Enfance

La Louve Et Le Sphinx


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Je cours dans tous les sens. Je sais qu'en rentrant, je vais me prendre une volée pour m'être vautré dans le bac à sable et pour avoir hypothéqué mes vêtements qu'il faudra changer dès demain. Je ris et je pleure quelquefois des grains jetés par mes camarades et qui viennent s'incruster sous mes paupières. Avec eux, je ne suis le roi d'un monde.

Dans cette immensité dunaire, je suis prêt à donner ma vie pour mes fidèles compagnons qui tout comme moi, se sont faits pirates, bédouins ou aventuriers de la croisière noire.

Me voici dès lors libéré dans cet univers à l'horizon pourtant bien gris. Le bouillon de culture m'apparaît bien plus salvateur que mon quotidien que je sens déjà étriqué. Je ne suis plus une victime. L'avenir m'appartient.

Il est  hanté par une douce folie. Capable de s'inventer de nouveaux mots. Incapable de patienter assis dans une salle de classe. Dès son réveil, il n'a qu'une hâte, celle d'oublier son interminable week-end à Fourmies. C'est pour cela qu'il s'éjecte de son lit comme un ressort. Bien avant que le punk ne vienne lui servir d'alibi, il en a déjà l'esprit, prêt à tout piétiner, à annihiler

Avec ma tribu, nous sommes déjà sur le chemin du cynisme et du reniement. J'ai bien ri de voir ma maîtresse, sans doute martyre d'un bourreau sentimental, s'écrouler en pleurs lors d'une lecture.

Deux regards.

Le mien qui découvre, insensible, la cruauté de ses semblables…

Le sien, horrifié de découvrir mon sourire déjà mature des désillusions de ce bas monde.

PetiSaintLeu

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