La messagère

À l'aube votre barque s'est échouée sans bruit

sur la grève noire étincelante anthracite

diamants éternels d'un monde espéré

votre robe pâle frôle encore l'onde du petit jour

d'innombrables vagues chaudes haletantes

seront là pour vous accueillir

ce matin là sera le jour de tous les possibles

votre robe épousera le soleil levant

très doucement très loin

nul ne pourra prédire où vous irez

votre empreinte sur le sable disparaitra sans peine

peut-être un geste de la main vous aurait confortée.

Tous les continents du monde vous attendent

mais seul votre regard pourra dire

combien de souffrances ou de joies seront à mettre en berne

pour vous accompagner

un petit vent du large viendra encore vous rafraichir

alors que midi cruel vous attend

en chemin quelles rencontres

mains tendues mains fermées

regards bienveillants portes ouvertes

vous continuerez au delà

au-delà de ces places de village où les enfants-hirondelles tournoyent au couchant

sous un arbre éternel quelques vieux leur offrent un sourire

vous continuerez par les sentiers de montagne

odorants et frais

ces chemins qui montent vers les nuages

vous continuerez

des jours et des jours encore plus loin de la mer

cherchant parmi les sommets anonymes le hâvre de votre existence

vous ferez brève halte à la source

encore plus loin fruits sauvages repartir

le vol des aigles vous accompagnera

un soir au bord de la nuit une fenêtre éclairée

les battements de votre coeur seront plus forts

alors vous serez Le Monde