La leçon de piano

wen

Puisque c'est l'été... Voici une petite fantaisie estivale.

Note : Ce texte est né d'une discussion ouverte et franche avec une femme.

Nous évoquâmes les expériences homosexuelles féminines et elle me demanda : Je n'arrive pas à imaginer comment ça peut survenir. Qu'est-ce qui fait, à ton avis, qu'à un moment donné, les choses peuvent arriver ?

Ce texte est ma réponse. Du moins, une des réponses possibles.



En achetant ce piano, Claire procédait à l'investissement le plus onéreux et le plus symboliquement fort de toute sa vie.

Approchant de la fin de la trentaine, cela faisait plusieurs années qu'elle s'était remise à l'étude du piano et y avait redécouvert une satisfaction inouïe. Des réminiscences de son époque adolescente remontaient parfois lors de ses cours, réminiscences auxquelles s'ajoutait le plaisir de ne plus être obligée de travailler des morceaux trop difficiles mais bien ceux qu'elle pouvait choisir en fonction de ses envies. D'une part les professeurs ne se conduisent pas de la même manière avec une adolescente et une femme, mais surtout, Claire avait réussi à trouver une professeure parfaitement compétente, attentive à sa progression et au caractère ludique de cet apprentissage. Rien à voir avec les professeurs aigris, bornés et blasés qu'elle avait pu connaître dans son enfance.

C'est le manque de moyens financiers qui l'avait, à l'époque, empêchée de continuer à suivre des cours. La vie s'était ensuite chargée de l'éloigner de la pratique de la musique pendant de trop longues années. C'est seulement une fois que ses enfants allèrent à l'école, et que son travail lui laissa la possibilité d'aménagements divers qu'elle décida de se remettre au piano. Claire trouva une association musicale de quartier et se retrouva dans une ambiance qu'elle n'avait pas connu depuis des années avec des rendez-vous hebdomadaires avec sa professeure, des spectacles de fin d'année et des auditions à préparer en compagnie de toute une bande d'adolescents pratiquant la musique depuis des années. Elle les côtoyait dans une ambiance particulièrement détendue et ceux-ci faisaient preuve à son égard d'une décontraction désarmante.

Des mômes de quinze ans enchaînaient des morceaux tout aussi compliqués les uns que les autres sans la moindre difficulté. Claire arrivait à ne pas montrer son découragement parfois face à ces petits surdoués mais elle s'avouait volontiers abattue lors des répétitions pour les représentations de l'association.

Depuis un an cependant, elle avait trouvé une autre personne avec un profil similaire au sien. Nelly était plus jeune qu'elle d'une bonne dizaine d'années mais faisait pourtant preuve d'une maturité étonnante. Elle avait entrepris la même démarche que Claire mais avec dix ans d'avance. Au milieu des adolescents qu'elles croisaient, elles nouèrent naturellement une amitié simple. Nelly jouait un peu mieux que Claire mais l'explication fut vite trouvée puisqu'elle possédait un piano chez elle, elle pouvait s'entraîner régulièrement. Elles calèrent leurs rendez-vous l'une après l'autre et attendaient chaque semaine le moment de leurs cours respectifs autant pour continuer leur apprentissage que pour se revoir et discuter entre copines devenant des amies. Au fil des semaines, elles instaurèrent un rituel vite immuable, elles se retrouvaient avant le cours de la première, s'écoutaient travailler silencieusement l'une après l'autre puis, une fois les deux cours terminés, allaient continuer leur analyse de leurs difficultés, erreurs et satisfactions musicales diverses à la terrasse d'un café tout proche où elles pouvaient rester bien plus de temps que la durée de leurs cours réunis.

Elles discutaient de tout et de rien, se racontaient leurs vies respectives, leurs parcours, leurs expériences. C'est là qu'un jour, Claire apprit que Nelly devait déménager, son bailleur souhaitait récupérer le premier étage de la villa qu'elle occupait et elle s'était retrouvée un appartement pas très loin. Il y avait seulement un sérieux problème, Nelly n'avait pas la place d'emmener son piano actuel, un quart de queue, dans son nouvel appartement. Elle n'avait pas d'attache particulière avec cet instrument qu'elle avait elle-même acheté d'occasion il y a deux ans mais il lui fallait le revendre pour avoir la possibilité d'en acheter un droit, moins encombrant.

