'il faut aussi les charnières comme ceci, le transfo et le fil comme cela, les panneaux de côté, les bandes pour faire joli, les boutons et poignées...Tout est vendu par petit morceau. Je me suis demandée pourquoi toute la nuit avant de conclure "bête! c'est pour que t'y retournes!"

C'est mort. Ikéafopa... faux pas, faut pas du tout.