La main du Diable

Georgia Margoni

Participation au concours organisé par Transfuge ayant pour thème la jalousie. 1943, quelque part en France....

Jacques actionna le levier pour faire basculer le piège. Son rival espagnol ne pouvait espérer en réchapper ni continuer cette vie de plaisirs qui rendait fou le français. L'amour se nourrit de rêves de perfection et se berce d'images enchanteresses. Forcément, Juan Pereira serait moins engageant, privé de l'une de ses jambes, voire des deux si Jacques avait de la chance.  Probablement que les promenades romantiques des amoureux sur la plage de Berck perdraient de leur intensité avec un membre inférieur arraché par l'horrible déflagration que Jacques Lesueur se promettait de provoquer, mû par une jalousie poussée à l'extrême.

De quoi augurer de lendemains qui déchantent. De quoi ternir à jamais une relation que Jacques  avait dû subir jour après jour, tapi derrière quelques recoin de dune ensablée, propice à les espionner, muet quand il ne devait pas l'être, attablé lors de réunions privées et dangereuses aux côtés de Juan le traître et de Juliette la cruelle. Le Réseau Prosper bis de la Résistance.  Jacques Lesueur avait choisi cette voie afin de transcender son existence, afin d'oeuvrer au rétablissement d'une époque chaotique, recherchant avant tout autre chose secondaire, la mort du fauve hitlérien.

Mais quelle était donc la plus nuisible des bêtes en cet instant précis ? Un fou qui envoyait à la mort quiconque ne revêtait pas la peau aryenne à la façon d'un sinistre déguisement ? Un  jeune homme désabusé et désespéré, enclin à détruire la vie d'une femme quand il n'y avait nulle part, nulle importance ? Le nazi assassinait l'humanité mais l'amoureux berné la souillait déjà. Le début d'une perversion. 

La bombe ne servirait pas les intérêts de la Résistance Française. Elle briserait les reins de Juan Pereira qui avait fui Franco pour défendre la liberté. Celle d'aimer lui serait ôtée, celle de vivre lui serait conservée afin qu'il appréhende lentement et inexorablement sa déchéance, l'imposant à sa maîtresse. Il n'existait pas d'antidote à ce mal.

- Nous sommes juste amis.... Il ne se passera rien... Et puis, tu sais, nous avons plus urgent à accomplir !

Méfiant, Jacques l'avait suivie après chaque réunion secrète, ignorant les règles de sécurité du résistant de base, indifférent à ce qui allait lui arriver. Sans doute, sa haine pour l'occupant était-elle immense, mais en ces moments de tragédie, le danger ne venait pas du S.S cruel et fourbe. Il n'était pas allemand, il parlait la langue de Cervantès. La cible ne constituait pas une multitude mais un tout, un petit tout ibérique d'un mètre soixante-huit, au sourire ravageur, aux yeux noirs et à la perfidie accomplie. Et que dire de Juliette Favre ?

Balivernes, mensonges et trahison. Juliette l'avait regardé dans les yeux ce matin-là pour mieux lui mentir. Rageur, Jacques s'était fondu avec expérience dans l'ombre silencieuse de la jeune résistante. Juliette pénétra dans un immeuble d'angle et n'en ressortit pas. Jacques patienta, s'impatienta et finit par s'adosser contre un réverbère qui s'alluma. La nuit tomba, passa, chaude pour certains, glaçante pour d'autres. Au petit matin, Juan Pereira  en ressortit, le sourire aux lèvres, suivi dix minutes plus tard par la perfide femme. Qui croyaient-ils donc tromper ?

Sa décision fut prise. Jacques rentra chez lui et s'attela à son projet. Il était expert en sabotage dans le réseau. L'homme avait accès aux explosifs, aux mèches, aux détonateurs. Jacques se penchait sur son ouvrage comme s'il concernait le führer en personne. Mais soudain, l'angoisse le saisit à la pensée que les deux tourtereaux étaient ensemble dans une union de coeurs et de corps. Un tremblement imperceptible de la main qui guidait l'assemblage criminel fit dévier le mécanisme et l'actionna.  L'explosion le brûla mais ne le consuma pas. Il eût été plus facile d'en périr que d'en souffrir. Sa main droite tomba au sol. La punition du Diable.   



                                                             

                                                      



 



 





                                                                    

  • Très original mais je t'avoue que l'intrigue ne m'est pas très claire, du coup l'histoire en perd de sa force. Peut-être aurais-tu le temps de remanier ton texte...bonne chance

    · Il y a plus de 10 ans ·
    1

    blonde-thinking-on-sundays

    • Merci de ton commentaire. En le relisant, j'ai compris en quoi tu avais raison. J'ai toujours tendance à oublier que le lecteur n'est pas dans ma tête et ignore tout de l'histoire. Mais comme je l'ai déjà envoyé, je ne sais pas si je peux le modifier et l'envoyer une deuxième fois. Merci en tout cas.

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      Georgia Margoni

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