Claire ne lui dit rien à ce sujet ce jour-là mais l'idée germa dans son esprit qu'elle pouvait le récupérer. Elle avait la place suffisante, elle savait même déjà où elle le positionnerait, sa place lui était apparue comme naturelle. Elle pourrait réunir l'argent nécessaire sans trop de difficultés, en se serrant la ceinture pendant quelques semaines, c'était largement jouable.

Alors la semaine d'après, elle lui proposa de l'acheter elle-même, cette solution arrangeait tout le monde. Depuis le temps qu'elle rêvait d'avoir un piano à elle. Et un quart de queue en plus !

Nelly fut ravie de cette proposition et alla même jusqu'à baisser substantiellement le prix de vente initial pour son amie. Cela couvrait les frais de transport, l'opération pouvait se faire rapidement, tout s'imbriquait parfaitement.

Quinze jours plus tard, le piano était livré chez Claire, installé à l'endroit pressenti et les deux femmes étaient absolument ravies.

Nelly parce que son piano revenait à une personne qu'elle appréciait beaucoup, et Claire parce qu'elle réalisait enfin son rêve.

Claire lui laissa le temps de s'acclimater à la maison après son déménagement mais elle ne put attendre plus de trois semaines pour le faire accorder. De l'avis de l'accordeur, le piano eut juste le temps d'acclimatation hygrométrique nécessaire avant la vérification et la stabilisation de la tension des cordes. Il la prévint qu'il devrait repasser très probablement dans six à huit semaines lorsque l'ensemble de la table d'harmonie ainsi que les autres pièces en bois, métalliques et même celles en cuir ou en feutre que comprenait l'instrument subissant elles aussi de façon continuelle les effets de la température, seraient stabilisées.

 

Claire en avait parfaitement conscience mais elle ne pouvait plus attendre et paya l'accordeur du prix convenu en prenant immédiatement rendez-vous pour la prochaine fois.

Une fois qu'il fut reparti, elle se posta devant son nouvel instrument accordé et le regarda amoureusement. C'était parfait. Ce soir-là, elle joua plus longtemps qu'elle n'avait jamais joué.

Elle appela Nelly dès le lendemain et lui fit part de sa joie. Elle la remercia encore une bonne vingtaine de fois de lui avoir vendu son piano et lui souhaita d'en trouver un droit pour elle aussi vite que possible et qui correspondent à ses désirs car quant à elle, elle ne pouvait pas être plus heureuse avec ce qui était devenu son piano.

Sur sa lancée, et sans plus réfléchir, Claire lança une invitation à Nelly. Il fallait absolument qu'elle vienne voir comment il était installé. Claire continua en disant que cela lui ferait vraiment plaisir si Nelly pouvait venir chez elle pour jouer tel ou tel morceau qu'elle jouait si bien. Nelly accepta sans la moindre difficulté et rendez-vous fut pris pour deux jours plus tard, en début de soirée.

Les deux femmes raccrochèrent avec le sourire aux lèvres et la satisfaction intime d'avoir passé un cap entre elles. Elles n'étaient plus seulement copines de cours de piano, elles devenaient amies et cela les réjouissait de manière totalement parfaite l'une et l'autre.

 

Le soir dit, Nelly arriva parfaitement à l'heure. Claire l'invita à entrer. Elles se dirigèrent immédiatement vers l'instrument et ce ne fut qu'une succession d'interjections admiratives sur l'endroit où il était situé, sur la décoration de l'appartement, ou encore sur la chance qu'elles avaient eu l'une et l'autre de réserver un tel sort à ce piano qui ne pouvait pas mieux être là où il était.

C'est seulement après quelques instants que Claire s'aperçut que Nelly portait toujours son manteau et son sac. Confuse, elle l'invita à se mettre à l'aise et la débarrassa.

En prenant ses affaires pour les poser sur un fauteuil situé non loin, Claire eut un temps d'arrêt et s'aperçut du changement.

