J’étais bourré hier alors j’ai écrit ça ce matin pour faire passer ma gueule de bois
bis
Et la chanson me faisait mal. Ses notes m’assaillaient, tentaient de me faire sortir de ma gueule de bois. Mais je n’avais pas envie. J’étais encore sonné, reliquat de l’ivrogne d’hier.
J’appréhendais souvent les choses. Et la chanson faisait « where is my mind ». Et je voulais me tuer de colère et de noir pour connaitre les rêves d’un cadavre d’enfant. Garage maudit et bouteille d’alcool jauni. J’entubais mes sentiments, leur soutirait le fric clinquant de mon désarroi pour écrire la matière du sombre intense. Faut-il vomir un mot pour un impact plus puissant ? Je me demandais aussi pour la saison de ma joie retrouvée. Normalement pile dans un champ de plaisirs éclos.
Je te déteste, je te déteste ! De ton talent, de tes critiques et ta diatribe. Mes textes sont bons. Cesse de me dire non, cesse, cesse, cesse, tu me blesses. Je ne veux pas t’entendre ! Je veux juste à m’y méprendre m’écraser sous les notes et le « hey » itératif de la chanson. Je veux juste entrer tout entier dans des textes à chialer. Dans des textes pour rigoler. Me nourrir de la solitude des déments. Parfois dire bonjour aux passants. Et plonger de nouveau dans la chanson qui fait « hey »…
Ce passé empourpré, ces mains empourprées, puis ma guitare infidèle. Elle fait les yeux doux aux musiciens. SALOPE ! JE T’AIME ! NE ME QUITTE PAS SI JE T’AIME !
Elle fait la douce aux yeux des gens. Elle fait semblant. Ses cordes iréniques feignent d’approuver les notes dissonantes. Dysrythmies, fausses notes et bémols tronqués. Rien n’y fait, je n’ai pas l’argent pour son ventre d’échos alléchants. Et doucement elle s’en va. Et sonne pour moi le glas, et tremblent veines et larmes vaines au sonnant exil de ma gracile idylle.
TUE-MOI, TUE-MOI avant de partir. Je suis un martyr de ton amour en tonalités excentriques, incapable du moindre rien sans ta musique. Je suis un raté plein d’alcool en vérité blessé par l’absence de tes bémols. Je m’affole de te voir fuir au loin, vers ce nouveau musicien. Je crève d’envie inassouvie, je crève d’une tension de jalousie. Pour toi vers lui et moi sans tes cris.
Mais elle s’en va contre mes hurlements. Et moi je meurs intérieurement. De voir ma guitare partir. De voir son amour se flétrir. Tandis que le mien devient le plus grotesque de tous les souffrir.
A mes yeux d’orage, à ma rage, à mon impuissance et sa partance.
Et la chanson faisait « where is my mind »…
En même temps j'aurais pu deviner plus tôt que ce texte et un adorateur de Kenzo avait un lien. Le sens brut des mots... on ne peut pas classer ses coups de coeurs mais y a des textes que je n'oublies pas. Comme les passages d'un bon bouquin.... tu feras parti de ceux là.
· Il y a environ 11 ans ·cerise-david
Une femme peut nous quitter, mais une guitare reste toujours fidèle...
· Il y a plus de 11 ans ·arthur-roubignolle
Putain, la claque ... J'ai encore la marque des doigts sur ma joue :)
· Il y a plus de 11 ans ·Merci beaucoup Bis, vraiment bravo !
rafistoleuse
Merci à tous :)
· Il y a plus de 11 ans ·@ Cerise David: Tu m'apprends quelque chose, je ne savais pas que l'on pouvait classer ses coups de cœur :o
@ Jackal D.Joke: Bwahaha collègue Joker. C'est Batman qu'est trop canon! :p
bis
Ah oui oui la vache !!! Y'a rien à dire de plus que ce qui a déjà été dit, mais vraiment, c'est magistral ! Du grand grand texte ! Et ça ne se lit pas, ça s'entend !
· Il y a plus de 11 ans ·octobell
Je suis scotchée. Chose rare. Je suis accroché a certains uppercuts pris en pleine poire. Je vais partager a des gens qui apprécieront. Sans aucun doute. Chose que je ne fais jamais. C'est pour dire. Je vais relire. Ca aussi c'est rare et décortiqué. Parce que c'est beau et fort. Écris justement a perdre haleine... cdc. .. et bien mérité
· Il y a plus de 11 ans ·Top liste de mes plus belles lectures.
cerise-david
Merci merci c'est sympathoche :D
· Il y a plus de 11 ans ·bis
entre "le « hey » itératif de la chanson" et "ton amour en tonalités excentriques" se trouvent autant de pépites improblables que de phrases ultra courtes et dont l’enchaînement est percutant. J'aime beaucoup ce style.
· Il y a plus de 11 ans ·Et pour qui s'est déjà essayé au texte chanté, celui-là transpire autant le slam que l'haleine d'un AA celui de vieux relents d'alcool. Et en passant, si l'autre con(ne) n'aime pas, dis-lui d'aller se faire voir (au minimum :-) et reste dans le coin avec nous, parce qu'ici tu sera toujours bien accueilli.
A bientôt.
(Ex Ghost Of) Napoléon Zér0