La hiérarchie des Louves.

Ceci est le prologue de la pièce.   Pour avoir le texte complet:  allez sur ma page publique, cliquez sur le lien que j' y ai mis:  leproscenium.com/Liste    et vous avez alors accès à toutes mes pièces: vous sélectionnez "La hiérarchie des Louves", vous la téléchargez, et voilà !

Personnages: 5  femmes: Yziel, Ona, Almine, Edei (la Meute)  et Jeanne.

                       2 hommes: Le Garde-Chasse, l'Infirmier.

Lieu:  un chalet-refuge en pleine montagne.

Epoque:  de nos jours.

Elles sont quatre, Femmes dans leur corps, Louves dans leur âme, leur esprit, leur comportement. Lovène, qui dirigeait leur Meute, vient de mourir de façon inexpliquée. Elles vont alors se rendre en pleine montagne, dans le chalet, leur refuge isolé, où elles viennent le plus souvent possible pour franchir la Frontière invisible qui leur permet de vivre leur existence animale en pleine nature.

Elles seront aidées par le Garde-Chasse, qui connait leur Secret, et par Jeanne, une musicienne . Un Infirmier viendra aussi, lié à elles sans le savoir.

Prologue:  (devant le rideau baissé. Un simple panneau indique "Hôpital" . Yziel, seule, attend, anxieuse. Un homme entre, elle l'aborde.)

Yziel:  S'il vous plaît, un instant ! Vous travaillez dans cet hôpital?

-L'Homme:  Oui. J'y travaille.

-Yziel:  Médecin?

-L'Homme:  Oh non, pas du tout. Je suis infirmier.

-Yziel:  Oui, alors, je vous en prie! L'heure des visites est passée, j'ai une amie qui a été admise aux urgences . Et je n'ai pas de nouvelles... (il semble mal à l'aise et fait un geste de refus embarrassé) Je sais, vous ne pouvez rien dire, mais...

-L'Homme:  Vous êtes de sa famille?  Ah oui... Une amie. (elle approuve, lui saisit brusquement les poignets et serre avec violence) Eh... Vous serrez trop fort ! (elle sourit pour s'excuser, mais ne desserre pas sa prise, au contraire. Il est inquiet, affolé car elle ne le quitte pas des yeux) Elle a un nom, votre amie ?

-Yziel: (le libère, il se détend, se masse les poignets )  Lovène... Non, Laurène.

-L'Homme: (sursaute, désolé)  Laurène Ou Lovène ! Âge trente-cinq ans, mince, cheveux bruns bouclés... Je ne sais pas si je peux vous parler...

-Yziel:  Je suis forte ! (il montre ses poignets en faisant signe qu'il la croit...). Dites !

-L'Homme (en confiance) Oui. A peine arrivée, elle est tombée en léthargie, ou coma... On a hésité sur le diagnostic. Les soins intensifs lui ont été prodigués, elle a repris conscience deux heures après, juste avant la nuit.

-Yziel: (pour elle-même) Bien sûr...

-L'Homme:  Et elle s'est endormie, définitivement cette fois. Voilà.

-Yziel:  Avant de... s'endormir, elle a dit quelque chose? Elle a appelé ?

-L'Homme: (surpris)  Comment savez-vous? Oui, elle a appelé.

-Yziel:  Qui? ou Quoi ?

-L'Homme: (perplexe)  Qui, certainement, car elle a crié: "Yziel !"  (elle se durcit, puis reprend son contrôle) Et elle a ajouté: "Moi, Lovène, je le veux, ce sera Yziel." D'avoir dit ça, elle a eu l'air en paix. Elle a fermé les yeux, et elle est partie, pour toujours. Mais, qui voulait-elle ? Yziel, c'est un prénom ? Qui vous dit quelque chose ? (elle fait un geste vague, sans se compromettre) Voilà tout ce que je sais. Son décès a été déclaré naturel, bien qu'inexpliqué. S'il vous plaît, ne dites pas que je...

-Yziel:  C'est promis. (il hésite, et sort. Elle se redresse, presque brutale) Merci, Lovène !

(Noir, puis retour de lumière, toujours devant le rideau baissé. Le panneau "Hôpital" a disparu. Almine entre, puis Edei,  puis Ona)

-Almine: Avec cette hospitalisation soudaine, nous pouvons  être certaines qu'aucune de nous quatre n'a pu dicter son choix à Lovène. Mais je préfère qu'Yziel soit allée aux nouvelles à l'hôpital, peut-être apprendra-t-elle ce qui a causé le décès, et qui, avant de mourir, elle a choisi pour lui succéder.