Nelly était visiblement différente de d'habitude. A chaque fois qu'elles se voyaient, Claire avait déjà remarqué qu'elle était toujours habillée de la même manière. Eté comme hiver, Nelly portait un pantalon, et majoritairement un jean. Claire ne se souvenait pas si elle avait déjà vu ses jambes. Elle s'était faite la réflexion une fois se souvenait-elle lorsque Nelly était venu avec un legging totalement opaque mais épousant ses formes. Claire avait remarqué ses jambes fines et musclées et un quart de seconde plus tard, s'était faite la réflexion qu'elle ne se souvenait pas d'un jour où elle avait vu Nelly en jupe.

C'était ça qui la frappa immédiatement, elle portait une jupe trapèze qui descendait au niveau des genoux. Un top fluide assez épais, une paire de collants noirs foncés et des escarpins noirs à talons complétaient sa tenue. Elle qui avait pour habitude de ne s'habiller qu'en jean et tee-shirt, la transformation était fulgurante et incontournable. Il en était de même pour son visage. Alors que d'habitude, Nelly ramenait ses cheveux bruns en chignon et ne portait quasiment jamais de maquillage, elle était ce soir bien différente. Ses longs cheveux ondulés retombaient sur ses épaules et elle arborait un maquillage fin et soigné. La longueur de ses cils soulignait son regard noisette magnifiquement et le brillant de son gloss faisait ressortir ses lèvres roses comme Claire ne les avait jamais vues. Elle fut saisie de redécouvrir son amie ainsi.

—    Tu es particulièrement belle ce soir lui dit-elle sans pouvoir se retenir. On a rarement l'occasion de te voir ainsi, ça te va très bien, continua-t-elle sans insister plus que ça.

Cela passait à la fois pour le compliment d'usage et était suffisamment appuyé pour marquer le coup.

—    Tu es également très belle toi aussi Claire, lui répondit-elle. Comme d'habitude de toute façon insista-t-elle sans en dire plus.

Claire portait une tenue habituelle en effet. Elle était vêtue d'une robe longue à petits motifs boutonnée sur toute la longueur devant et des chaussures ouvertes à grosses lanières et à talons carrés d'une hauteur raisonnable. Elle avait tiré ses cheveux châtains clairs en queue de cheval et avait gardé le maquillage léger qu'elle avait mis le matin même.

Claire la remercia du compliment sans relever et se dirigea vers la cuisine pour aller chercher la bouteille de vin qu'elle avait mise au frais.

—    Je nous ai réservé un rosé lui dit-elle assez fort alors qu'elle se rendait à l'autre extrémité de la pièce. Je sais que tu es aussi peu fan que moi mais je n'ai pas trouvé la bouteille de rouge que je cherchais au magasin alors comme je sais que celui-ci est très bon.

Claire ne finit pas sa phrase, elle était déjà de retour avec deux verres à pied et la bouteille. Nelly lu l'étiquette, rosé de Provence, Cru classé. Elle émit un petit sifflement admiratif.

—    Ah oui, en effet. Ça ira très bien, je suis sûre qu'il est très bon. Dit-elle en se laissant servir un verre.

—    Ecoute, je l'espère lui répondit Claire tout en servant elle-même.

Elles trinquèrent.

—    A notre santé dirent-elles ensemble avec entrain juste avant d'avaler une petite gorgée.

—    Il est excellent tu as raison dit la première Nelly. Il me réconcilierait presque avec le rosé.

—    Je m'en doutais répondit Claire. Tant mieux termina-t-elle.

—    Allez, coupa Nelly d'une douce autorité. Puis se tournant vers le piano elle poursuivit. Je sens qu'on va le déguster celui-là alors si je veux être encore capable de jouer quelque chose, il vaut mieux que je commence tout de suite.

Nelly alla s'installer au piano pendant que Claire lui répondait.

—    Vas-y, je t'en prie. J'aimerais beaucoup que tu me joues le morceau que tu as travaillé le mois dernier, il était si beau lui demanda Claire.

—    Ouh la ! fit Nelly faussement modeste. Je vais voir si je m'en souviens encore.

