J'ai mal

  J'ai mal de tousser de la fumée noire et de toucher des rêves irréalisables. De vouloir toujours toucher de l'or, et des diamants. D'aimer le combat plus que la paix.

  J'ai mal d'aimer ce qu'on ne peut plus aimer. De croire en des choses qui ne seront jamais crédibles. J'ai mal de ma naïveté sur un monde qui s'obscurcit chaque jour.

  J'ai mal quand, tout au fond de moi, je voudrais sourire, mais je n'y arrive pas. S'affiche alors mon teint blafard que même un blush ne masquera pas.

  J'ai mal de croire que mes larmes sont des armes, elles sont juste bonnes à creuser mes joues de grandes rivières à grandes crues. J'ai mal de croire qu'un sourire est toujours bon.

  J'ai mal de savoir que t'es loin, et que de toute façon, même si j'avais parcouru l'univers entier, tu ne me reviendrais pas. Croire et espérer, ça fait mal. J'ai mal de savoir que ma vie avec toi, je ne l'aurais pas.

  J'ai mal d'entendre le rire des gens sur le malheur des autres. L'hypocrisie qui devient une qualité plus qu'un vice. Le jeu encore, jusqu'à détruire, jusqu'à la mort. J'ai mal pour ces personnes et ces êtres qui n'ont jamais rien demandé d'autre qu'être aimé. Même l'amour, il s'est envolé.

  J'ai mal de ces maux qui s'amplifient chaque jour un peu, et qui ne veulent pas se terrer dans un maudit silence, qu'on prendra pour de la faiblesse.

  J'ai mal d'être faible, de tomber amoureuse, de devoir recoller les morceaux d'une déchirure, de devoir tout réapprendre, chaque fois, à chaque faux pas.

  J'ai mal de l'être humain qui pousse les mers à devenir des étendues de sang salé. J'ai mal de la terre qui ne sait plus si c'est encore bon, de se revigorer.

  J'ai mal de la vie. Mal à la vie. Mal au cœur et mal à la tête.

  J'ai mal de tout, et seuls, les mots m'apaisent un peu. De temps en temps. Jusqu'à l'épuisement.