Impulsion
laera
La jeune femme, assise en face du chef du personnel, baisse la tête d'un air contrit tandis que l'homme lui passe un savon. Il est rouge de colère et agite son index pour mieux ponctuer son discours. Agnès, risque sa place. Elle prend un air penaud et évite de regarder M. Destot qui lui fait la morale. Elle est mortifiée et elle a peur de piquer un fou rire nerveux devant le ridicule de la situation qu'elle a elle-même créée.
M. Destot l'a sort de ses pensées par une question :
- Mme Testu vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? Êtes-vous consciente que vous risquer d'être licenciée pour faute grave ! Pourquoi avez-vous frappé M. Blaser ? Avez-vous des excuses ou des explications à me donner ? Quels étaient vos rapports ?
- Je ne connaissais pas l'homme que j'ai frappé, avoue Agnès penaude.
Michel Destot est soufflé. En plus de dix ans de carrière, il n'a jamais été confronté à une telle problématique. Que faire avec cette employée ? Elle a trois ans d'ancienneté et son supérieur, avec lequel il s'est longuement entretenu, plaide l'indulgence. Mais l'acte de Mme Testu est inexcusable, frapper comme ça, apparemment sans raison, un collègue. Michel Destot ne peux pas laisser passer un tel comportement dangereux.
Agnès se délecte de voir la stupéfaction sur le visage de cet homme infatué. Elle ne sait pas pourquoi elle a fait ce geste, à la fois si petit et si plein de conséquences. Lorsqu'elle marchait dans les couloirs anonymes elle croisait beaucoup d'employés qu'elle ne connaissait pas. Des gens qui ne la saluaient pas et qu'elle ne saluait pas non-plus. Un jour une pensée a germé en elle : « Que se passerait-t-il si une fois j'en frappais un, en passant ? ». L'idée, née sous forme de boutade, a enflé, devenant une obsession. À chaque fois elle s'était retenue, pensant aux conséquences. Excepté ce matin, elle a croisé ce M. Blaser et sans préméditer, ni réfléchir, elle lui a collé son poing en pleine figure. Elle revoit la scène. D'abord, son air surpris puis il s'est plié en deux, tenant son nez. Il avait geint de douleur, les yeux pleins de larmes. « Je ne l'ai pas raté » s'était-elle félicitée en continuant sa route. Elle était retournée à son poste craignant la suite. Elle se sentait également euphorique d'avoir osé ! Malheureusement, rapidement, deux hommes de la sécurité sont arrivés et l'ont installée dans un bureau vide avec l'interdiction formelle d'en sortir. Puis au bout d'une heure, ils l'ont conduite ici, en face de M.Destot.
- Je pense que vous n'avez pas tous vos esprits, Mme Testu. Pour le moment je vous mets en arrêt maladie et j'EXIGE que vous alliez consulter le psychologue d'entreprise qui me remettra un rapport. Selon le rapport, ainsi que la teneur des excuses que vous allez transmettre à M. Blaser, on pourra étudier la possibilité de vous réintégrer. Si M. Blaser décide de porter plainte nous le soutiendrons. Il est bien évident que si, et j'insiste sur le SI, nous vous réintégrons vous aurez un blâme, pas d'augmentation ni de prime et qu'à la moindre incartade vous serez licenciée. Sans le soutien de votre supérieur ce serait déjà fait. Vous pouvez disposer !
- Oui, Monsieur, merci pour votre compréhension bredouille Agnès sous le choc.
Elle sort du bureau, les hommes de la sécurité l'accompagnent à la sortie. Ses sentiments sont confus, elle a une chance de conserver son poste! Elle est passée à côté de la catastrophe ! Une chose est sûre, suivre ses impulsions est plus drôle en imagination qu'en réel. Elle sait qu'elle n'est pas prête à recommencer.
Merci @archange pour ton commentaire et ton CDC
· Il y a plus de 11 ans ·@Napoléon Un grand merci pour tes compliments. Ce qui a été le moteur de cette scène entre la fille et son boss est la merveilleuse scène de Matrix ou Néo se fait engueuler dans le bureau de son chef et où derrière il y a un nettoyeur de vitre qui fait un potin monstre.
Je pense que tu as raison concernant la fin. Le texte y gagnerait. Encore un peu à travailler ! Moralité sort de ma tête !!!!! ;-)
laera
Celui-là, je l'avais lu (normal, c'était MON thème) mais pas commenté (non mais t'a vu combien de texte j'ai dû me farcir !! ;-). Alors je m'y colle maintenant.
· Il y a plus de 11 ans ·Comme je l'avais précisé dans mon post du Défi, ton texte était VRAIMENT en balance avec celui de Matt. Et mon choix s'est porté finalement sur le sien car tu avais déjà été primé la semaine d'avant... Il n'empêche que tu as tapé pile dans ce que j'imaginais au départ, le coup de folie incompréhensible et culpabilisante. Quoi qu'au niveau de la culpabilité, je me demande si la fin n'aurait pas pu être que finalement, péter les plombs, ça peut avoir des avantages par moment et, donc "pourquoi pas recommencer"...
Je me fends donc, a posteriori, d'un BRAVO de circonstance. Et merci aussi d'avoir joué le jeu aussi bien sur ce défi là.
(Ex Ghost Of) Napoléon Zér0
Comme les autres, j'ai apprécié ton texte. Comme personne, je me laisse aller à une pulsion logique > CDC.
· Il y a plus de 11 ans ·Archange Flippé
tres bon, combien de fois on a des envies comme ca, mais on ose pas et heureusement ou pas....bravo pour ce texte
· Il y a plus de 11 ans ·christinej
Merci pour vos commentaires sympas et poings-tus ;-)
· Il y a plus de 11 ans ·laera
Très brillante démonstration qu'entre envie, pulsion et réalité, il y a un poing... de non-retour (lol) ! Bien mené, bien écrit et très agréable à lire !
· Il y a plus de 11 ans ·matt-anasazi
Eh bien ! Si on se laissait tous aller à nos accès de folie, que serait le monde ? intéressant ^^ et pile poil dans le thème ^^
· Il y a plus de 11 ans ·octobell