La barrette bleue. Souvenirs d'outre-Espace, deuxième chapitre.
astrov
Mais je ne vais pas rester à la regarder grossir, cette boule malsaine, maintenant on dirait un ballon de foot, rose gluant, quand on sait de quoi il est fait, les Lens innombrables qui y sont agglutinés, pas envie de taper dedans, même du bout du pied. Berk !
Et voilà ma libido qui me téléphone (on a une ligne directe, elle et moi, hotline en quelque sorte) et me chuchote que, bon, alors, les rousses ont toujours été mon délicieux fantasme, peu importe qu'elle vienne de (très) loin, étreindre une Extraterrestre qui est tout à fait consentante et offerte, oui ! Je tente de lui opposer ces Lens bizarroïdes et inquiétants, mais ma Libido balaie l'argument: Peu importe, fais confiance à Sophie, et de toutes façons, en cas de conflit avec cette Civilisation techniquement bien supérieure à nous autres, on n'a aucune chance, alors autant collaborer ! Elle est subtile, ma Libido, un peu lâche, amorale.
Et convaincante. L'envie, le Désir me viennent. Tant pis pour la boule rose frémissante, respirons à fond. Je vais au vaisseau, dont la porte s'ouvre à mon approche.
Un couloir bleu qui génère sa propre lumière, et le rire de Sophie pour me guider à sa petite cabine douillette. Assise sur une sorte de divan bien sympa, elle se lève, m'embrasse, toute en délicatesse et me fait comprendre qu'il m'appartient de la débarrasser du jean (voilà !), du polo (c'est fait !), sous-vêtements (simple formalité). A moi, maintenant (hop !).
Nue, elle me contemple nu, apprécie d'un joli soupir mon hommage sincère qu'elle vérifie manuellement (scientifique, l'extraterrestre !). Tout contre moi, elle demande avec timidité: "Je garde ma barrette bleue ?"
D'un clic, je la retire, la barrette (jamais entendu un clic plus délicieux), la pose sur une petite table. Sophie est dans mes bras. Avant de laisser la joie nous dominer, j'ai encore un peu de conscience pour réaliser que des Lens sont en moi et que...
Sophie chuchote: "Ben oui, Edouard. Ils sont inoffensifs, mais bavards. De retour sur ma planète, ils me révèleront tout de tes émotions." Bien !
Ce qui nous importe, à cet instant: Aimer, vertige, offrande, mots et caresses, échange.
Union.
Bien plus tard, nous retrouvons calme et lucidité sur le divan. Sophie est attentive en me regardant, observatrice des réactions terriennes au tumulte érotique ? Elle se lève, sans se rhabiller, sauf sa barrette qu'elle remet avec décision, et court dehors, je la suis en même tenue. Les oiseaux sont émus, choqués par le spectacle.
Où en sont les Lens ? ! Dieu(x) ! Je suis stupéfait. Elle avait raison, mon amoureuse lointaine: la boule rose est géante maintenant, au moins huit mètres de diamètre, frissonnante, le bourdonnement diminue, puis s'éteint. Sophie semble ravie, elle chantonne (douce voix sensuelle): "Et voilà, mes Lens, fin de votre mission terrienne, vous êtes tous là, y compris ceux d'Edouard mon amoureux." Consulte un écran pour s'assurer que tout est en ordre...
Et son ton change d'un coup.
Plus aucune sensualité, c'est une technicienne qui constate avec froideur: "Non. Pas tous. C'est quoi çà ? Qui manque à l'appel ?" Elle me regarde sans complaisance et affirme: "Il en manque. Très peu, vraiment très peu, mais c'est déjà trop". Mais, c'est qu' elle m'engueulerait, la Visiteuse ! Non, elle reconnait: "Pardon, tu n'y es pour rien. Viens, regarde l'écran, une carte de votre Terre. Le point rouge, c'est l'endroit où les Lens manquants sont encore. Tu connais l'endroit ?"
Nous sommes tous deux nus, hein ! C'est donc nu que je me penche sur son écran. Peu à peu je localise les continents, les pays, les lieux. Je demande: "tu peux agrandir ?" Autour du point rouge ça se précise:
La Chine.
L'image s'agrandit encore, çà y est.
Wuhan.
Sophie ne me quitte pas des yeux, elle veut comprendre. Je lui explique le pays, la ville. Peut-elle agrandir encore ? Oui. Une série de bâtiments. Elle pousse l'image et constate: "On lit: laboratoire. Les Lens sont dans ces locaux, prisonniers dans ce laboratoire. Qu'est-ce qu'ils ont foutu, les Terriens ? Ils jouent avec leur vie, votre vie à tous. "
Je hasarde quelques mots un peu confus: "Les Lens sont inoffensifs, tu as dit."
"Inoffensifs quand on leur fout la paix, quand ils ont la simple mission d'observer et d'enregistrer, quand ils ne sont pas menacés dans leur existence. Comme tout être vivant. Ma planète les utilise depuis des millénaires, Il ne nous viendrait pas à l'idée de les emprisonner. Ils sont graves, tes Terriens !"
Elle s'énerve. Nue, mais elle s'énerve.
"Ce ne sont pas mes amis, Sophie. Je ne les connais pas, ni le pays, rien. Les Lens peuvent être agressifs en pareil cas ?"
