LA DÉMESURE

La démesure des maux accrochés à mes larmes résonne sans écho au faite de mes nuits empourprées de souvenirs sensuels et osés.

Dans ces instants chargés du silence de tes mains et de la transparence de ton regard malsain, je resonge à nos jeux, nos dérives charnelles sous les toits de Paris.

Sur le bord des quais, je me souviens, ta main serrant ma main, la chaleur de ton corps étouffant mes frissons, la pulpe de tes lèvres se gorgeant de mes rires, lorsque sous mon regard tu aimais les faire vivre ….

L'ile Saint Louis …Le soleil caressant d'un printemps ambitieux, des grappes d'étudiants pleins d'espoir et d'envie, et nous deux amoureux , adultes obsolètes et amants aveuglants , tant nos caresses intimes transpiraient de nos yeux .

Tes mains glissaient leur fièvre sous la toile de mon petit blouson, mes gemmes verdoyantes reflétaient le désir que tes paumes endiablées impriment à ma peau.

Que sont nos amours devenus ?

Ils ont rompu leurs amarres, s'en sont allés au fil de l'eau, dans les tumultes de la Seine, puis épuisés par la douleur, entre Montmartre et Notre Dame, ont disparu sans un baiser, juste de larmes détrempés.

Je viens de sortir de ma torpeur, tente de refermer mes yeux, pour prolonger ma nuit …Tu étais encore à mes côtés, mais je ne pouvais plus t'atteindre, plus rien de moi ne pouvait te toucher, pas même le son de ma voix, te murmurant, j'ai envie de toi …Tu semblais si loin de moi …je ne comprenais pas …

Statufié tu étais et moi pétrifiée par ce que j'étais en train de vivre ….un véritable cauchemar …c'est cela c'est un cauchemar éveillé ….

Je me suis enfin réveillée, et mes mains se sont alors promenées sur ma peau encore tiède de la nuit…

 Dehors la pluie mène un dur combat pour maintenir la grisaille ….Au résultat Soleil K.O...Je redécouvre mes courbes, celles que tu aimais tant encore hier, m'invente tes caresses, les désire douces et audacieuses, patientes et impatientes ….

Je referme mes yeux, et m'imprègne de ta voix et de tes conseils, par temps de pluie, la couette … Jusqu'au plaisir solitaire presque insupportable … Je souris de mon audace, j'en ris, m'invente un petit déjeuner à deux, un plateau d'amoureux ou d'amants d'une nuit, un café partagé au milieu des baisers … Te rappelles –tu de ceux Rue Dancourt, au sommet d'un bonheur que tu avais peine à maitriser tant il était ardeur ! le vieux fauteuil de cuir restera tatoué des audaces de mes fesses lorsqu'elles laissent quelques traces, odorantes saveurs d'ylang ylang ,mais aussi des  fragrances d'un opium aux initiales sublimes YSL, des lettres imbriquées comme nos corps liés par le même destin.

Dois-je en rire ou en pleurer ?

A trop chercher pourquoi le désir existait, à trop te questionner sur l'auteur de l'histoire, tu as fini par attirer sur nous la colère des Dieux, et faire de notre Amour un crime à condamner, à brûler tous nos rêves d'une vie partagée.

Vivre sans toi est un enfer. A choisir je préfère la souffrance de la distance que tes silences, nos rencontres embrumées d'interdit, nos étreintes fugaces et nos baisers volés que de mourir d'ennui avant que de mourir.

© 2014 Mysterieuse