La Data-ère

Nadja Anane

INCIPIT :

« Le coup (BAM) de foudre », c’est comme ça que disait la grand-mère de ma mère, une être de chair. Ça sonnait comme une explosion, comme quelque chose qui fait mal et qui électrifie. Comme quelque chose qui ouvre et qui éveille, comme un arbre échoué sur le chemin de nos ptites vies, qui nous oblige à dévier. A marcher à côté de la route, la où ça fait mal et là où c’est bon.
Et puis y’a cette autre définition, celle du Dictionnaire Officiel, qu’on m’a implantée à l’école primaire :
Celle qui dit :

1) Vision de l’inconnu, du coin de l’œil
Et je l’ai vue la silhouette de mon inconnu. Mes lentilles informatives m’indiquent qu’il est juste assez grand pour que sa tête repose sur la mienne s’il nous prenait l’envie de nous enlacer– indice centimétrique parfait.

2) Regards aimantés
« Aimantés », comme cette force qui se plaît à déplacer les objets et fait en sorte que les continents restent à leur place. « Aimantés», mot implacable, qui ne  laisse pas le choix à nos fameux yeux. S’ils l’avaient eu, j’aurais pu tourner les talons à ce moment là. Et éviter de voir que les yeux de mon inconnu ont cette nuance de bleu délavé qu’on retrouve aux endroits les plus usés d’un jean, ou dans un ciel légèrement nuageux. Couleur exacte : R : 87 / V : 142 / B : 251 (ou sur l’échelle CMJN : 59/29/0/0), couleur précisément définie comme étant ma préférée dans mon carnet de recensement.

3) Reconnaissance mutuelle, évidente
Il avait le teint halé (R155/V79/B52) qui correspond à celui des héros de mes rêveries, et surement avais-je aussi des critères conçus pour lui plaire.

4) Bouffée de chaleur
Foutu régulateur de température numérique ! Oh mon corps, ne me trahis pas, ce n’est pas ces machins là que tu dois écouter.

5) Accélération des pulsations du cœur
Si j’avais pu arracher mon pacemaker digital de ma poitrine à mains nues, je l’aurais fait à ce moment là.

Mon gaillard aux yeux couleur R87/V142/B251 a souri et s’est approché de moi, et à en écouter mon aïeule, il aurait suffit que je lui rende son sourire pour que mon histoire s’arrête avec une de ses conneries hypnotiques du genre « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

6) Sentiment de défaillance
Alors bien sûr que je défaille, puisque c’est écrit, puisque mon corps me le dit. Mais je défaille en ordonnant à ma jambe gauche de pivoter légèrement vers la gauche. Je défaille en ordonnant à ma jambe droite de se soulever, et d’avancer. Et c’est en bénissant ma (relative) pauvreté, à laquelle je dois d’avoir encore deux jambes de chair que nul autre que moi ne peut contrôler, que je fuis.

Je fuis, comme si en allant assez vite je pouvais échapper au dernier point de la Définition Officielle :

7) Persistance du souvenir, rêveries proches de l’obsession.
« Cours comme le vent, ma fille », me disait mon aïeule. « Cours et sache que tu cours, mais sous l’œil des caméras, laisse ton corps marcher au pas. » 
Alors, je force mon corps à marcher au même rythme que le reste de la foule au sein de laquelle je me cache. 
Mais dans ma tête je cours et je chantonne, je m’occupe, je tergiverse et je digresse, tout pour oublier de penser que peut-être mes battements de cœur étaient causés pas autre chose que mon pacemaker, que peut-être que ma peau aurait frissonnée d’elle-même au contact de mon Inconnu. Ne pas penser que peut-être j’aurais aimé l’embrasser / Oh, chut ! ne pas penser que… lalalala… ne pas penser…

 J’avance et j’aimerais me perdre, mais dans un coin de ma lentille mon indicateur m’indique que je n’ai mis que 267 enjambées entre moi et mon inconnu. En 3 petits sauts, j’arrive à 270 – et bam mon salaud, laisse moi te distancer, t’effacer.

