J'ai un faible pour les profs de Français

mat_lartnak

J'ai toujours eu un faible

pour les profs de français

Tous les livres qu'elles ont lus

Tous ces mots qu'elles connaissent

Ce qu'elles ont comme allure

Je les veux pour maîtresse

Je voudrais qu'elles m'apprennent

A se jouer de la langue

Les figures rhétoriques

Avec leurs noms étranges

Anacoluthe et chiasme

Sans doute paronomase

Tout un monde de fantasmes

Qu'elles citent avec emphase

Alors que d'mon côté

J'peux pas les imprimer

Et même si j'prends des notes

Ca veut juste pas rentrer

Une vrai tête de litote!


Quand elles te disent tout haut

Qu'en matière d'orthographe

Y'a pas matière à rire

Là je fais profil bas

Me d'mande si c'est pour moi

J'ai pourtant relu c'mail

J'l'ai même relu deux fois


J'ai un faible pour les profs de français

Elles me résistent, moi l'Don Juan

Elles me fascinent, moi l'fainéant

Quand elles t'avouent du bout des lèvres

N'avoir pas fini guerre et paix

Je réponds alors d'un air mièvre

Pourtant il n'était guère épais


Elles me font un sourire

En opinant du chef

D'un air compatissant

Et je sais ce qu'elles pensent

Que je ne suis pas près

D'être le nouveau Bazin

Pas non plus d'Artagnan,

A peine se brave Scapin

Vrai qu'il est attachant

Même s'il est un peu con

Je suis pratiquement sur

Que là, elles parlent de moi


J'ai toujours eu un faible

Pour les profs de français

Pour leur côté guindée,

Pour leur côté coincée

Mais faut pas s'y tromper

Sous leurs airs un peu niaises

D'accroc d'la langue française

Elles ne rechignent pas

A se lire sous les draps

Un bon marquis de Sade

Ou même un Manara

J'les vois v'nir les coquines

A taquiner la…. mine

J'les vois v'nir les coquettes

à jouer avec la... lettre

S'inventant des histoires

Où le noeud de l'intrigue

Est bien sous la ceinture

Des légendes peuplées

De centaures, de Satyres

Aux puissantes senteurs

Qui enlèvent ces Sabines

Et vont leur faire subir

De délicieux sévices


J'ai toujours eu un faible

Pour les profs de français

Oh mon dieu c'qu'elles sont belles

Quand elles me parlent comme ça

De roman, d'aventure

De sentiments humains

De peaux pleines de chagrins

Ca m'gratte aux entournures

Et j'en perds mes moyens

Depuis le cours moyen

J'espère qu'elles oublieront

Cette sale répétition


Faudrait pas tout gâcher

C'est vrai ce s'rai dommage

Donc pour narrer la suite

Je tenterais un hommage

Essayant de me fendre

De quelque alexandrin:

Après de longues heures de drague maladroite

Que je touche au bonheur du bout de ma main moite

Quand finalement j'accède au fruit de mon désir

C'est l'angoisse qu'elles décèlent au fond de mon iris

Dans la chambre à coucher je n'en mène pas large

Ces chef- d'œuvres alignés me font déjà ombrage

Ils attendent de moi que je sois un héros

Que j'honore leur maîtresse en respectant Hugo

Moi ca m'coupe mes moyens

Depuis le cours moyen

J'espère qu'elles oublieront

cette sale répétition

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