La ligne d'E.

agathe-mirage--2

pour E.

Une pièce lumineuse et immense

des sièges colorés oranges, et rouges, confortables, alignés les uns derrière les autres en deux colonnes distinctes

un sol en marbre

des larmes, des reniflements, des silences et la musique par dessus, tout ce semi solennel, toutes ces fleurs protocolaires et son corps qui attend dans ce cirque

ton amie a parlé, je ne t'ai pas reconnu dans ses mots, je te connaissais si peu en fait. Je ne sais pas quoi dire. Je ne dis donc rien. 

jadis et naguère de gérard manset, puis thomas fersen et autres chanteurs à textes qui nous serrent le coeur et le font sauter. 

je t'aime bizarrement, c'est surprenant, je ne savais pas quoi penser de tout ça, j'avais du mal à être triste, à te pleurer, j'ai préféré te fêter, boire et fumer, danser...

"madame rêve (...) d'un amour qui la flingue, d'une fusée qui l'épingle, au ciel au ciel..." mon ombre regarde ces gens, ces inconnus faire la queue, elle regarde le plafond en béton, de cet ensemble funéraire en béton, dans cette ville en béton, elle rit béton, elle larme béton, et, J., la grande petite qui pleure, qui rit toute sincérité dehors, sans filtre, sans tâches.

...

puis, le ruminement de la boite croulant sous ces couleurs, ces senteurs. une qui tombe, j'en étais sûre, mon ombre qui sourit, l'homme qui la ramasse

...

un peu plus tard, les amis, la famille, les inconnus devant un tout petit écran de télévision au fond de la salle immense en béton, une image qui apparait enfin. un homme entre dans le champ. la porte coulisse pour laisser voir les flammes, l'homme pousse la boite, et tout le monde s'effondre.

...

un grand soleil aujourd'hui

qui cogne sur nos joues, nos épaules, sur nos tenues sombres, on transpire

et je pue. 

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