La chronique de la braguette

vikochenko

L

a braguette est à la brague ce que la côtelette est à la côte : une petite. Mais la brague se fait rare de nos jours. Nous parlerions aujourd’hui de culotte. Ceux du Moyen Âge, qui rappelons le n’étaient pourtant pas encore des sans culottes, portaient des bragues donc. Certains avaient emprunté le mot aux provençaux et parlaient de braya quand d’autres avaient préféré la version latinos, par fierté peut-être, en utilisant braga, du latin braca donc, qui donna en français la braie, histoire de mettre tout le monde d’accord.

Il faut dire qu’en même temps, même la braca (bracae au pluriel) empruntait son orthographe et son sens aux grands et valeureux gaulois. Parce que les romains de l’époque avaient beau être des costauds dans des beaux costumes, ces costumes là étaient amples et sans coutures quand les vêtements des gaulois consistaient en chausses, caleçons et autres culottes. Ils s’en moquèrent bien au début, de notre braie nationale. Mais comme le monde entier ils durent bien affirmer son utilité et sa supériorité. La braca était née ! La braga suivit puis la braya. On revint aux sources avec la braie qui muta en culotte. Mais deux dérivés avaient heureusement survécu au massacre des transformations et oublis : la brayette et la braguette.

Au grand bonheur des hommes pressés d’aller pisser même si, il est vrai qu’au début, ils durent laborieusement apprendre à viser juste et, surtout, à être très prudents quant à la remontée de la dite braguette qui pouvait occasionner des choses terribles pour un homme si trop brutale ou empressée.

Au commencement, la brayette était une poche triangulaire, pratique pour ranger les écus, les dés et les morceaux de poulets. Rabelais l’utilisait encore au XVIème siècle, la légende dit que la sienne était immense. Par la suite, la brayette devint braguette et ainsi la fameuse ouverture ménagée sur le devant de la culotte d’homme jusqu’en 1680 puis du pantalon. Aujourd’hui et depuis les plaintes enregistrées de quelques mouvements féministes, la femme aussi, peut porter la braguette fièrement et librement.

La braguette a connue une ascension formidable depuis le siècle dernier. Une des activités favorites de l’homme moderne est de se débraguetter avant de se rebraguetter. On raconte qu’il le ferait au moins cinq fois par jour. Le marché de la braguette se porte bien. La braguette ne connait pas la crise, elle en rit même, surtout quand la crise touche la prostate, cas dans lequel la braguette est âprement mise à l’épreuve.

Certains braguetteurs sont devenus célèbres à travers le monde comme Raspoutine, James Bond ou Nicolas Sarkozy. 

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