Elle s'installa sur le piano et ses doigts commencèrent à bouger avec virtuosité. Claire écoutait religieusement. Elle ne faisait que très peu de fausses notes et le rythme était au point. Claire ne put réprimer un sentiment de jalousie légitime. Elle jouait parfaitement, après deux mois d'interruption, un morceau que Claire devrait travailler pendant plusieurs années si elle voulait atteindre son niveau.

Nelly enchaîna plusieurs morceaux tout aussi bien interprétés les uns que les autres. Cela lui faisait beaucoup de bien de retrouver ce qui avait été son piano, d'autant plus qu'elle n'avait toujours pas réussi à trouver le sien.

 

Nelly s'interrompit enfin et se tourna vers Claire.

Cette dernière se tenait à quelques mètres du piano, accoudée à la table à manger, son verre de rosé à la main, écoutant silencieusement son amie tout en buvant régulièrement à petites gorgées.

 

—    A toi maintenant, lui lança Nelly en lui cédant la place.

—    Oh tu sais, lui répondit Claire gênée, je vais avoir bien de la peine à t'impressionner, tu sais parfaitement que je joues beaucoup moins bien que toi.

—    Mais ce n'est pas grave, la coupa-t-elle, je t'écoute toutes les semaines tu le sais, je sais parfaitement comment tu joues et surtout, je sais que tu joues beaucoup mieux que tu ne le dis. Allez vas-y l'encouragea-t-elle, joue le morceau de Beethoven que tu as travaillé la semaine dernière, j'ai envie de voir comment tu te débrouilles avec ton nouveau piano.

Claire s'installa et joua du mieux qu'elle put. Et ce n'était pas si mal. Pas mal du tout même. Nelly le lui dit bien volontiers et sans flagornerie. Claire rougit légèrement et se trouva sincèrement encouragée. Elle joua quelques morceaux sur lesquels elle avait travaillé ces derniers mois. Les encouragements de son amie et le rosé aidant un peu à sa désinhibition, elle jouait vraiment bien. Chaque morceau terminé, les deux femmes discutaient sur la complexité de tel enchaînement, ou la position des mains pour préparer la suite de la portée, tout en se resservant régulièrement leurs verres qui se vidaient méthodiquement.

Nelly s'était placée derrière Claire et regardait ses mains bouger en même temps qu'elle écoutait les notes qui jaillissaient. A plusieurs reprises, elle se pencha dans son dos pour lui prendre la main droite ou la gauche et la repositionner tout en lui indiquant les bénéfices de tel repositionnement ou tout simplement en corrigeant la position de ses doigts pour frapper telle ou telle touche.

La première fois, Claire n'y fit pas attention. Puis, la deuxième, la troisième et les fois suivantes, la présence de Nelly dans son dos, contre elle provoqua une réaction à laquelle elle ne s'attendait pas. Une chaleur nouvelle et perturbante se diffusait dans son corps à chaque fois qu'elle s'approchait d'elle. Lorsque Nelly lui prenait la main, elle sentait parfaitement l'hésitation et le flottement qui naissait entre elles deux. Non seulement Nelly s'approchait et se baissait contre elle pour des motifs de plus en plus futiles mais surtout, Claire se rendit compte qu'à chaque fois que Nelly lui parlait, elle approchait son visage de sa bouche. Elle approchait son oreille de ses lèvres tout en sentant parfaitement l'arrière de son visage se blottir dans le cou de Nelly. Nelly s'en apercevait également évidemment de la même manière et prenait soin de parler un peu plus doucement au fur et à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Sa voix flutait, elle se faisait chaude et douce. Claire ne répondait presque pas mais lorsque les mains de Nelly se posaient sur les siennes sur le clavier, ne bougeaient pas d'un millimètre ou alors juste pour se retrouver encore plus dans le creux de celles posées au-dessus.

Une chaleur indescriptible parcourait leurs corps à toutes les deux. Claire sentait que quelque chose se modifiait entre ses jambes. Elle avait de plus en plus de mal à rester assise. Elle tentait régulièrement de bouger ses cuisses pour déplacer ses fesses imperceptiblement. Du moins le croyait-elle. Sa gorge rosissait par vague. Elle n'osait pas regarder mais elle savait que ses seins se tendaient, entraînant des petits mouvements de ses bras pour se donner l'illusion qu'elle contenait ces manifestations irraisonnées.

