La mer et l'océan

Partir quelques jours, choisir la mer pour faire plaisir à ma soeur, moi je m'en fiche, c'est l'océan que je préfère, on ira un jour, je porte du bleu aujourd'hui, comme l'océan, comme les flammes dans les brasiers, sauter par-dessus, comme par-dessus l'horizon, mais oui, c'est possible... J'ai des poèmes à la traîne, des vers qui n'appellent que ma mémoire pour exister, trouver un petit bonheur avec les sons de la nature, oiseaux, trilles, forêts, où sont mes rimes passées? M'imprégner des sons "cristallins" du piano, un mot découvert dans un bouquin sur Bach je crois, moi et la lecture à l'époque on était comme deux soeurs qui s'entendent vraiment bien, je parcourais des milliers de mots, tournais des centaines de pages pour me retrouver dans une espèce de finitude quand je fermais le bouquin, un peu triste parfois que ce soit fini. Je me rappelle d'une fois où j'ai retardé la fin d'un roman avec lequel j'avais super accroché, je ne sais plus lequel, il y a si longtemps, et j'ai la mémoire qui flanche, je suis comme un gruyère avec des trous. Le temps a passé et passé pour moi aussi, de l'eau est passé sous les ponts comme on dit, nous irons la rejoindre cette eau, au mois de mai. Mer ou océan, j'entendrai le remous des vagues, je fermerai les yeux derrière mes lunettes de soleil pour mieux sentir l'iode et l'air du large. Entre midi et deux des lycéens viendront manger sur les gradins blancs, ils ont bien de la chance de vivre au bord de la mer, de l'océan. Dans mon imagination ou ma mémoire,  ils sont comme des mouettes agitées, excitées, il y a aussi une fille qui rit trop fort, elle est heureuse, amoureuse, pas bêcheuse.

Qu'aurais-je oublié de dire quand j'aurais fini ce texte? Tout à l'heure j'irai lire un peu, beaucoup, je ne sais pas, je lis lentement, je ne suis pas une grande rapide en général, quelqu'un m'a dit de garder cette lenteur, j'ai cru comprendre pourquoi, je n'ai rien dit, c'était quelqu'un de bienveillant. Bienveillant.