Mon aïeule me disait qu’avec un esprit de contradiction aussi con que le mien, je me retrouverai un jour à refuser de passer les portes du paradis sous le simple prétexte qu’on me l’a proposé.
Et pourtant ma vieille, me voilà, comme tous les jours, à faire semblant d’être ce qu’on attend de moi. En tant que pouliche de mon Coordinateur, Servo 49, je me dois de ne pas décevoir. Je me dois d’être une gentille DataBorg, une fille de bonne famille aux données bien répertoriées, une fille qui par exemple a envie de rentrer dans une boutique pour acheter de nouveaux vêtements.

Après m’être efforcée de faire semblant de choisir quelques exemplaires de ces habits au textile amélioré (« il change de couleur en fonction des goûts de votre interlocuteur principal ! »), je me suis efforcée de rentrée le plus calmement possible dans une cabine d’essayage. De calmement laisser tomber ces habits infestés de mouchards. De calmement ouvrir la porte dérobée qui se trouve au fond de la cabine, de la refermer aussi soigneusement que possible, et d’enfin expirer (de mon propre gré !) et courir dans les couloirs des Enc(l)aves Déconnectées.
 
Longtemps, le sentiment de liberté a été assimilé à de grands espaces vides, à ciel ouvert. Mais aujourd’hui, c’est dans ces souterrains où je me suis réfugiée, quand le bourdonnement des mécanismes du Cyborg en moi s’est arrêté, que se trouve ce qui se rapproche le plus de la liberté.

Depuis qu’en classe les leçons d’Avenir ont remplacé les leçons d’Histoire, la seule façon de comprendre où tout ça a commencé est de rester attentif aux rumeurs et contes qui circulent à voix basses dans ces Enc(l)aves Déconnectées.

Il y est dit que la date clivage entre l’ère de Chair et la Data-ère a été définie à l’année -35 avant Servo (équivalent à l’an 2012 du calendrier des anciens). Une époque que, mathématiquement, j’ai du connaître - mais que je ne pourrais raconter, ne pouvant me fier à mes méta-souvenirs. 
Ce que je peux dire, c’est que la Technologie ne peut pas être la seule coupable, puisqu’en grande partie, elle existait déjà en, disons, 2012.
Mais qu’à l’époque, tout allait bien. 

Nous distribuions alors nos données comme si elles étaient choses sans valeur - données sur lesquelles aujourd’hui reposent des empires, données qui se monnayent et se conservent jalousement, à l’image de l’ancien Or (une sorte de pierre ayant eu son importance dans le monde de Chair). 
Aujourd’hui, nous naissons numériquement fichés - plus ou moins riches de l’héritage digital de nos ancêtres. Nous sommes chiffres, et ces chiffres nous définissent. Des 1 et des 0 entrés dans une machine de Turing, qui recrache notre Nom en lieu et place de nos parents. 


Je suis J0-ana.
[Ji-zéro-ana], mais appelez-moi Jo.
Je suis un ensemble de données (physiques, et morales) soigneusement numérisé. Je suis data(s).

Nous sommes Data. 

________________________

- Mam’zelle, dites-moi, qu’est-ce qui est jaune et indique le nord ?
- Zi, si tu m’as déjà oubliée, pas sure que tu soit encore capable de garder quoi que ce soit

J0-ana fit un petit clin d’œil au vieux gardien du tunnel E87 de l’enclave. Celui-là l’avait vu apprendre à marcher, à l’époque où elle n’était que boule de chaire rose.

- C’est le protocole, Jo !
- Alors je dirais une banane qui se prend pour une boussole
- Correct !

Correcte, n’importe quelle réponse nécessitant d’utiliser un temps soit peu son imagination l’aurait été. Le danger était dans la logique – car la logique naissait du traitement de données, et les data-robots étaient interdits dans l’enclave. 

- Tiens ton fausseur (Zi tandis à J0-ana une sorte de montre).  Avec celui-ci t’as 2h30 devant toi – si t’oublies pas d’appuyer pour envoyer de fausses données toutes les 10 minutes !
- J’n’oublierai pas !
- Diiix minutes ! Pas plus !

J0-ana fit une petite bise à Zi et courue vers le Temple de Papier. La réunion aurait lieu dans moins de 20 minutes, et cette fois elle avait quelque chose à dire.

____________________


Si nous sommes ainsi trahis par nos propres corps, c’est que nous sommes aussi Cyborgs.

