Impassible pacifique

mat_lartnak

Le Lion et le rat,
Pour vous conter mes espoirs je ferais mienne la morale de cette fable :
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage

Pendant que les chiens de l'enfer vaquent à leur propre vacarme,
disent toujours plus vague,
Crient, s'usent et divaguent.
Assis sur son séant,
le pacifique attend.
Il attend que les heures poisses passent,
que les heurts cessent,
que les conflits s'espacent,
que disparaissent les haines que les espèces ressassent.

De la bave des vagues ou les rages s'affinent,
où les rêves s'amassent, ou les rivaux s'effacent
naît une lame de paix à l'écume d'espoir.
De son éternité paisible, l'océan se contemple en miroir
et psalmodie ces mots qu'il remâche sans cesse :
que le sang cesse
que le sang cesse
que le sang cesse
que le sang cesse…
En un sens c'est insensé de n'avoir comme ligne d'horizon que l'homme et sa déraison.
Mais le pacifique s'apaise et continue son travail de sape, pas de concession à son silence inflexible.
Que peut-il opposer à la violence aveugle sinon des flots profonds, silencieux et sensible, apte à réveiller des cœurs asséchés.
Petit à petit, les infinis ressac du pacifique polissent la roche et adoucissent les récifs.
Déjà, quelques naufragés surnagent dans de frêles esquifs, en de saines esquives
pendant que sur la rive, les arrivistes continuent leurs sévisses, étripent les âmes sans vices, espérant léguer à leur progéniture une belle brioche,
ne laissant aux indigents que les miettes des moments moches et peu importe s'ils meurent.

L'oraison de l'homme doux pourrait s'écrire ainsi :
Que ton nom soit sanctifié dans l'océan des vicissitudes.
Puisses-tu trouver le sommeil dans les sillons silencieux de la patience.
Et comme épitaphe ces trois mots :
Repose en paix
R.I.P

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