-Edei:  Cela permettrait sans doute d'éviter le combat entre nous, Almine.  (Ona les rejoint) Telle que je te connais, Ona, tu voudrais quand-même la bataille de succession !

-Ona:  Nous sommes souvent au bord de l'affrontement les unes contre les autres, Edei. Mais, si on peut en faire l'économie... Restons ensemble, attendons Yziel et le choix de Lovène.

-Almine:  Et, si elle n'a pas choisi?

-Ona: (avec une certaine satisfaction)  Alors... Bataille !

-Edei:  (un peu ironique)  J'ai raison ! Tu préfères la lutte à un choix pacifique !

-Ona: (très sèche)  On peut commencer tout de suite, si ça te tente. (toutes trois, en, bord de scène, sont immédiatement en position d'attaque, très tendues. Un silence, troublé par leurs respirations violentes. Yziel entre, les contemple dans leur attitude menaçante, lève la main pour les calmer.)

-Almine:  Sauvées par la Sagesse ! (elles se détendent) Quelques secondes de plus, Yziel, et tu tombais en pleine mêlée, avec de la poussière...

-Edei:  Du sang...

-Ona:  Et les fourrures qui volent !  (Toutes éclatent de rire, se rassemblent, se touchent doucement les mains)

-Edei:  La Paix, pour nous toutes.

-Almine:  La Guerre, seulement si nous sommes attaquées.

-Ona:   Et sur accord de celle qui commande.  Yziel, tu as pu savoir laquelle de nous quatre ?  (Yziel fait signe que oui, et pose ses mains croisées sur son coeur) Toi ! C'est bien. (Elles entourent Yziel sans flatterie, mais avec respect)  Alors... La mort de Lovène, qu'en est-il ? La cause est inconnue ?

-Edei:  Il y a peu de temps, elle courait encore dans la forêt avec nous, très à l'aise !

Almine:  Et toujours en éveil pour nous guider ! Yziel, tu penses comme nous ? (un instant de silence. Yziel approuve du regard)  Mort suspecte ?

-Yziel:  (corrige) Mort inexpliquée. Mais Lovène ne semblait pas craindre quoi que ce soit. Et, ce qui me trouble, c'est justement qu'elle n'ait pas senti un danger. Nous sommes toutes si fières de notre instinct, de notre intuition...  Nous flairons les ennemis...

-Almine:  A condition qu'ils soient suffisamment proches et qu'ils souhaitent notre perte. Alors ils dégagent une odeur que nous détectons.

-Ona:  Soit ! Lovène est morte sans que la cause soit établie. Cela ne nous satisfait pas.

-Edei:  Oui. Nous risquons d'être les seules. Pour les médecins, c'est une mort naturelle.

-Yziel:   Eh bien, tant mieux, la voie sera plus libre pour nous.  Comment elle est morte, et pourquoi. Ce sont nos questions. Nous cherchons une proie. (le mot les ravit) Si Lovène est tombée suite à une agression, nous devons attaquer à notre tour.

-Edei:  Yziel, nous attaquons pour notre seule sauvegarde. Car la notion de vengeance ne nous est pas très familière.

-Yziel:  Exact, mes belles. La vengeance ne nous est pas familière. Mais l'instinct de protection, de sauvegarde, comme a dit Edei, est vital, et il nous guide. C'est pour lui que nous allons chercher de quoi est morte celle qui nous dirigeait.

-Ona:  Et à qui tu succèdes. (avec Edei et Almine, elle salue très légèrement Yziel, en signe d'allégeance)

-Yziel:  A qui je succède. Il y a menace sur nous et notre territoire. (ce dernier mot les fait se durcir, menaçantes.) Pas de vengeance, mais notre protection.

-Ona:  Alors, la Guerre, nous partons en bataille. Où commencer ? (elle est assez contente...)

-Yziel:  (amusée, elle désigne chacune de ses compagnes) Là, je retrouve Ona, la belliqueuse, Edei, l'éclaireuse pacifique, Almine, prudente et avisée! Nous commencerons à la source ! Le chalet-refuge en pleine montagne, où nous aimons nous retirer le plus souvent possible pour prendre des forces, notre Territoire, notre Frontière. Là où nous étions encore il y a quelques jours. Chacune s'y rendra de son côté, je nous veux toutes là-bas demain soir, juste avant la nuit...

-Toutes ensemble:  (doucement)  Bien sûr ! (Elles se touchent les mains. Noir)

Tableau I (le lendemain soir. Au chalet. Le Garde-Chasse...)

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                Edouard HUCKENDUBLER    (Astrov)