INSIDE, expo au Palais de Tokyo

Vous patientez pour retirer votre billet pendant qu'aux dessus de vos têtes d'autres se faufilent dans une structure composée d'adhésifs entre décor d'alien et cellule de corps humain. Claustrophobes s'abstenir, mais les points de vue à l'intérieur sont étonnants.
Attente…caisses un peu lentes… on rumine du noir comme celui de cet énorme rocher de papier sur votre gauche flottant dans les airs maintenu par une chaîne. Simple mais surprenant de beauté. Ayai j'ai mon tickai, direction la forêt de carton, résultat d'un travail herculéen très réussi, porte d'entrée d'un univers étonnant, déroutant, beau ou parfois hostile. Une pléthore d'œuvres pour une pléthore de tendances. On passe du coq à l'âne sans lui demander son avis à la pôv bête ce qui procure à chaque changement de salle des ruades d'émotions radicalement différentes.
Pour les parents la visite peut se faire avec des enfants bien que plusieurs espaces leurs soient rigoureusement interdits. La sécu vous saute dessus gentiment pour éviter cauchemars et séances de psy à vos bambins tout en vous indiquant le détour à suivre. Nickel monsieur Palais de Tokyo. Chacun pourra sans doute trouver son compte dans cet énorme bain de créations bien qu'à mon sens la qualité des travaux présentés est parfois inégale.
Coup de cœur pour Dran le graffeur à la bombe à l'envers qui investit toutes les surfaces d'un escalier. Une technique au résultat visuel étonnant. L'artiste met sa bombe à l'envers, en vide les 4/5eme, il en résulte non plus un spray, mais un jet concis de peinture dont le résultat visuel semble plus proche du pinceau ou d'un travail à l'encre de chine. Bluffant. Certes les dessins ou l'univers peuvent paraître un ti poil lugubres de prime abord, mais on s'aperçoit en observant les détails (Et ça prend du temps) qu'il y a beaucoup d'humour, de positivisme, d'insolence, de provoc' mais aussi de naïveté. Le peintre joue avec les mots, les expressions en les illustrant de manière décalée. Un pur bonheur graphique qui donne mal à la nuque parce qu'il faut regarder de partout, mais vraiment de partout, l'artiste étant plus que prolixe. Coup de cœur également pour ce sculpteur à l'argile grise qui modèle corps et visages inachevés rongés par une terre qui se dessèche. Sur plusieurs faciès vient s'imbriquer, enfoncé dans l'œil jusqu'à la joue, un morceau de bois rectangulaire. Beau, violent et étrange à la fois, en tout cas une réalisation qui peut faire beaucoup palabrer. L'enfer et le paradis sont présents dans l'exposition. L'enfer avec ce type qui gerbe baignant dans une espèce de… Enfin bon bref, et le paradis avec cette pièce blanche, baignée d'une lumière blanche et agrémenté de sculptures blanches à l'intérieur du dedans. J'écris paradis car c'est le premier mot qui vient à l'esprit et dans la bouche des visiteurs. Très agréable sensation de ne plus être sur terre en tout cas. Vous trouverez aussi du bizarre, du glauque, et du bof, mais ça c'est à vous de juger. Votre parcours initiatique inclus également quelques vidéos à la bill viola, d'autres hallucinées à la Dali ainsi que certaines scènes plus qu'étranges. Pourquoi ne pas prendre le temps de vous y poser même si parfois on est un peu dans le dur où tout du moins dans l'insolite première catégorie. Après avoir déambulé sur les deux niveaux du Palais de Tokyo la visite prend fin en passant sous le rocher noir aperçu en début de parcours. La boucle est bouclée et la visite terminée, vous bavardez encore et encore avec vos potes alors que pourtant vous êtes dehors… Signe de réussite d'une exposition pertinente et étonnante.