La force répressive

Hervé Lénervé

Une journée comme une autre dans un commissariat du neuf-trois.

O8 heures 30 ante meridiem.

-         Oui, commissariat de Bobigny… calmez-vous monsieur… oui… je vous entends bien, vous avez été agressé, bien… Ok ! les agresseurs sont toujours là…oui, ok… il vous tape… bien… passez-moi, le noir ! Y en a pas, tiens ? Bon, un des arabes, alors.

-         C'est pas moi, m'dame le commissaire.

-         Je suis simple brigadier seulement.

-         J'étais même pas là. J'vous le jure sur l'Coran d'ta race, m'dame la commissaire !

-         Restez sur place ! J'envoie une voiture, vous êtes en état d'interpellation.

-         Ouah, l'autre bouffonne, t'as bouffé un clown toi, c'matin !

Une demi-heure plus tard, la patrouille fait choux blanc, les prévenus ont prestement pris la fuite.

***

10 heures AM.

Une patrouille se rend sur le lieu d'un cambriolage. Elle revient à la base trente minutes plus tard, pour ne pas rater le pré-apéro.

Puis les fonctionnaires doivent taper le rapport.

« L'appartement était saccagé méthodiquement. Les propriétaires n'ont pas su dresser une liste exhaustive des objets volés, car ils avaient été  préalablement égorgés, cependant, nous subodorons que le téléviseur a été dérobé, car des connectiques étaient débranchées et gisaient sur un tapis en macramé à côté des deux corps en macchabées.

***

 11 Heures 30 du matin.

Vrai apéro, puis déjeuner arrosé.

***

15 heures, ante la sieste.

Des parents viennent signaler la disparition de leur enfant.

-         Reprenons ! Donc votre enfant, Aboudadababa B. dix-sept ans, d'espèce caucasienne, de nationalité féminine a fuguée…

-         Notre fille n'a jamais fugué, elle a dû être enlevée. Elle est très sérieuse, très casanière, elle ne sort presque jamais.

-         Vous avez vérifié dans sa chambre, si elle ne s'était pas endormie ?

-          Nous vous avons déjà signalé sa disparition il y a un mois.

-         Ok ! Ce serait donc étonnant, d'après vous, qu'elle dorme encore. Par sécurité, allez voir dans la salle de bain, les filles restent très longtemps sous la douche.

***

16 heures 05 de l'après-midi.

Un casse avec prise d'otages vient de se produire dans la piscine municipale. Les flics partent en urgence après avoir enfilé leurs maillots de bain.

A la caisse.

-         Combien ont dérobé les casseurs ?

-          Trente euros en liquide. Ils menacent de noyer un otage toutes les heures, si on ne leur fournit pas des trottinettes électriques pour prendre la fuite.

-         OK ! On y va !

-         Messieurs, s'il vous plait ! C'est six euros l'entrée.

Un des flics a oublié son bonnet de bain, il est refoulé au pédiluve par un maître-nageur, un autre, prié de passer à la douche obligatoire, un autre, ne sait pas nager et le quatrième est allergique au chlore. L'équipe abandonne les poursuites et rentre à la base, car c'est l'heure de décrocher après une journée, post meridiem, bien remplie, car il faudra remettre ça, demain, dur métier que celui de gardien de la paix tranquille.

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