Nelly partageait totalement cette impression surprenante prenant possession d'elles deux. A chaque fois qu'elle s'avançait dans le dos de Claire, un frisson lui parcourait le dos et elle prenait soin de faire des mouvements les plus lents possibles de peur de faire un geste brusque qui aurait brisé l'instant. A chaque pas qu'elle faisait d'avant en arrière, ses cuisses frottaient l'une contre l'autre, entraînant un frottement à son entrejambe qui accentuait le mouvement suivant. Que lui arrivait-elle, elle ne voulait pas se le demander vraiment. Elle ressentait seulement un fulgurant mélange d'excitation insurmontable et une peur instinctive que cela cesse.

Elles étaient toutes les deux en proie à cette peur féroce. Elles prenaient de plein fouet les sensations incontrôlables que la situation faisait naître en chacune d'elle. L'attirance sexuelle qu'elle ressentait l'une pour l'autre, même si elle ne pouvait pas encore se l'avouer franchement à ce moment de la soirée, était telle que chacune mettait un soin à leurs mouvements, à leurs phrases, aux moindres frémissements de leurs corps de peur de briser la magie de l'instant.

 

Nelly fut la première à se résoudre et à oser. La tension était telle entre elles deux qu'il fallait faire quelque chose. Positif ou négatif, de toute façon, elles ne pourraient pas rester ainsi toute la soirée, ne serait-ce même que physiquement au piano. Il allait bien falloir bouger et faire autre chose à un moment donné. Elles savaient toutes les deux déjà que cela n'avait que trop duré et qu'elles faisaient l'une et l'autre durer la situation au seul prétexte que cela leur permettait de ne pas se poser les questions. Ces mêmes questions qu'elles n'osaient pas –et loin de là même– se poser, questions pourtant auxquelles elles mourraient d'envie de répondre.

 

Au prétexte que Claire ait réussi un enchainement particulièrement retors, Nelly, emportée par la tension physique née entre elles, et légèrement aidée par le rosé, félicita ostensiblement Claire en lui enveloppant les bras des siens et en l'embrassant dans le cou.

Elle enfouit son visage au creux de l'épaule de Claire. Celle-ci resta sans bouger, autant surprise qu'emplie d'une satisfaction coupable. Nelly ne retira pas son visage et emplit ses narines du parfum de sa peau en prenant tout son temps. Elle serra encore un peu plus ses bras autour d'elle.

Ce geste libéra totalement Claire.

Littéralement, une vague d'émotion prit possession de tout son corps, un frisson d'excitation la parcourut. Toujours blottie dans les bras de Nelly, sa main vint se poser dans les cheveux de la brune et elle lui caressa les cheveux tandis que Nelly continuait à respirer doucement dans son cou. Elle attendait le verdict et Claire sentit que le simple geste qu'elle venait de faire libérait totalement Nelly de toute son anxiété par rapport à son audace.

Claire tourna légèrement la tête, Nelly recula imperceptiblement le visage, juste assez pour qu'elle puisse échanger leur premier baiser. Ce fut un baiser tendre et doux.

Elles avaient accumulé trop de tension pour en rester là. Chacune sentit sur les lèvres de l'autre l'aboutissement de tant de retenue des moments précédents. L'excitation était tellement montée chez l'une et l'autre, de manière tellement sourde et silencieuse que leur premier baiser fut une vraie décharge d'adrénaline. La plus grande barrière étant franchie, plus aucune ne pouvait résister à présent.

Nelly relâcha son étreinte sans pour autant s'écarter. Elle posa sa main sur la gorge de Claire et glissa au niveau de sa poitrine. Claire continuait de caresser ses cheveux. Leurs baisers ne cessaient pas et s'amplifiaient même à chaque seconde. Elles s'embrassaient à présent de manière passionnée. Leurs lèvres s'entrouvraient et laissaient dépasser leurs langues qui se caressaient mutuellement. Parfois, l'une d'elle attrapait la lèvre de l'autre en la coinçant entre ses dents pour la mordiller doucement pour calmer cette fausse douleur immédiatement après par un baiser encore plus passionné que le précédent.

