Je suis devenue grise

C'est comme si un souffle froid se glissait dans ma nuque, à défaut de ta main qui s'y glissait si aisément.

Tu n'es plus là mon amour.

C'est triste, c'est froid, c'est vide, c'est fade. Même mes rimes sont mortes. Le Diable frappe à ma porte. Je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur, cette histoire.

Née d'une amitié, amour naissant, amour détruit, de mes propres mains.

Il faisait chaud lorsque nous nous sommes séparés. Trop chaud, je transpirais, et ma sueur se mêlait à mes larmes.

C'est vide là. Tout autour de moi, les murs sentent le vide, mes mains n'accrochent que du vide, mes sourires sont amers et mes larmes n'ont de cesse de couler.

Tu me manques. Et, je te manque.

Amour impossible sous les paupières. Comme un automatique sous l'arcade sourcilière.

Je pointe mon arme sur l'amour, tu prends mon arme, c'est mon tour.

On s'est tué en même temps. On s'est achevé dans l'espace-temps. On s'est séparé, c'est épatant. Certains diront « il était temps. » D'autres auront ce sourire gênant en voyant notre tristesse. Ma douleur fait la une de ma presse. Gros titre, en gras, en noir. «  Léa souffre. »

Mais après tout, qu'est-ce que cela change à d'habitude ?

Les oiseaux continuent de voler bas dans la ciel, les avions continuent de se crasher, mon chien continuer d'aboyer et mon chat est toujours aussi sauvage. Sans parler des catastrophes humaines ou naturelles qui se battent en duel. Et jusque dans le fin fond des ruelles, mon âme ruisselle de sentiments à ton égard. Et dans chaque parcelle de mon être, je sens monter les décibels de ma tendre douleur. J'en perds mes couleurs, mon odeur de bonheur, je ne ressens même plus le besoin d'aller cueillir mes coquelicots ni même mes marguerites.

Je suis devenue grise.