"Très dangereux, Edouard. Attaqués, capturés, leur capacité de défense, de nuisance, de multiplication augmente de façon démesurée." Elle s'apaise, vient dans mes bras: "Encore pardon, je m'inquiète pour toi. L' endroit où sont ces quelques Lens te semble loin. Pas pour eux. Seule solution: les détruire, mais comment, je n'en sais rien. Sur ma planète, nous vivons en parfaite harmonie avec eux. Oui, vous devez les détruire ou plutôt les envoyer dans l'Espace, le vide intersidéral, ils se calmeront. A part cela, je ne vois pas. Il te faut convaincre ces Terriens irresponsables, vite. Votre Humanité est en réel danger. Moi, je n'ai pas le droit d'intervenir"
Ben voyons, fastoche. Je vais courir là-bas pour dire aux gens du labo qu'une jolie extraterrestre toute nue m'a expliqué que des créatures façon virus inoffensifs sont dans leurs éprouvettes, mortellement en colère, qu'ils vont devenir des virus très offensifs si on ne les colle pas dans une fusée pour les envoyer le plus loin possible. Crédible, quoi ! Je l'explique à mon amoureuse qui comprend, mais:
"Edouard, je ne peux pas leur dire moi-même. Toi, tu a accepté notre rencontre et réagi de belle façon." Elle sourit, cils baissés: "très agréable façon, Monsieur. Mais les Terriens dans leur ensemble ne sont pas encore assez adultes. "
"Qu'en sais-tu, Sophie?"
"Depuis que vous avez fait vos conneries atomiques, Hiroshima, Nagasaki,Tchernobyl, Fukushima et tout çà, Edouard, on se méfie de vous dans les galaxies." Elle a parlé vulgairement pour bien marquer son propos. Je tente un dernier essai: "Peux-tu les récupérer, ces Lens, avec votre technologie ?"
Elle me regarde comme si j'avais dit une grossièreté: "Je ne suis pas suicidaire, gentil Terrien. Ces Lens se savent prisonniers, leur rage est lancée, ils commencent sans doute à se multiplier. Maintenant, plus vous serez loin d'eux, plus vous aurez des chances de vivre vieux. Je vais remplir ma mission, placer la grosse boule rose dans la cale de mon vaisseau et décoller. Mais d'abord, me rhabiller, fais en autant, je suis si triste de te quitter après le bonheur de notre union. Je reviendrai vers toi, Edouard, vite, dès que la Terre aura éliminé ce terrifiant danger des Lens enragés. Fais ce que tu peux !" Le baiser qu'elle m'offre est sincère.
Je la regarde télécommander à bonne distance la boule poisseuse qui entre, docile, dans la cale.
Sophie m'embrasse encore. et murmure à mon oreille: "Je te fais confiance. A bientôt. Dis, je t'ai laissé une enveloppe, sous le grand chêne derrière toi. Que les dieux te bénissent."
Elle entre dans le vaisseau. Quelques secondes de silence, puis le ronronnement qui avait marqué son atterrissage revient, mais plus intense. L'immense pyramide quitte le sol doucement. Parvenue un peu au dessus des arbres, elle se colore de rouge sombre, bondit, file vers le ciel et disparait. Les oiseaux reprennent leurs bavardages. Je ne vais pas pleurer ? Ben, si, un peu.
Ah, le chêne, l'enveloppe. Il y a un papier dedans, d'une bizarre texture. Ecriture fine et douce. Je lis: "Essaie au mieux de sauver ta planète, gentil Edouard. Si ce n'est pas possible, protège-toi, les Lens en colère ne te connaissent pas et ne vont pas te chercher. Laisse passer l'orage, qui sera très violent, crois-moi. Je reviendrai. Dans l'enveloppe, il y a un cadeau. Amour et tendresse de Sophie des Etoiles".
L'enveloppe. Je regarde le cadeau:
La barrette bleue.
Epilogue ?
C'est loin, depuis fin août 2019. L'orage a été, oui, d'une terrifiante brutalité. Les Lens se sont vengés de la stupidité de quelques Terriens. J'ai essayé, pas assez, de parler autour de moi en commençant à raconter mon aventure et montrant la lettre de Sophie. Cela n'a servi à rien. Impossible d'en dire le dixième, avant de crouler sous les rires et moqueries, menace de me faire interner. J'ai renoncé, entre tristesse et humiliation. La pandémie se calme. Ma rousse Amante va revenir.
Vous m'en voulez ? C'est un peu facile.
Quand il était encore temps, pourquoi ne m'avez-vous pas cru ?
Edouard Huckendubler
Ah oui ! Cette nouvelle en deux chapitres, écrite en avril 2022, vient de ma seule imagination férue de fiction et de bizarres hypothèses. Rien d'autre !
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alô Édouard - je ne sais trop pourquoi je me sens concernée (hihi) - c'est une saga - en toile de fond - une petite approche extraterrestre - mais elle ne sert qu'à noyer un autre discours - un duo en balan sur pont d'un fleuve lancinant mais.. tranquille Bisous et à +
· Il y a plus de 2 ans ·suemai
Grand merci Dame Sophie, et pour le coup de coeur ! Bises niçoises !
· Il y a plus de 2 ans ·astrov
Je t'aurais crû moi ! Bravo ! Joli texte !
· Il y a plus de 2 ans ·sophiea
J'attend le retour de Sophie des Etoiles pour lui mettre la barrette bleue ! Mais, avec la guerre à nos portes, le climat qui part en vrille, comment juge-t-elle les Terriens
· Il y a plus de 2 ans ·astrov
Génial et passionnant!
· Il y a plus de 2 ans ·C'était couru, c'est forcément un coup des extraterrestres.
Christophe Hulé
C'est des scientifiques terriens idiots qui ont embêté des Lens pacifiques ! Faut pas gonfler les Aliens !
· Il y a plus de 2 ans ·astrov