Jouir sans entraves

rocheponthus

Elle était juste là, accoudée au bar du sous-jacent. Aguichante et  perverse, le cul en arrière, promettant ses yeux mouillés à quiconque les lui demanderaient. Cela a été comme un flash, j’ai vu ses doigts faire gonfler mon sexe, sa langue s’enrouler, m’avaler, la moiteur de son vagin, le goût de son sel. Je l’ai prise sur place, dans les chiottes, au milieu de la merde environnante, sans respect pour son hygiène, je l’ai baisé par méprise, par derrière, pour vomir.

 

Son parfum flotte dans ma tête, d’ordinaire âcre l’atmosphère y est maintenant suave. Elle n’est plus là, - combien de temps suis-je resté dans ce coma extatique ? – mon pantalon gît à mes pieds, je tente de faire disparaître sa trace de mon bas ventre, je me rhabille et disparaît.

 

Sentiments contrariés d’une union impossible, je suis piégé par son souvenir. La nuit s’annonce, rude, mon âme au bord des lèvres je tente la fuite. Peine perdue je suis condamné par mon acte.

 

Je suis une bête blessée, naguère parangon de la vertu je me découvre la proie de mes frustrations, de mon addiction à dieu. J’ai consommé un matériel illicite, un autre sens se révèle à moi ; la libre jouissance.

 

Mon corps éructe de plaisirs nocturnes non maitrisés, encore coupable au matin, j’attends le soir pour m’imbiber sous couvert d’inconscience … - Reset -. La bride se tend, se déchire, je retrouve mon amante au détour d’un songe, je l’appelle à plus de réel, la contraint à me rejoindre dans l’orgasme de vie, l’aube se lève enfin pour moi.

 

Elle est pratiquement nue, adorablement endormie, sa peau en attente, l’âme en sueur. Je suis l’amant qu’elle espère. Je la vois s’offrir, inconsciente, je lui murmure mon amour, la pénètre. Je m’engage doucement, laisse le temps à son corps de m’accepter, émerge au bout de son sexe, décharge électrique orgasmique. Je jouis avec elle, sens résonner jusqu’au dernier spasme de ses entrailles.

Je quitte ma communauté, les doigts se tendent et me désigne, peu m’importe, je m’ouvre au plaisir d’être, la chaire en point de mire, en révélateur d’une imposture. Adieu missionnaire, bonjour Kâma-Sûtra … je savoure son corps à la première personne du pluriel, je suis heureux.

Déjà trois mois que j’ai posé mes lèvres sur les siennes. - bilan – De m’être suicidé, d’être devenu invisible à la bête ne me donne pas l’impression d’avoir remplacé une addiction par une autre, ma vie est simplement différente. Elle est en moi comme je suis en elle, non pas dans la fusion narcissique de deux solitudes mais plutôt dans la communion de deux âmes retrouvés, originelles et originales, intraitables.

Je ne m’embarrasse plus de la religion, j’ai dieu en prise direct. Chaque soir il m’offre un coucher de soleil sur Venise, - nuance de lumières - pour au matin me rappeler que l’amour pour s’épanouir, doit, non pas se répéter mais éternellement se réinventer.

  • Layla... Il y a une progression quand même entre l'image sale du début et la position de l'auteur à la fin. J'aime plutôt pas mal ce texte moi, même si à faire des premiers paragraphes aussi bon, on prend un risque, celui de faire plus aussi bon pour la suite. Rochepontus, je pense que tu peux récrire ce texte avec autant de vigueur tout du long, si tu en as le temps. Le propos et le style j'adhère. J'aime aussi l'intrusion de la religion dans la sexualité (ou inversement).

    · Il y a environ 12 ans ·
    Rat3 54

    Léo Noël

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