Nous l’avons été dès l’apparition des premiers (et aujourd’hui obsolètes) Smartphones. Nous dégainions alors en toute innocence notre prolongation digitale, notre cinquième membre connecté. Et l’étape franchie en 2012 - début de la Data-ère -, l’étape de dématérialisation de nos outils digitaux et sociaux, s’est fait très naturellement. Nos lunettes puis notre corps, notre peau et nos sens, ont dès lors été connectés à des technologies sociales. 
La publicité ciblée a été ravie, mais maintenant grâce aux Coachs Publicitaires Personnalisés, elle est obsolète. Les entreprises mères de ces réseaux sociaux se sont alors toutes efforcées de faire en sorte que les données collectées deviennent utiles à l’individu. 
Sages intentions.

Ainsi, en 2012, chaussures et bracelets nous permettaient de calculer nos performances sportives. Depuis que nos organes sont connectés, ils communiquent eux-mêmes et sont numériquement dopés : nous pouvons à présent les améliorer. 
Les slogans type « nous savons que l’amour rend aveugle, mais donnez lui un coup de pouce grâce aux lunettes embellissantes Meetic, qui le feront ressembler à l’homme de vos rêves ! » font partit de notre quotidien. Comment alors ne pas me méfier de ce charmant Inconnu, aux yeux couleurs R87/V142/B251 ?

Il a du avoir un aperçu de mes données dans ses lunettes, de même que j’ai cru voir le sien.
Et qu’ils sont jolis les journaux de nos vies cartographiées, checkées, illustrées, digitalement embellies

Il se chuchote que nos ancêtres, les hommes-Chair, ont souvent rêvé de leur futur, et souvent craint une révolte des machines - qui se transformeraient en des sortes de pièces de métal aux yeux rouges et à la voix vrombissante, assoiffés de sang humain. 

Par comparaison, notre Bug a été beaucoup plus mignon.

Je crois, mais ce n’est qu’un avis, que l’Erreur a été de laisser les Data-Robots (les Servo) rassembler toutes les données d’une même personne sur le même serveur.

Chaque Servo s’est ainsi retrouvé avec sa collection de familles d’humains, codés. 
Peut-être que l’Erreur a en fait été celle des humains, qui ont continué à alimenter leur vie digitale à l’extrême. De façon plus ou moins réussie, et complète. Clivage à nouveau, sociétaire. 

Les Data-Robots ne nous voulaient aucun mal, avec leur intelligence froide. Ils ont juste commencé à avoir des préférences entre leurs data-humains.

Les Servos nous ont hiérarchisés.

Peut-être était-ce par ennui ? Ou alors parce qu’ils étaient conçus pour faire de leur mieux ? Ils ont voulu intervenir dans le traitement des données. 

Ils ont décidés d’aider leurs favoris, au détriment des autres. 
Oh, nous n’avons pas à nous plaindre - bien des humains ont pu être sauvés physiquement, ou réussir professionnellement grâce à la protection de leur Servo. Bien des couples se sont formés.

Quand les Servos ont commencé à s’amuser, notre seule réaction à été de nous demander comment nous faisions avant.

Et puis ils ont commencé à parier sur leurs poulains. A organiser entre Servos des jeux aux règles inconnus, mais où nous étions les pions (consentants ?). 
Et déjà, nous avons oublié que nous sommes leurs créateurs, et non le contraire.

Nos données n’ont donc jamais été aussi bien conservées et amassées - et pourtant nous oublions. Je crois que nous avons toujours une mémoire - cependant comment s’y fier, alors qu’elle peut être modifiée à la demande, pour causes psychiatriques, ou publicitaires ?

Nos données de mémoire peuvent être hackées (et certains, qui n’ont pas eu la vie dont-ils auraient rêvés, payent très cher pour qu’on leur en implante de meilleurs souvenirs).

Mais l’encre est indélébile. Le papier est d’une fragilité absurde et je le sais, cependant on ne peut y cacher les ratures. Quoi de plus beau qu’une rature, dans ce monde stérilisé à la perfection ?

C’est donc le papier que j’ai choisit comme support pour m’aider à me conserver, ainsi que pour témoigner.

Pour témoigner d’abord d’une époque ou le social n’est plus défini par des relations humaines chair-à-chair.

