Ils ont des chapeaux ronds
etmacom
Hé allez, c’est parti pour deux semaines à passer avec ces cons ! Entre le gros qui me sert de beau-père et ma mère. Ce n’est pas gagné.
Il y a un an, j’avais pu partir avec mes cousins à Biarritz. Ah, ça c’étaient des vacances ! Mais là, la Bretagne avec les deux imbéciles qui me servent de famille… C’est vraiment pour faire plaisir à Mamiette que j’y vais. Au téléphone elle m’a dit : « Mais si Suzon, vas-y, tu verras, ça fera plaisir à ta mère ! ». Bon, comme je sais aussi que ma grand-mère a toujours raison sur tout, que ça soit de la culture générale, de la tartine beurrée ou des relations humaines, j’ai accepté.
Mais devant le pied du mur, j’ai cru que j’allais craquer ! Sérieusement, ce matin j’avais envie de prendre le train vers une destination inconnue et de préférence lointaine.
Encore 150 bornes et on arrive.
Heureusement que je dors en voiture et que j’ai mon nouveau casque de musique. De toute façon, j’ai dit à maman : « Soit vous m’achetez le casque, soit je ne pars pas avec toi et l’autre ». A part me dire que j’étais malpolie et que son Jules avait un prénom, elle a failli ne pas céder ! Mais je lui ai fait du chantage et ça a marché. Ca fonctionne bien ça. Ce n’est pas une méthode louable, mais plus tu pratiques, plus c’est sympa.
En plus de tout ça, mon nouveau mec est en train de me larguer par SMS :
« jte kif plu, desole ». Il était pas mal comme prépa pourtant. Mais bon un peu perché peut-être avec ses discours sur la littérature moyenne-âgeuse auxquels je ne comprenais jamais rien.
Je me retiens de ne pas pleurer, ça fait toujours un petit pincement. Mais bon je ne peux pas arriver chez les amis du bedonnant avec les larmes aux yeux. Ce n’est pas une grosse perte après tout. Et puis, il puait du bec, le looser.
Ah finalement on arrive. J’envoie un SMS à Mamiette : « Bien arrivés, ciel couvert, pas un mot dans la voiture pendant le trajet. C’est vraiment pour toi que je le fais ». Non : « Mamiette, on y est ! Beau temps. A bientôt. »
Ca lui fera plus plaisir. Elle a un côté naïf sous ses airs de grande fille. Elle me croira sûrement.
« M’man, on y va quand, à la plage ?
-Je ne sais pas, Darling, laisse-nous le temps de poser nos valises chez les amis de Jules. Tu as la chambre au fond du couloir à gauche.
- M’appelle pas « Darling », c’est ridicule. »
Ma mère est du genre super-superficielle. Et son Jules s’appelle vraiment Jules.
Au moins, elle a un mec. Il vaut pas grand-chose et s’intéresse qu’au foot et à la bière. Quand il a Mamiette en face de lui, bonjour le décalage ! Elle, elle peut parler des martiens, des Rois de France, de la Seconde Guerre Mondiale, de l’huile de palme, des hémorroïdes ou de la tapisserie : il n’en mène pas large avec sa coupe de cheveux digne d’un de ses joueurs préférés.
Je ne sais pas pourquoi ma mère s’est entichée de ce type.
« Darling, on va à la plage avec Sylvain et Geneviève, tu viens ?
-J’arrive ! »
Ah ! Enfin ! La plage. Sentir l’air qui soulève les cheveux, l’iode qui vous étourdit, tremper les pieds dans l’eau et ramasser des coquillages en souvenir pour Mamiette.
Heureusement qu’on n’est pas dans les terres, je n’aurai pas supporté ça !
Tu imagines la réaction des potes à la rentrée :
« Ben t’es pas bronzée Zonzon, t’étais où ?
-En Bretagne.
-Ah ouais, dur… Et il a plu, j’parie ?
-Bingo ».
La honte !
Là au moins, il y a un peu de soleil et pas trop de nuage.
Alors, la plage… Mes lunettes de soleil (check), mon sac de plage avec ma serviette (check), mon magazine préféré avec les psycho-tests « l’amour et vous » (check), mon portable (check), mon super casque (check), mes tongs (check), mon appareil photo (check… Non, pas besoin), et mon maillot de bain (check). C’est bon.
« On t’attend Darling ! »
Oh lala, oui ben c’est bon ! « J’a-rri-ve ». Ils sont toujours pressés, même en vacances, c’est saoulant à force !
Attends, mais au fait, c’est qui Sylvain ? Le mari de Geneviève… Il ne s’appelle pas
Gaël ou Michel ?
Ca veut dire que le beau gosse torse nu dans la voiture c’est Sylvain ?
« Bonjour Suzon, comment vas-tu ? Oh, hé, on se tutoie, hein, pas de chichis entre nous !
-Bonjour Geneviève, oui oui, on se tutoie.
-J’en profite pour te présenter Sylvain, mon neveu. Il m’aide à retaper la maison, comme Michel est à l’hôpital en ce moment…
-Salut !
-Ah, euh, oui, euh, bonjour… »
Quelle niaise, je suis désespérante ! Pourquoi je ne lui tends pas la main pendant que j’y suis. Idiote !
Il est beau.
Mais en deux semaines, qu’est-ce qui va se passer ? On verra ce que disent les psycho-tests !
Beaucoup de clichés parisiens sur la Bretagne mais le texte est alerte et bien mené.
· Il y a plus de 11 ans ·arzel
Très sympa et bien écrit.
· Il y a plus de 11 ans ·tiare