La Dame Blanche
Julie Vautier
Des centaines de fois, l'histoire fut narrée
Et effraya bien plus, j'en conviens volontiers.
Je n'userai nul sang pour colorer mon conte.
L'horreur s'y est mêlée, vous vous en rendrez compte.
Minuit avait sonné et la nuit était noire.
Le début est banal pour ce genre d'histoires.
Mais jamais le minuit n'avait sonné si grave
Et la noire nuitée paraissait une cave.
Les chemins de campagne, en ces sombres instants,
Toujours semblent se perdre entre forêt et champs,
Entre pierre et herbage. Il était plus que sûr
Qu'aucune âme sensée n'y voudrait aventure.
Moi-même, je n'avais nulle envie d'emprunter,
En cette heure incertaine, un étrange sentier
Oublié des hameaux. Il faut que le destin
Ait désiré me voir marcher sur ce chemin.
Alors que j'avançais, allant de doute en doute,
Un faible réconfort illumina ma route :
Tout d'un coup apparut, pour éclairer mes pas,
Un lampadaire en fer. Elle se tenait là.
J'ai cru, en m'approchant, que je la ferais fuir
Dans l'encre de la nuit. Mais, m'entendant venir,
De ses yeux de dryade, un azur qui dérange,
Elle m'a regardé. Elle semblait un ange.
Sous un chaste fichu on pouvait deviner
Des épaules d'albâtre et des bras de poupée.
Elle avait l'air si frêle… Il paraissait facile
De briser d'une main ce petit cou gracile.
Elle m'a proposé de m'asseoir sous la lune
Sur un rocher voisin de son banc de fortune
Et d'attendre avec elle. Elle attendait l'aurore
Tout en réarrangeant ses jolies boucles d'or.
Ma secrète inconnue, adorable fantôme,
Leva les mains au ciel. Chacune de ses paumes
Eveilla en mon cœur un effroi des plus grands :
Le sang, déjà séché, dansait sur ses doigts blancs.
Alors soudain je vis, caché sous un fourré,
Le pauvre bougre qui, avant mon arrivée,
Avait attendu l'aube en belle compagnie.
Ne restaient plus qu'un pied et qu'une main de lui.
Ma colombe innocente était devenue goule
Et ses yeux assassins, dans lesquels une foule
De sanglantes idées se bousculaient déjà,
Se firent monstrueux. C'en était fait de moi.
Il se dégage une bien jolie musique de votre poème très joliment écrit, malgré la noirceur du sujet !
· Il y a environ 5 ans ·marielesmots
C'est gentil, merci beaucoup!
· Il y a environ 5 ans ·Julie Vautier
brrrrrrrrr........
· Il y a environ 5 ans ·Susanne Derève
Comme vous dites!
· Il y a environ 5 ans ·Julie Vautier
Pas toujours facile de raconter une histoire en faisant rimer. Là, c'est réussi. Bravo !
· Il y a environ 5 ans ·La goule si monstrueuse !
Louve
Merci beaucoup! Effectivement, mieux vaut ne pas la croiser!
· Il y a environ 5 ans ·Julie Vautier
Bien conduit, bravo !
· Il y a environ 5 ans ·Gabriel Meunier
Merci beaucoup!
· Il y a environ 5 ans ·Julie Vautier
j'avoue que l'atmosphère des manoirs décrépis me fascine...Bon il n'y a pas que cela dans la vie, mais au moins cela a le mérite d'être cohérent et bien loin des octets et autres âneries qui nous réduiront à l'état de larves...
· Il y a environ 5 ans ·Gabriel Meunier
vous aussi vous avez de vielles photos ?
· Il y a environ 5 ans ·Gabriel Meunier
De vieilles photos? De manoirs? Si vous parlez de l'image du poème, l'ami Google était avec moi. Je n'ai pas de vieilles photos de ce genre malheureusement.
· Il y a environ 5 ans ·Julie Vautier
oh c'est vrai que j'ai une vision un peu déformée : mon père était né en 1890... il a laissé un stock énorme de photos anciennes que nous trions pour le remettre aux archives du département de l'Ain ; ce sera sans doute fait en 2021... Popur le moment si vous voulez en voir allez sur www.galerimaginaire.org et à l'entrée cliquez sur Jean Meunier ; mais vous ne verrez qu'une infime partie du fonds...Au besoin je peux vous en envoyer (gratuitement bien sûr)
· Il y a environ 5 ans ·Gabriel Meunier