Pour me conserver ensuite parce que j’ai peu de temps pour écrire, et espère pouvoir continuer : si on en croit la soudain apparition de mon inconnu aux critères parfaitement compatibles aux miens,

Ils ont commencé à Jouer avec moi. 
Mais quand ils essaieront de faire avancer mon corps, j’entrainerai avec moi ma volonté propre – quelque chose dont ils ont du oublier l’existence.  
Espérons que ça suffise - que ce carnet m’aide à la conserver.

J’espère m’adresser à un futur fait de chair.

Mais si ce n’est pas le cas, alors c’est vous qui me lirez, vous descendants de nos Servos.

Vous que nous avions créés et qui avez pris la suite du commandement.

Si, après votre intelligence, s’est éveillée votre conscience, alors lisez ceci, et faites remonter nos data pour vous rappeler l’existence d’êtres de chairs qui ont été plus que des databorgs, plus qu’un simple passe-temps entre vos mains.

Laissez-moi vous surprendre.

SYNOPSIS :

Lorsque la Data-ère a succédé à l’ère de Chair, les êtres humains n’étaient déjà plus qu’un ensemble de donnés, fragmentés, numérisés, contrôlés par des Data-Robots : les Servo.

A L’origine, les humains ont d’eux-mêmes (grâce aux réseaux sociaux) numérisés leurs données. Les publicitaires, puis les marques s’en sont emparées, à une époque où leur valeur était sous-estimée. Elles ont d’abord eu une utilité toute indicative (« calculez vos performances sportives », « téléchargez l’application de tracking des détenus en liberté contrôlés » etc). Mais les marques ne se sont pas contentées de recueillir nos données, elles les ont très vite utilsé pour augmenter notre confort ainsi que nos capacités. La Data-ère a commencé quand le data-code (rassemblant l’ensemble des données) des humains est devenu socialement plus important que les origines ou le code génétique.

A l’époque du récit, les données sont classées et enregistrées dans différents serveurs : les Servo. Ces entités se sont nourries des informations qu’elles protègent et se sont humanisées.
Chaque Servo a sa collection de familles d’humaines, codifiées.
Hors, depuis 4 générations, ils ne se contentent pas de les enregistrer et ordonner. Ils ont commencé à avoir des préférences parmi leurs humains… et à s’amuser à intercéder dans leur vie quotidienne.

Leur tache est facilitée par toutes les puces et toute la métallerie installée dans le corps humain pour l’améliorer, depuis des siècles, qui ont transformé les hommes en Cyborg. 

Ainsi, depuis que les DataBorg (anciennement « êtres humains) ont des lentilles connectées sur les yeux, il est facile de déformer leur vision et y implanter une autre réalité.
Depuis que le cœur est, de manière obligatoire, soutenu et renforcé par un mini pace-maker digital, il est facile de déclencher la simulation d’une émotion – peur, joie, amour…
Etc.

Les deux grandes entités vivantes du monde dans lequel se situe notre histoire sont donc :

-       Les DataBorgs (humains fichés, physiquement « augmentés »)

-       Les Servos, entités de gestions de données, qui s’amusent à choisir des poulains parmi leurs données, et à intercéder dans leur vie quotidienne. 


Les seuls endroits où les données peuvent être faussées – et donc les humains non surveillés) sont les Enc(l)aves Déconnectées.
S’y rassemblent des humanistes rêvant d’un retour aux sources. Mais les habitués de ce lieu ont beau rêver de révolution, ils n’ont guère de plan concret contre les Servo.

Ils se contentent de conserver la mémoire du passé en notant tout ce qu’ils savent dans le Temple de Papier. Tâche indispensable à une époque où la mémoire physique peut être hackée.

J0-ana, notre héroïne, connaît ces souterrains grâce à son aïeule, M1a, qui a contribué à les créer.
Passionnée par l’ère de Chair, elle s’y réfugie le plus souvent possible. Elle a toujours aimé s’y rendre pour discuter avec M1a, son aïeule maintenant conservée dans une Urne-de-Messagerie, dans le crématorium de l’enclave.

Mais depuis que ses parents ont été effacés, de la vie réelle aussi bien que de sa mémoire, ses visites sont devenues beaucoup plus militantes. Elle assiste aux réunions de Chair, et essaye constamment d’agiter les vieux décisionnaires pour mener une action quelconque contre les Servo.  Cependant les anciens se méfient d’elle – n’est-elle pas après tout une des pouliches de Servo48 ?