Pendant qu'elles s'embrassaient, Nelly avait déboutonné largement le haut de la robe de Claire et sa main caressait sa poitrine menue en plongeant dans son soutien-gorge. Chaque mouvement de sa main autour de son sein procurait à Claire un plaisir inconnu. Bien sûr, elle avait été caressée maintes fois pas des hommes plus ou moins habiles mais jamais avec cette douceur, jamais avec cette tendresse palpable ressentie au contact d'une main féminine. Jamais non plus avec ce goût de nouveauté défendue.

 

Lorsqu'elle se leva pour se retourner face à Nelly, sa robe tomba d'un seul coup à ses pieds.

 

Ce fut le signal du départ d'une soirée douce et enfiévrée à la fois.

 

Après avoir fait l'amour avec le piano pour seul témoin, Nelly s'allongea sur le canapé tandis que Claire s'assit juste à côté d'elle. Elles se regardèrent sans un mot. Elles mesuraient petit à petit la violence de la jouissance qu'elles venaient d'expérimenter toutes les deux visiblement pour la première fois.

Aucune honte ne vint ternir leurs sentiments à ce moment précis. Elles flottaient dans un océan de plaisir sans le moindre malaise ni le moindre regret.

Plusieurs fois elles éclatèrent de rire ensemble, d'un rire nerveux mais accompagné de regards qui ne trompaient pas.

Elles venaient de découvrir un plaisir qu'elles redécouvriraient ensemble rapidement. L'une et l'autre en était totalement certaines.



  • Je suis de l’avis de Sweety sur ce texte, mon cher Wen...
    C'est bien maîtrisé et joliment tourné, mais les langueurs mériteraient d’être compensées par une version longue non censurée ! ♥
    Cela étant dit, la tendresse sexuelle du moment est magnifiquement saisie.

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Juliehuleux 45

    Julie Huleux

    • Merci Julie de ta lecture.
      Je sais que ce texte peut apparaître déséquilibré mais le propos était vraiment de faire monter la tension et de décrire la "rencontre".
      L'imagination de chacun(e) fait le reste.

      Et puis, on ne va pas se raconter d'"histoires entre nous", en cherchant un petit peu, on peut trouver l'ellipse assez facilement non ?
      ;-)

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Francois merlin   bob sinclar

      wen

  • petit joueur...

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Suicideblonde dita von teese l 1 195

    Sweety

    • :-)
      Oui, je sais. Mais merci quand même.

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Francois merlin   bob sinclar

      wen

  • 5 p'tits cœurs. J'aime beaucoup :)

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

    • Si tu aimes beaucoup, alors ça me va !
      Merci d'être passée dans le coin.

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Francois merlin   bob sinclar

      wen

  • Tres beau texte, j'ai eu chaud! En plus, ce n'est meme pas la question du sexe, c'est la question de cette amitié tendre, de cette tension amoureuse qui est chaude. Je ne suis pas femme, ni lesbienne, mais je pense que tu as tres bien traduits ces amours ou au final la question de la sexualité n'a pas besoin de se poser. J'ai aimé la narration assez classique que tu as arboré, un coté tres Maupassant de raconter des choses qu'il n'avait pas pu raconter lui a son epoque.
    J'ai note quelques incohérences de temps que tu auras tres vite fait de corriger, le plus génant:
    "C'est seulement après que ses enfants aillent à l'école, " présent apres "apres que"! Mais sinon tres tres beau, bravo!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    318986 10151296736193829 1321128920 n

    jasy-santo

    • Merci beaucoup Jasy. Ton commentaire est exactement ce que je voulais susciter.

      Sur les incohérences de temps, la conjugaison et la grammaire sont une torture pour moi et sur le point que tu soulèves, you are absolutly right !
      J'ai modifié la phrase en question. Si tu en as repéré d'autres du même genre, n'hésite pas à me les envoyer en message privé, aucun souci avec ça.

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Francois merlin   bob sinclar

      wen

    • Ah tres bien tres bien! Ne t'inquiete pas, on galere tous sur ca, les joies supremes du francais! c'est ce qui fait son charme! mais sinon ne t'inquiete pas super texte!

      · Il y a plus de 10 ans ·
      318986 10151296736193829 1321128920 n

      jasy-santo

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