Improvisation
elisabetha
En musique(domaine que je ne connais pas) on fait ses gammes tous les jours.
En écriture, difficile de faire de même.
Il y a des jours si nombreux -ceux où la vie n'a d’intérêt que d'être vivant- où rien ne passe, du soleil, du sourire des autres, de leur présence.
On se contente alors d'un bon croissant, d'un verre de whisky, d'une cigarette, d'un peu de musique ou de lecture. Et on attend avec impatience l'heure de dormir. Pour arrêter cette chronologie des heures où tout est ratée, et gâchée.
On éprouve parfois de la culpabilité, face aux vrais problèmes du monde, qui nous écraseraient de leur poids si on devait y penser. On se dit seulement: le monde va mal, la vie est une tragédie, la mort aussi. Alors à quoi bon espérer?
On fait l'amour par habitude, on mange par nécessité, on va au cinéma voir un navet qui ne nous demandera pas beaucoup de penser par nous mêmes. Errons passifs, lents, désabusés. Comme si les heures n'étaient qu'une suite de silences.
Et d'autres jours, une lumière vient se lover dans votre âme, vous caresse comme une main invisible, vous insuffle une innocence soudaine proche de l'enfance, proche de la joie.
L'extérieur et l'intérieur s'enchevêtrent, le vide est aspiré par la respiration de l'instant, l'intimité avec les autres refait surface. On aime, on s'aime, on vous aime. Demain attendra. Il y aura d'autres fractures, d'autres blessures, mais aujourd'hui est beau
. Aujourd'hui est infini. Et si je ne l'écris pas, je l'oublierais demain, je paraitrais triste et plaintive, et on ignorera que je peux être aussi heureuse pour rien, pour cette lumière prête à naître derrière un ciel gris, comme celle qui m'a fascinée tout à l'heure.
Voilà enfin cette rareté que j'aime tant, cette légèreté dont je parle tout le temps, qui fait plus partie de mes rêves que de ma vie.
Quand je vois un comédien improviser sur scène, je me demande comment fait-il? Çà me serait impossible. J'éprouve même une vraie angoisse à m'imaginer dans cette situation.
Et pourtant sur mon écran je fais pareil. Comment les mots m'obéissent, je ne le saurais jamais?
Cela fait partie du divin mystère de l'écriture.
Magique! ce texte traduit exactement ce que j'ai toujours ressenti, quand la vie s'offre et improvise devant vous, et qu'on se met à danser les mots pour lui répondre.
· Il y a presque 11 ans ·Carole Menahem Lilin
merci Carole pour ton magnifique commentaire. Danser les mots c'est parfait et je n'y avais jamais pensé.
· Il y a presque 11 ans ·elisabetha
merci de me le dire, car je ne me trouve pas optimiste mais je compense cela par un épicurisme très fort. Je cherche le plaisir de chaque sens et aussi l'offrir. Sans les autres, je n'ai pas d'envie forte.
· Il y a environ 11 ans ·elisabetha
Rêveuse et optimiste tu restes Elisabetha, des états d'âme qui n'en a pas à un moment donné de sa vie, toi, ton optimisme prend souvent le dessus et sache que les plus grands écrivains et les plus grands poètes sont souvent des êtres tourmentés , qui donnent à ce moment là le meilleur d'eux-mêmes !!
· Il y a environ 11 ans ·marielesmots
"Il y a des jours si nombreux -ceux où la vie n'a d’intérêt que d'être vivant" . J'ai un texte que j'ai nomé "Il y a des jours comme ça'' .
· Il y a environ 11 ans ·Après on improsise . J'ai lu avec intéret ta version :)
Eddy G.N. Lane
merci de ta lecture si tu veux envoie moi ton texte.
· Il y a environ 11 ans ·elisabetha
http://welovewords.com/documents/il-y-a-des-jours-comme-ca
· Il y a environ 11 ans ·Eddy G.N. Lane
les pianistes font des gammes et progressent, si tu écris tous les jours tu progresseras aussi, pour ce qui est du monde... il faut le regarder comme il est!
· Il y a environ 11 ans ·CDC et je vais cliquer fort pour qu'il se mette!
yoda
merci pour le commentaire et le coup de coeur. Je n'ai pas forcément envie d'écrire tous les jours surtout quand le moral n'y est pas je n'écris pas.
· Il y a environ 11 ans ·elisabetha