La bourde
petisaintleu
Elle était assise, le nez collé dans un roman acheté au Relais H de la gare Saint-Lazare. Un ouvrage alambiqué, baroque, un style qu'elle adorait. Il l'emmenait dans des lieux et des époques improbables, de la guerre de Quatre-vingts ans des Pays-Bas, en passant par l'Île Sentinelle du Nord ou par le Point Nemo.
Elle perçut sa présence, inquiétante. Ça recommençait ! Elle maudissait son 95 D et sa blondeur. C'est vrai qu'elle était sexy et plutôt jolie mais, à chaque fois qu'elle pénétrait dans une rame, c'était la galère. Des yeux lubriques se focalisaient à la hauteur de son torse, des mains baladeuses s'égaraient sur sa peau.
Elle se remémora le matin où elle se fit traiter de salope sous prétexte qu'elle exhibait sa beauté en portant une robe courte légère. Dans un réflexe d'auto-défense, elle enfonça ses ongles dans le bras de l'agresseur qui pelotait ses fesses avec, pour seul soutien, des rires à gorges déployées.
Depuis ce jour, elle abandonna les chemisiers échancrés ou tout autre habit affriolant. Pour passer inaperçu et avoir la paix, elle essaya les pulls en laine. En plus, de la transformer en sauna ambulant, l'effet recherché était l'inverse de ce qu'elle espérait. Elle fuyait les prunelles qui se fixaient sur elle et dessinaient mentalement des paluches dégueulasses caressant la rondeur de ses seins. Elle en avait des hauts le cœur. Elle s'était alors choisi un manteau en forme de sac qui réprimaient les ardeurs fantasmées.
Lui, il faisait pire que les autres, bien plus vicieux avec son air de ne pas y toucher, ses lunettes en écailles et son côté très convenant. Il lui rappela le patron de son père, ses pattes poisseuses et son haleine fétide. Il l'avait coincée dans les chiottes de la salle des fêtes louée à l'occasion de l'arbre Noël de l'entreprise. Son papa n'obtint jamais la promotion promise. Elle avait préservé sa dignité en marbrant de ses doigts la joue de ce connard.
Elle bouillait. Ses mains se mirent à trembler et ses pupilles se dilatèrent. En face d'elle, il souriait béatement. Une putain d'envie de lui cracher à la tronche, de lui vriller les testicules jusqu'à l'évanouissement, l'obsédait. Ce qui l'énervait, c'était son air torve. Apparemment, les voisins avaient remarqué son petit manège, elle savait d'ores et déjà qu'il était inutile de compter sur eux en cas de problème. Ils préférèrent pianoter avec frénésie sur les écrans de leur Smartphone, comme s'il s'avérait vital de battre leur record à Candy Crush.
Quelques mois plus tôt, elle avait pris des cours de Viet Vo Dao, elle avait saisi qu'une femme devait avoir une arme secrète. Elle respira lentement en se disant que s'il prenait l'envie à ce malade d'un corps à corps, il allait être servi, un bon Da canh et il comprendrait le sens du terme faire un pied de nez !
Elle scruta les stations qui lui restaient, encore deux et elle sortirait de ce merdier. Elle ne voulait qu'une , reprendre la suite de son histoire, désireuse de découvrir ce qui allait arriver à son héros.
Quand les portes s'ouvrirent, elle fila à toute vitesse mais elle sentit que quelqu'un la suivait. En se retournant, elle le reconnut instantanément. L'angoisse la tenaillait, ce devait être un déséquilibré, un pervers, un assassin !
Elle pressa le pas jusqu'au Louvre évitant les ruelles sans passage, vérifiant toutes les dix secondes s'il était encore là. Il la prit en filature avec nonchalance, toujours ce sourire à la con aux lèvres. Elle se faufila dans une marée de touristes, elle resta planquée un moment, elle attendit qu'il dépasse la foule. Elle remarqua qu'il la cherchait puis, il s'en retourna, bredouille.
Enfin, elle allait pouvoir se poser au jardin des Tuileries pour terminer son livre. Elle avait trouvé judicieux de s'immerger en cet endroit afin de ressentir les sensations du protagoniste. Elle s'était dit qu'une fois terminé, elle irait voir en vrai, les toiles décrites « Cour de ferme avec des Mendiants » de Van Dalem « Magdalena Bay » de François Biard, elle était fascinée par l'œuvre qu'elle tenait entre ses mains.
Alors qu'elle errait dans les lignes, une voix la fit sursauter.
— Alors, ça vous plait Mademoiselle ?
Elle leva la tête et sentit ses muscles se bander, prête à lui sauter au cou
— Je te préviens Ducon, encore un mot et je te donne ma parole que tu te rappelleras de moi toute ta vie.
Calmement, il l'invita à regarder la quatrième de couverture, tout en ôtant ses binocles. Elle scruta la photo de l'auteur, puis l'étranger.
— Oh ben merde alors ! Vous êtes Christophe Petit !
— Pardonnez-moi, j'ai pu vous paraître quelque peu insistant, mais mon livre n'est sorti que la semaine dernière et, ça m'a fait drôle de voir quelqu'un le lire.
— Bien sûr, je comprends mieux maintenant. Excusez-moi, j'ai cru que j'étais tombée sur un gros lourd, voire un meurtrier ! Merci de me faire sortir du flou !
Ils échangèrent longuement. Dès lors, ils devinrent les meilleurs amis du monde et il l'honora régulièrement en lui réservant la primeur de ses écrits en souvenir de leur rencontre.
Arthur...MDR excellent et oui on y a tous pensé... Enfin moi non parce que ma meuf lit mes coms
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
En privé, j'ai des anecdotes que je n'a pas encore couché dans une chronique !!
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Bon, la meuf de Christophe Paris. Si tu veux venir boire un café avec un écrivain qui a une belle plume ...
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Bah moi c'est une grosse plume pour ça qu'elle reste :)
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Mais oui, mais ce n'est pas la grosseur de la plume qui fait l'écrivain. Encore faut-il savoir la tailler pour la faire glisser sur le papier. Et toc, estoque !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Ah mais c'est kesske je fais mais le papier ça gratte j'préfère la soie de peau de ma copine, stop readind playboy en cachette le petit saint :) suis MDR bises, tome to feed m'y monstres bises
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Time ...oups
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Je prie pour toi mon frère. D'ailleurs, je vais attaquer de ce pas une chronique sur saint Paul, pas celui du Marais.
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Dire qu'on écrit que pour ça, pour qu'un jour ceci arrive...Rêvons rêvons...
· Il y a plus de 9 ans ·arthur-roubignolle
Quoi ??? Tout ça pour un 95 D ???
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Ben j'adore...
· Il y a plus de 9 ans ·arthur-roubignolle
Ah, moi qui voulait te caser une cousine philippine de mon épouse, c'es pas gagné !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Bien joué, de plus un St leu est dans le 95.
· Il y a plus de 9 ans ·yl5
Vi, j'y suis né !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
C'Petisein ne recule devant rien... :))
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Couvrez ce Petit Saint Leu que je ne saurais voir !
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
et saint nitouche...
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Tout à fait.
· Il y a plus de 9 ans ·petisaintleu
Oui, enfin ça dépend des moments... LOL
· Il y a plus de 9 ans ·J'aime beaucoup cette rencontre...
veroniquethery