La geek des étoiles
Michel Chansiaux
Selon l'État Civil, Hervé, Marius, Robert Rocaille, baptisé Jeff par ses amis, parce que « T' pas tout seul, pôv'e brelle », descend d'un père, trop tôt disparu, ouvrier spécialisé, devenu agent de maîtrise, excepté des boissons alcoolisées et d'une modeste employée de la restauration collective, mère poule abusive. Sa conception résulte d'un coït tiré comme un penalty, sec et douloureux, survenu dans un sursaut inattendu de virilité après une victoire de l'équipe de France de foot. Il habite toujours avec sa génitrice dans un pavillon d'une banlieue en décote. Il a eu un chien « Rintintin » lorsqu'il était enfant, bâtard d'une malinoise et d' un berger allemand. Mais il flash sur les Bull Terriers Blancs, depuis qu'en 1989, il a vu Baxter. Désir refoulé, sa mère n' a plus jamais voulu accepter d'animaux à la mort du « toutou de Rusty ».
Tout petit il a été nourri aux comics qu'il lisait au bistrot tandis que son père se pintait la ruche et que sa mère faisait des ménages bénévoles au presbytère. Les héros d'Augusto Pedrazza, Zembla et Akim, des clones de Tarzan et Bleck le Roc, dans ses solides aventures américaines publiées en France par Lug, furent ses potes d'enfance. Perméable aux âneries grossières des ivrognes tout comme à la sexualité détraquée à peine dissimulée de ses héros, il se couvrit de boutons bien avant que son âge ne compte deux nombres. Il s'enferma vite dans la solitude pour fuir l'hostilité des autres. Très adroit de ses mains et doué intellectuellement, il mit alors ses talents à démonter tout ce qui lui tombait sous la main. Rapidement, il fut en mesure de réparer tout l'électroménager du quartier, jusqu'au jour où on lui apporta un antique micro-ordinateur TO-7 de Thompson.
Il avait dix ans. Nous étions en 1987 et il découvrit alors un domaine que son milieu familial modeste et névrotique lui avait caché, l'informatique, ses machines, ses univers ludiques, son expansion pareille à celle de l'univers. Cela tombait à pic, son père résidait dorénavant au pays où on voit ce que les veuves ont sous leurs jupes, l'accès aux comics était rompu. Il se réfugia donc dans les bras de Mario, déambula dans les rues de Sim City, séjourna dans la culotte de Lara Croft …. et passa son bac S à 17 ans. Les curés qui inséminaient aussi sa mère en bonnes résolutions permirent, en échange des ses bons et loyaux orifices, d'inscrire son zozo en classes préparatoires au Prytanée de la Flèche. Après moult devoirs sur tables et brimades militaires dans les coins des chiottes, rôdé à la dialectique du sabre et du goupillon, il réussit le concours d'entrée aux Arts et Métiers et survécut tout juste à l'usinage sévère qui lui fut réservé.
Mais ce fut là aussi qu'il fît la connaissance de gars comme lui que les hasards de la naissance n'avaient pas gâtés et d'emblée ils s'agrégèrent autour de leur infortune commune. Ils ne tardèrent pas à constater qu'elle les avait tous conduit à l'hypertrophie d'une partie de leur cerveau dans la connaissance intime et la maîtrise parfaite d'un territoire virtuel où ils étaient enfin rois. Ils décidèrent de constituer une Ligue à vie des « Suzerains de l'Au-delà du Disque Dur », des "conquistadors" de contrées numériques vierges à faire fructifier. Lui était le roi de l'hyper propulsion du « Faucon Millénium » vaisseau de Han Solo dans la saga « La guerre des étoiles ». Il en a décrit mieux que quiconque les principes, les rouages et les fonctionnements, George Lucas nous ayant laissé sur notre faim en la matière, passé les rares informations éructées par le copilote, un singoïde poilu qui est à Harrison Ford ce que Chita fut à Johnny Weissmuller, n'en disons pas plus.
Tout était pour le pire dans pire des mondes pour Jeff, lorsque sa vie connu un tournant décisif. Au hasard d'un voyage professionnel, l'esprit brouillé par le jet lag, il confondit, au tapis roulant d'un aéroport, sa valise tartinée d'auto-collants « Star wars » avec celle du professeur Henri Jenkins grand gourou des nouvelles formes de loisirs virtuels. Après une violente joute verbale dans la langue de Chewbacca et des simulations de combat au sabre laser, ils s'aperçurent de leur appartenance commune et compulsive à la galaxie des « j'ai de l'ail, faute d'avoir de l'oseille».
L'universitaire le confirma dans son excellence et le prit sous son aile afin qu'il quitte la société de chaudronnerie où il officiait comme ingénieur de maintenance pour lui faire entreprendre un cycle universitaire aux États-Unis, où il apprit à rejeter le verbe en fin de phrase, tel un bon Prussien comme Obi-Wan Kenobi. Aujourd'hui, Jeff est professeur à Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, spécialiste du Transmedia Storytelling. Il dirige le MOOC éponyme. Toujours aussi complexé, il intervient sous le couvert d'un avatar sexy en trois D, nommé Mélanie Bourdaa ! Ainsi dédoublé se sent-il mieux ? Pas sûr, et pourtant : « Mais non, Mélanie t'es pas toute seule, y a la Force avec toi ! ».
Lol. L'ingénieur de maintenance qui gravit les oubliettes ;-)
· Il y a presque 10 ans ·Joelle Teillet
Ça finit bien ; - )
· Il y a presque 10 ans ·Il n'est pas interné :0)
Joelle Teillet
ça me fait penser à la bande de The Big Bang Theory. C'est sympatoche. :)
· Il y a plus de 10 ans ·dreamcatcher
Hé bé ! quelle vie ! j'aime bien tout en fait...
· Il y a plus de 10 ans ·lyselotte
zamévacomingant
· Il y a presque 11 ans ·Michel Chansiaux
izvanrredno ?? Kéchako ?
· Il y a presque 11 ans ·Michel Chansiaux
izvanrredno: extraordinaire ! Ça te va ? :)
· Il y a presque 11 ans ·Eddy G.N. Lane
Izvanredno, as d'hab !
· Il y a presque 11 ans ·Eddy G.N. Lane