Jouer

Jouer à se marier, moi je ne joue pas à ça, même pas en rêve, je veux rester libre mais qu'est-ce que ma liberté? Sauter dans le lit de mes parents, sentir qu'on a encore huit ans à un âge avancé, maîtriser l'orthographe, ça me plaît. Ecrire sur un cahier ou l'ordi tout en écoutant de la musique, donner les couleurs de l'arc-en-ciel à la liberté, lui donner un aspect éthéré comme l'air, le ciel là-haut dans les étoiles en plein jour. Faire des gestes amples, non retenus, prendre du recul sur des problèmes difficiles, emberlificotés autour de mille paramètres plus ou moins pertinents.

Courir après le ticket gagnant comme un cheval pris dans un fol emballement, une course pour jouer avec son adrénaline avec les clameurs d'un public passionné. Mettre du sparadrap sur des genoux écorchés par la vie, jeter un voile pudique sur un bonheur intime, confidentiel, j'écris, j'écris, des choses peut-être insensées, non maîtrisées emportée par un fourmillement d' idées qui se courent après. Etre prise d'émotion à l'écoute de paroles savamment mariées entre elles, apprendre la musique, en parler comme d'une amie qu'on connaît bien. 

Jouer à se marier, à sauter dans le lit des parents, entrer dans une danse pour avoir l'impression de vivre, mais la vie c'est la danse elle-même, et nous n'en avons pas conscience, on se laisse berner par l'arbre qui cache la forêt. Choyer l'enfant qui est en nous, lui rendre sa liberté pour qu'il vive encore, l'enfance est une présence que je sens bien même à un âge avancé. Pas si avancé que ça j'en conviens, j'ai la moitié d'un siècle et des poussières, souffler dessus, les faire disparaître comme le sable dans les baskets au retour de la plage.