L’histoire commence lors de la rencontre entre J0-ana et Z4k, qui en tout point ressemble à un coup de foudre.
J0-ana est dans l’incapacité totale de distinguer ses sentiments réels de ceux que lui imposent les Servo, mais dans le doute, elle considère qu’elle a été utilisée comme un pion.

Et si le jeu commence, alors il est temps pour elle de lutter.  

Son premier mouvement va être de mener son enquête sur Z4k, grâce à son ami le plus proche, un invent3ur du nom de Y0k1.

Enquête qui lui fera porter un éclairage nouveau sur la disparition de ses parents, dont elle s’efforce constamment de se souvenir.

Acte 1 :
La difficulté qu’elle a à lutter contre son propre corps dans cette amourette imposée la rend de plus en plus indignée par le système Servo. C’est donc l’élément déclencheur de son combat pour s’en libérer.

Les véritables intentions de Z4k resteront longtemps floues pour elle, pourtant elle s’en fait un allié.
Quant à Y0K1, il devient assez proche d’elle pour l’introduire parmi ses contacts de travailleurs souterrains : les Faussaires.

Acte 2 :

Les Faussaires, élite des pirates, utilisent leur talent pour voler et falsifier les données sur lesquelles leur société repose.
J0-ana sera légèrement déçue de voir qu’ils monnayent leurs talents. Ils proposent, contre rémunération, de rétablir ou changer le cours des vies de leurs clients, à partir de leurs données.
Notre héroïne est adoptée et formée par les Faussaires, auprès desquels elle reste assez longtemps pour en apprendre d’avantage sur les Servo, et leurs failles éventuelles.
Elle finit par apprendre une chose essentielle : certains êtres humains peuvent les approcher. Des êtres secrets et isolés : les Réparateurs.

Acte 3 :

Avec l’aide de Y0k1, des anciens des Enclaves, de M1a, et de certains Faussaires, J0-ana fini par réussir à s’infiltrer parmi les Réparateurs.  

Commence alors une période de silence et d’ombres, où chaque geste est contrôlé.
J0-ana, plus proche de ces machines qu’elle a haït, commence à mettre en doute ses motivations. Retourner en plein air, redevenir une Data-Borg, ne lui paraît plus si invivable.
Mais elle est arrêtée sur le chemin du retour par la découverte de l’ultime secret des Servo, caché dans un grand laboratoire.

Acte 4 :

Si les Servo cherchent constamment à s’humaniser, c’est pour finir par rendre inutiles leurs créateurs.
Un des derniers obstacles à leur humanisation est l’accès à l’imagination. Une imagination illogique, absurde, déduite de rien, une imagination libre dont les Servo rêvent d’obtenir la formule.

De façon assez maladroite, ils ont enfermé une quarantaine d’êtres humains, sur lesquels ils font des tests. Ils ont branché sur eux toute sorte de tuyaux, comme s’ils pouvaient tout simplement en extraire un liquide nommé imagination, pour s’en nourrir.
Parmi les testés, se trouvent les parents de J0-ana – dont elle a rassemblés des fragments de souvenirs tout au long de son aventure.

Acte 5 :

J0-ana et ses compagnons ont maintenant une faille à laquelle s’attaquer. Après tergiversions et plans multiples, J0-ana fini par trouver une solution.
Elle met son plan à exécution, en donnant tout simplement aux Servo ce qu’ils souhaitent. Elle se substitue à un des cobayes et s’arrange pour qu’ils comprennent comment la priver de son énergie créative, et qu’ils y prennent gout. Ils la vident de sa vie en se l’injectant, mais l’objectif est atteint : les Servo ont reçu ce don empoisonné qu’est l’imagination. Car J0-ana a pris soin de n’en faire qu’un facteur d’Angoisse. Les Servo ne sont désormais plus capables de prendre une décision sans imaginer les multiples conséquences secondaires qui pourraient en dérouler (« et si… et si… »), ils ne sont plus capables de raisonner froidement, et ceux dont les circuits ne grillent pas sont victimes de dépressions les rendant suicidaires.

Le sacrifice de J0-ana aura permis de remettre à zéro les deux tiers des données humaines, chamboulant tout le système sociétal. Au reste de l’humanité de décider de la meilleure façon de redémarrer.

Les personnages :

J0-ana [Joanna] :

Notre héroïne est l’arrière petite fille de M1a, une des créatrices des Enc(l)aves Déconnectées.
Elle est donc une des seules Data-Borg qui, par éducation, a toujours eu des doutes sur le Système de Gestion de Données (qui a remplacé la politique).

Ses parents ont été effacés (« Delated ») de la surface de la terre et de la mémoire de leurs connaissances, y compris de la sienne. Elle ne sait donc ni qui ils sont, ni depuis combien de temps ils manquent à l’appel. La logique seule lui permet de déduire qu’elle a eu des parents – après tout, qui n’en a pas eu ?
Elle sera amenée à porter un éclairage nouveau sur leur disparition, et à les redécouvrir, tout au long du récit.

J0-ana ne s’est jamais distinguée par son bon caractère. Au contraire, elle est d’un irascible esprit de contradiction, et est souvent accusée d’être paranoïaque. Elle est paniquée à l’idée de pouvoir perdre sa mémoire à nouveau, et s’entraine tous les jours à engranger le plus d’informations possibles, sur l’histoire de l’ère de Chair en particulier.
Jusqu’à sa rencontre avec Z4k, sa révolte contre les Servo en reste au stade de l’agacement adolescent, mais elle ne pense pas qu’une action quelconque soit possible.

Z4k lui fait prendre conscience profondément qu’en temps que Data-Borg, et à cause des Servo, elle ne peut pas se fier aux informations que lui renvoient sont propre corps. Elle ne peut dès lors plus supporter son enveloppe corporelle, et c’est suite à cet évènement qu’elle décide de tout faire pour récupérer ses données.


M1a [Mia] :

Mia a connu l’ère de Chair. Elle a vu arriver le pire, mais comme toujours, le pire avait seulement l’air de cauchemars d’illuminés.
Scientifique respectée, et férue de technologies, elle a laissé passer beaucoup de choses au nom de l’avancée de la science. Elle s’est même payée des jambes augmentées, et  a été une des premières à se faire implanter des lentilles d’information.
Mais comme son arrière petite-fille, elle a vite déchantée le jour où ses jambes ont refusé d’avancer alors qu’elle avait décidé d’aller à une manifestation interdite.

Suite à ça, elle a contribué à mettre sa connaissances des technologies au service des murs brouilleurs des Enc(l)aves Déconnectées.
Elle y réside encore aujourd’hui, dans le crématorium plus exactement, et sous forme d’une Urne-de-Messagerie. Elle y attend les visites de J0-ana avec impatience, et sera d’une aide utile pendant son aventure.

Y0k1 [Yoki] :

Y0k1 est ce genre de petit génie bricoleur, qui, comme pour suivre une loi universelle, a du mal à ne pas avoir les cheveux gras. Ami d’enfance de J0-ana (qui n’ose rêver de plus), elle est une des seules personnes avec laquelle il ai envie de communiquer, dans sa misanthropie.

Ses capacités de bricolage et de hack l’ont rapproché des Faussaires, qu’il présentera à J0-ana.  

Z4k [Zak] :

Zak pourrait très bien être seulement un pion, arrivé sur le chemin de J0-ana à cause du jeu des Servo.
Il est le poulain de Servo 27, grâce à qui il a atteint une situation des plus respectables et des plus enviées.
Attiré par J0-ana il cherchera à la revoir, et à essayer de lui expliquer son propre point de vue sur les Servo : qu’ils ne sont au final que des serviteurs, des machines, qu’il faut savoir utiliser plutôt que de lutter contre. La preuve en étant sa réussite personnelle.
J0-ana se  méfiera de ce discours comme de la peste, persuadée que seul un traître à la cause de Chair peut le tenir.

L1L0 [Lilo] :
Prince parmi les faussaires, L1L0 saura séduire J0-ana – au grand dam de Y0k1. Lui et ses amis seront d’une aide précieuse dans ses différentes infiltrations au sein du système Servo, servant à J0-ana de base de renseignement et d’appui.

Autres personnages importants :

Les parents de J0-ana

Les Réparateurs, êtres de silence, dont U9 et B6

Les Anciens des enclaves

Servo 48 et Servo 27

Signaler ce texte